Sur ordre royal
mains dans l’épaisse cascade de ses cheveux.
Elle sourit, aussi charmeuse que Salomé, avant de le repousser d’un geste soudain. Durant quelques secondes horribles, il craignit que même le peu qu’ils venaient de faire n’ait été trop pour elle — jusqu’à ce qu’elle fasse glisser ses manches sur ses bras et se mette à se débarrasser de sa cotte.
Il lutta contre l’envie d’arracher ses propres vêtements. C’était elle qui devait conduire les choses, aumoins pour cette nuit, afin qu’elle se persuade qu’il ne la prendrait pas de force.
Alors, au lieu de faire ce que son désir brûlant exigeait, il resta immobile et la regarda ôter lentement sa robe pour se tenir finalement devant lui, vêtue de sa fine chemise, presque transparente, la peau dorée par la lumière de la bougie. Elle avait l’air d’un ange, sauf que son expression était bien plus lascive et séductrice que celle d’un ange ne le serait jamais.
Lorsqu’elle tendit la main vers la ceinture de Madoc et commença à la déboucler sans un mot, il faillit perdre son calme qui s’étiolait rapidement. Il avait soudain la gorge sèche, se sentait incapable de parler, ou même de marmonner.
Elle détacha sa ceinture avec une lenteur torturante avant de la poser sur la table à côté de son voile. Puis elle s’avança et releva lentement sa tunique, la faisant passer par-dessus sa tête avant de la poser sur le tabouret.
Elle prit son temps pour dénouer les liens de sa chemise de toile, mais finalement celle-ci fut ôtée aussi, si bien qu’il se retrouva seulement vêtu de ses chausses et de ses bottes.
Elle détourna les yeux comme si elle était subitement intimidée, et peut-être l’était-elle. Quel que soit le désir qui la motivait en cet instant, pensa Madoc, peut-être s’était-elle déjà montrée aussi hardie que ses expériences passées le lui permettaient.
Peut-être même devraient-ils s’arrêter maintenant, si aller plus loin risquait de l’affoler. Car en dépit de son excitation et de son envie de sentir le corps nu deRoslynn sous le sien, il ne ferait pas l’amour avec elle si cela devait l’effrayer.
Elle leva alors les yeux vers lui et les derniers doutes de Madoc s’évanouirent. Car ce n’était pas de la peur qu’il lisait au fond de son regard, ni même de l’appréhension.
C’était… de l’admiration.
— Vous avez le corps le plus magnifique que j’aie jamais vu, murmura-t-elle dans un souffle.
Il fut si soulagé qu’il éclata de rire tandis qu’il sentait son visage s’échauffer.
— Dieu vous garde, ma dame, vous allez me tourner la tête avec de tels compliments, dit-il, tandis que le plaisir procuré par ses paroles se changeait rapidement en un désir passionné. Vous êtes vous-même aussi belle qu’une déesse, et je suis sans nul doute l’homme le plus fortuné du pays de Galles.
Elle humecta ses lèvres pleines.
— Je crois que je suis aussi la plus fortunée des femmes.
Madoc n’eut pas besoin de plus d’encouragements. Il la souleva dans ses bras et la porta jusqu’au lit, aussi légère qu’une plume.
Tandis qu’elle se réfugiait sous la courtepointe de piqué, lui tournant le dos, il ôta ses bottes. Puis il souffla la chandelle, quitta ses chausses et s’allongea à côté d’elle.
Elle ne fit pas un geste pour se tourner vers lui.
— Roslynn ? demanda-t-il doucement en posant une main sur son épaule.
Elle roula face à lui, son expression presque impossible à discerner dans l’obscurité quasi totale.
— Je suis consentante.
La peur qui l’habitait se devinait sous ces paroles et, en silence, Madoc voua Wimarc de Werre aux feux de l’enfer pour l’éternité. Cet homme brutal ne s’était pas contenté de prendre l’innocence de Roslynn, il lui avait également volé le plaisir de l’attente et l’avait remplacé par la crainte et l’appréhension. Aujourd’hui, sa frayeur était bien réelle et il devait agir en conséquence.
— Si vous préférez que nous ne couchions pas ensemble, je dormirai par terre.
Il l’avait fait assez souvent auparavant, durant son mariage avec Gwendolyn.
— J’ai envie de vous, Madoc, chuchota-t-elle d’une voix tremblante comme si elle avait été sur le point de pleurer. Mais je ne peux chasser de mon esprit les souvenirs de mon premier mariage et la peur qu’ils réveillent. Ils viennent sans que je le veuille, et je ne peux l’empêcher.
— Ces souvenirs seront
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