Spartacus
esclaves bien conduits, bien équipés et poussés par l’enthousiasme réussissent à culbuter des légions romaines sans doute insuffisamment entraînées et mal commandées. Malheureusement pour les Gaulois, leur prudence ne résiste pas longtemps au goût du pillage et au plaisir qu’éprouvent toujours les vainqueurs à fouiller dans les affaires des vaincus. Pensant que les Romains se sont enfuis, ils négligent de les poursuivre. Croyant tout danger éloigné, Crixus donne finalement satisfaction à ses hommes, qui relâchent leur discipline.
La fatale imprudence gauloise
Trop confiants, les Gaulois n’ont pas envoyé de cavaliers pour s’assurer de la retraite des Romains. On sait par Florus que Spartacus s’est doté d’une cavalerie pendant l’hiver, mais aucun auteur ne parle ensuite de l’emploi tactique d’unités montées. Ces cavaliers sont sans doute en trop petit nombre pour avoir une réelle utilité, leur rôle étant réduit à celui d’éclaireurs. De plus, les quelques cavaliers gaulois sont tout simplement occupés à piller le camp de Gellius avec leurs compagnons. Pourtant, si les troupes romaines ont été bousculées, elles n’ont pas été taillées en pièces. Reprises en main par quelques officiers énergiques, les légions se sont reconstituées près du champ de bataille. Elles sont prêtes à reprendre la lutte si une occasion se présente. Voyant que les esclaves s’enivrent dans leur camp, les Romains décident alors de saisir leur chance. Pendant que les Gaulois « s’excitent joyeusement à boire et à manger », l’armée de Gellius passe à la contre-attaque et « taille en pièces vingt mille esclaves rebelles avec leur chef Crixus ». Le résumé des livres perdus de Tite-Live 75 révèle que ce n’est pas le consul qui mène l’attaque, mais son second, le préteur Quintus Arrius. Si la plupart des hommes de Crixus sont expédiés ad patres alors qu’ils cuvent leur vin, d’autres vendent chèrement leur peau. C’est le cas de leur chef qui, d’après Orose, lutte « très âprement » avant d’être écrasé. D’après les auteurs, le coût humain pour l’armée des esclaves est terrible et constitue leur plus importante défaite depuis le début de la révolte. Tite-Live estime les pertes des Gaulois à 20 000 tués ; Appien précise que « ce chef des gladiateurs périt dans cette action avec les deux tiers de son armée ». L’auteur grec attribuant 30 000 hommes à l’armée du gladiateur gaulois, les chiffres des deux historiens sont parfaitement concordants et reviennent à estimer à 20 000 le nombre des esclaves tués et à 10 000 le nombre des survivants. Aucun auteur ne le précise, mais il est probable que la plupart d’entre eux parviennent à rejoindre l’armée de Spartacus qui ne s’est pas encore trop éloignée.
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La longue marche de Spartacus
Une marche forcée à travers les Apennins
Après la victoire de Gellius, Spartacus reste seul face à deux armées consulaires. Sans doute rejoint par les débris de l’armée de Crixus, le chef thrace est rapidement informé de la déroute de son ancien compagnon. A ce moment, il est sans doute en train de traverser le pays des Samnites. Ce peuple de montagnards belliqueux constitue l’un des plus anciens et des plus redoutables ennemis de Rome. L’existence même de l’ armatura des gladiateurs samnites montre que les Romains comptent ces hommes au nombre de leurs principaux adversaires, au même titre que les Gaulois ou les Thraces. Peut-être Spartacus espère-t-il rallumer les haines ancestrales des Samnites contre les Romains en traversant leur territoire. Si tel est le cas, le résultat à dû être décevant. Epuisé par la guerre sociale à laquelle il a pris une part active, le Samnium porte encore les stigmates de cet épisode sanglant. D’après Strabon, le Samnium a même été particulièrement dépeuplé par les massacres de Sylla. Dans ce pays meurtri, Spartacus ne devait pas s’attendre à recevoir beaucoup de secours. Bien plus pauvre que la Campanie voisine, la région compte aussi infiniment moins d’esclaves. Les cités, durement touchées dix ans plus tôt, se claquemurent en attendant que passent les longues colonnes d’esclaves révoltés. Devenus citoyens romains comme le reste des Italiens après la guerre sociale, les Samnites n’ont plus de raisons valables de rejoindre les ennemis de Rome.
Après le Samnium, Spartacus entre dans
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