Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
Vom Netzwerk:
maudite péninsule du Bruttium où il s’est laissé enfermer. Son but n’est sans doute pas Rome, comme le redoute immédiatement Crassus. Selon Appien, Spartacus « se sauva du côté de Brindes ». Quelles sont les raisons qui poussent Spartacus à marcher dans cette direction ? A-t-il le projet de prendre le grand port de Brindes et d’y trouver les vaisseaux nécessaires à une traversée ? L’idée semble insensée. Spartacus marche avec sur ses traces les 80 000 ou 90 000 soldats de l’armée de Crassus. Comment pourrait-il prendre un grand port de guerre romain avant que le préteur ne le rattrape et ne l’écrase contre les murs de la cité ? Quoi qu’il en soit, cette marche sur Brindes fait long feu ; Appien donne pour raison que « Spartacus fut instruit que Lucullus, qui revenait de la guerre contre Mithridate, qu’il avait vaincu, était dans Brindes ». Cette nouvelle est fausse. Lucullus est encore très loin de l’Italie ; il s’est avancé jusqu’en Arménie afin de pourchasser Mithridate VI qui a trouvé refuge chez son gendre Tigrane II, et a écrasé ses deux adversaires à la bataille du Granique sans finir la guerre pour autant. Ce faux bruit du retour de Lucullus provient-il d’une manipulation réussie des Romains ? C’est peu probable car Crassus n’a aucun intérêt à faire revenir Spartacus vers Rome et donc vers son rival, Pompée. Il serait plus logique d’y voir une intoxication volontairement diffusée par Spartacus ; on se souvient que, pour faire cesser le sac de Nola, le chef des esclaves aurait répandu la fausse nouvelle de l’arrivée des légions. Peut-être dans le cas présent souhaite-t-il inciter ses troupes à marcher ensemble, car les Gaulois sont à nouveau en train de prendre un autre chemin que le sien ; Plutarque le suggère lorsqu’il affirme que Crassus « résolut d’attaquer ceux qui s’étaient séparés de Spartacus et faisaient campagne sous la conduite de Cannicius et de Castus ». Pour suivre les Gaulois frondeurs qui ont du mal à « jouer collectif », Spartacus a peut-être inventé cette fable de l’arrivée de Lucullus et de ses légions. Par cet artifice, il peut convaincre ses hommes qu’il n’est plus question de marcher vers l’Adriatique et qu’il est urgent de resserrer les rangs face au danger. Spartacus n’a peut-être d’ailleurs jamais cru à ce scénario improbable de la marche sur Brindes ; vrai ou faux, le retour supposé de Lucullus oblige de toute façon les esclaves à changer leurs plans : ils se détournent de l’Apulie et du talon de la Botte pour revenir sur leurs pas, en direction de la Lucanie. En prenant cette route, Spartacus veut marcher vers des régions favorables aux esclaves, puis, au-delà, vers la Campanie et le pays des Samnites et puis… Dieu sait où… Ces régions qu’il connaît bien offrent à la fois des montagnes pour se cacher, de l’espace pour manœuvrer et un ravitaillement plus facile que dans la pointe du Bruttium. Quel autre choix a-t-il, au fond ? Spartacus ne paraît plus avoir de prise sur les événements depuis la trahison des pirates ; il semble plus s’accrocher aux Gaulois qu’il ne les guide. Il se souvient sans doute du désastre subit par Crixus qui a voulu marcher seul un an plus tôt. Peut-être ne veut-il plus séparer les deux groupes mais tenter de maintenir un semblant de cohésion malgré leurs dissensions.

    Incorrigibles Gaulois
    Pendant ce temps, Crassus a dû se résoudre à abandonner ses fortifications ; comme l’avait déjà dit Thucydide trois siècles plus tôt, « l’épaisseur du rempart compte moins que la volonté de le prendre ». Spartacus a parfaitement vérifié cette règle. A présent, Crassus a réuni ses légionnaires et s’est remis en route pour serrer de près l’armée adverse ; Crassus pense toujours à ce moment-là que Spartacus marche vers Rome. Il lui faut donc le talonner sans se laisser surprendre. C’est en Lucanie que le préteur reçoit la nouvelle rassurante de la séparation de l’armée des esclaves en deux troupes distinctes ; il pense certainement que le scénario de 73, avec le départ d’Oenomaus, et celui de 72, qui a vu la mort de Crixus, se renouvellent : pour la troisième fois, les Gaulois, qui semblent toujours aussi nombreux dans les rangs de l’armée des esclaves, font sécession. D’après Tite-Live, « ce corps d’armée des esclaves était composé de Gaulois et de

Weitere Kostenlose Bücher