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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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    — Avec sa nouvelle maison dans Limoilou, ses deux enfants parfaits... Il y a juste sa femme que je ne lui envie pas. Des deux sœurs, tu es la plus séduisante, à tous les points de vue. Cela valait bien la peine pour moi de faire de si longues études, en accumulant les dettes ! Un cours commercial chez les Frères des écoles chrétiennes, quelques années de travail de commis, et te voilà établi.
    — Tu sais bien que quelqu’un te recrutera bientôt. Tu as obtenu ton diplôme il y a à peine quelques mois.
    — Six mois, cela fait plusieurs, pas quelques.
    Né dans une famille de débardeurs de langue anglaise, mais élevé à Québec, le jeune homme gardait un accent adorable et un souci d’utiliser le mot juste.
    — Si tu acceptais l’aide de papa...
    — Mon orgueil est peut-être un peu ridicule, mais j’aimerais ne pas devoir mon emploi au père de la jolie personne que je fréquente.
    — Il a dit un mot au président de la Banque nationale pour Gérard, et tu vois...
    Devant l’agacement bien visible dans les yeux de son compagnon, elle s’arrêta. Pourtant, les choses fonctionnaient toujours
    de
    cette
    façon.
    Comme
    le
    gouvernement
    libéral s’était mêlé du sauvetage de la Banque nationale et de sa fusion avec la Banque provinciale, afin de permettre la création de la Banque nationale du Canada, un mot de la part d’un député influent faisait toujours office de «sésame».
    — Il y a des ingénieurs au service de différents ministères, insista-t-elle.
    — Tu sais, la vie de fonctionnaire ne me conviendrait pas vraiment. Prends juste le salaire... De toute façon, tu le sais bien, je rêve de grands chantiers.
    — Je suis certaine que tu trouveras bientôt.
    Même si elle n’avait aucune connaissance des mouvements de l’emploi
    dans
    les
    grandes
    entreprises
    susceptibles
    d’embaucher un ingénieur, la sympathie dans sa voix le toucha. L’homme allongea la main pour prendre la sienne.
    — Je suis un compagnon bien désagréable, aujourd’hui.
    Encore une fois, excuse-moi. Mais tu comprends maintenant pourquoi je n’avais pas envie de monter chez toi. Tu n’as pas de chance, je te réserve l’exclusivité de ma morosité.

    Son sourire la rasséréna tout de même un peu. La conversation porta ensuite sur le film qu’ils avaient vu un peu plus tôt. Puis David revint abruptement au premier sujet:
    — Je n’ai rien contre Gérard, ses enfants ou sa femme, mais je l’envie. Si je veux me marier un jour, je dois d’abord m’établir. Je suis même allé rôder dans sa rue un soir du mois dernier. Il me faudrait pouvoir offrir au moins une maison comme la sienne à ma femme.
    Amélie fit semblant de se passionner pour le contenu de sa tasse de café. Il n’avait pas dit « me marier un jour avec toi». D’un autre côté, il se confiait à elle. Elle pesa la situation, puis déclara :
    — Avant d’avoir cette maison, ils ont logé des années dans un appartement de la paroisse Saint-Jean-Baptiste.
    Leurs enfants sont nés là.
    — Mais je n’en suis même pas à ce niveau. Je vis encore dans une chambre chez mes parents. J’ai des cousins qui me proposent de les rejoindre sur les quais, pour décharger les navires. Tu imagines ? En plus, l’hiver arrive et dans cinq semaines, la navigation sera bloquée. Alors, je ne pourrai même pas envisager cette option.
    Le voir dans cet état excitait la fibre maternelle de sa compagne. Un grand garçon robuste de près de six pieds s’inquiétait d’avoir sacrifié des années à des études, en vain.
    Surtout, son orgueil en souffrait. Tout un clan familial avait contribué au paiement de ses quatre années d’études à McGill. Il avait l’impression de les trahir.
    Un peu plus tard, David O’Neill cherchait des pièces de monnaie au fond de sa poche afin de régler l’addition.
    Amélie résista à l’envie de lui offrir de payer. Aujourd’hui, sa fierté n’aurait pas survécu à l’affront.

    *****
    En plus des cours, des lectures pieuses et de la direction spirituelle, le Petit Séminaire offrait à ses élèves la participation à diverses
    associations
    pour
    accroître
    leur
    piété.
    Quelques semaines plus tôt, Raymond Lavallée avait demandé son admission à la congrégation de la Sainte Vierge. Ses professeurs
    s’étaient
    concertés,
    l’un
    d’eux
    l’avait
    longuement interrogé sur la profondeur de sa foi et son désir d’embrasser le sacerdoce, puis la réponse positive était

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