Spartacus
de l’échec de plusieurs généraux envoyés contre les rebelles, le Sénat désigne Cnaeus Pompée pour venir renforcer Quintus Metellus. Ce dernier, vieux général fidèle et second de Sylla, se révèle totalement dépassé. Pompée s’est lui aussi illustré auprès du dictateur Sylla. Il jouit d’une réputation étonnante et ses succès militaires lui ont déjà valu d’être proclamé imperator par ses soldats et de recevoir de Sylla le surnom de Magnus . Pompée « le Grand » n’est pourtant encore qu’un simple chevalier sans expérience politique. Peu importe, bon général il reçoit des pouvoirs proconsulaires pour mener à bien sa mission et commander des légions romaines en Espagne. Cette décision extraordinaire en faveur d’un homme de trente ans qui n’a encore occupé aucune magistrature, même mineure, montre l’importance du problème posé par Sertorius. Pourtant, après trois ans de guerre, Pompée tente toujours de coordonner ses efforts avec Metellus. Malgré l’importance des moyens militaires que Rome leur octroie, succès et revers se succèdent. Pire encore, Pompée doit non seulement mener la guerre en Espagne, mais aussi en Gaule du Sud, région qui conteste à son tour la puissance romaine.
Mithridate VI en Orient
En 73, alors que rien n’est réglé en Occident, l’Orient s’embrase à son tour. Deux théâtres d’opérations occupent déjà depuis des années les troupes romaines de ce côté-là de la Méditerranée. En Thrace, les troupes de Rome combattent toujours ces redoutables guerriers. L’année même où les gladiateurs s’évadent du ludus de Capoue, Tite-Live rapporte que « le proconsul C. Curion subjugue les Dardaniens dans la Thrace ». Pourtant, cette victoire ne semble en rien décisive car le même Tite-Live écrit encore que « le proconsul M. Lucanus soumet les Thraces ». Cet épisode se déroule trois ans plus tard, juste après la victoire finale des Romains sur Spartacus 51 . Ainsi, du début à la fin de la révolte des esclaves, une armée romaine continue à lutter âprement dans la patrie du révolté. Plus loin encore, sur la côte rocheuse du sud-est de l’actuelle Turquie, la Cilicie est le théâtre d’une lutte acharnée menée par le proconsul Publius Servilius. Il combat les Isauriens et enlève plusieurs villes aux pirates qui ont fait de cette région leur sanctuaire. Véritable plaie pour le commerce romain, les pirates ciliciens infestent toute la Méditerranée jusqu’aux côtes de l’Italie. Mais le danger le plus important est encore ailleurs.
En Asie Mineure, au nord de l’actuelle Turquie, le roi Mithridate VI Eupator n’a pas hésité à conclure une alliance avec Sertorius avant d’entrer en guerre contre le Sénat et le peuple de Rome. Cette alliance inédite entre l’Orient et l’Occident est d’autant plus dangereuse que les pirates de Cilicie, qui tiennent la mer, n’hésitent pas à la soutenir. Mithridate donne beaucoup d’argent à Sertorius qui en échange lui envoie des soldats et l’un de ses généraux, Marcus Marius 52 . Depuis son royaume du Pont, situé sur les rives de la mer Noire, ce souverain hellénistique, intelligent et de grande culture, constitue un ennemi redoutable. Farouche adversaire de la présence des Romains en Orient, il a déjà mené deux guerres contre Rome lorsqu’il reprend les armes une troisième fois en 73. Cette fois Mithridate a réuni une armée de 120 000 fantassins et 16 000 cavaliers. Conscient de la supériorité militaire de son adversaire, le roi du Pont a organisé cette masse comme les légions romaines. Abandonnant les armes raffinées des Orientaux, il a fait fabriquer les mêmes équipements que les soldats de Rome. Grâce à ses mesures énergiques, le roi remporte une première victoire contre le proconsul Cotta en Chalcédoine et met ensuite le siège devant Cyzique, sur le Bosphore. Entre-temps, le Sénat a expédié des renforts contre Mithridate. Les légions, commandées par le consul Lucius Licinus Lucullus, quittent l’Italie au printemps, sans doute au tout début de la révolte de Spartacus. Lucullus embarque dans le sud de l’Italie, à Brindisium, et emporte avec lui les meilleures troupes encore présentes dans la Péninsule.
Lorsque les gladiateurs fugitifs s’installent sur le Vésuve, les bons généraux de Rome sont donc déployés avec toutes les légions sur quatre théâtres d’opérations différents. Ces
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