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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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trésors issus des pillages afin de payer les marchands qui viennent à lui. Certes, cette accumulation de capitaux ne se fait pas pour son profit personnel. Les historiens antiques n’auraient pas manqué de souligner une éventuelle cupidité de sa part et l’esprit de lucre ne semble pas correspondre au profil du personnage. D’après un fragment des Histoires de Salluste, il semble que cette interdiction soit surtout destinée aux « soldats et ceux qui en ont les fonctions ». Le souci de Spartacus consiste sans doute, dans un premier temps, à éviter les rixes que le partage de l’argent et de l’or entraîne immanquablement. Dans le contexte viril d’une armée d’esclaves en fuite, les jeux d’argent peuvent très vite dégénérer au sein de cette masse d’hommes à l’avenir incertain. Pour autant, il ne s’agit pas de dédaigner le fruit du pillage des villes et des villas. Sans doute ces vases précieux, ces bijoux, ces sacs de pièces d’or et d’argent sont-ils placés sous la surveillance des chefs issus de l’école de gladiateurs de Capoue dans un but bien précis. Si Spartacus a décidé de passer l’hiver sur les rivages du golfe de Tarente, il lui faut trouver les moyens de nourrir et d’équiper cette multitude. Même si quelques troupeaux ont été ramenés de Lucanie, ils ont dû être dévorés rapidement. L’essentiel du ravitaillement doit donc être assuré par le pillage. Appien révèle que les esclaves « faisaient des incursions chez les peuples du voisinage ». Le territoire de Consentia et de Thurium étant rapidement épuisé par cette marée humaine, le ravitaillement doit être assuré par des raids effectués dans les régions voisines. Il faut donc supposer que des groupes, certainement montés sur des chevaux récupérés en Apulie, pillent impunément les villas et les fermes isolées qui constituent autant de proies faciles. Négligeant les villes closes qu’ils ne peuvent pas prendre faute de machines de siège, ces ravitailleurs prennent les bêtes et les chariots. Ils saisissent les réserves de blé, les salaisons et les amphores de vin. Ils font aussi main basse sur les objets de fer et de bronze qui serviront à forger des armes. Si les propriétaires n’ont pas pris la précaution de se réfugier à temps dans les cités voisines, les esclaves s’emparent également de leur or et de leur argent. A chaque fois ces équipes poussent plus loin leurs opérations. Elles peuvent ainsi nourrir l’armée et constituer des réserves pour la prochaine campagne. Dans le même temps, les équipes de maraudeurs s’assurent qu’aucune légion romaine ne débouche par la via Popillia ou par les collines de Lucanie. A chaque opération, les esclaves reviennent avec de nouveaux fugitifs qui profitent de l’attaque de leur domaine pour s’enfuir avec les pillards.

    Le camp des esclaves, un grand marché
    Mais le pillage ne suffit pas à répondre aux besoins de l’armée des fugitifs. Toujours d’après Appien, Spartacus achète tout ce qui lui manque, notamment le fer et le bronze, aux marchands qui fréquentent le port de Thurium. Cette affirmation tend à prouver que le pillage du sud de la péninsule italienne suffit à nourrir les esclaves mais qu’ils ont encore de grands besoins en matières premières. Comme les marchands peuvent avoir quelques craintes à négocier avec des esclaves fugitifs, Spartacus doit pouvoir les mettre en confiance en leur proposant des espèces sonnantes et trébuchantes ; il « paye cher ce qu’il achète ». Malgré l’hiver, la nouvelle doit rapidement se répandre dans tous les ports de la région. L’appât du gain encourage les marchands les plus avides à braver la mer pendant la mauvaise saison pour empocher de solides bénéfices. Ainsi, Spartacus ne rejette certainement pas l’argent et l’or pour des principes moraux.
    Ceux qui cherchent à s’enrichir au contact de cette armée improbable ne manquent pas. Les marchands grecs des ports situés sur le golfe de Tarente s’approchent sans doute prudemment des camps gardés par les esclaves en armes. Ces marchands n’ont aucune sympathie pour la cause de Spartacus, une certaine aversion même. Mais ils sont tentés par le rachat à bas prix du fruit des pillages. D’autres marchands jettent l’ancre dans le port de Thurium, avec encore moins de scrupules moraux ou patriotiques. Très bien informés, ils arrivent vite pour voir ce qu’ils pourraient

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