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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’occasion de verrouiller leurs regards l’un dans l’autre.
    La procession se remit bientôt en marche. Monseigneur Langlois passa devant la vitrine dans ses plus beaux atours.
    Immédiatement derrière lui suivait le reliquaire, vers lequel des prêtres agitaient sans cesse leur encensoir.
    Les membres du personnel politique des trois niveaux de gouvernement venaient ensuite. Marie salua son mari d’une inclinaison de la tête, celui-ci souleva son chapeau.
    Amélie, quant à elle, agita la main.
    — Maintenant, fit cette dernière en se retournant, même si la majeure partie de ces curieux va emboîter le pas au cortège, il y aura bien quelques femmes désireuses d’acheter des mouchoirs, après une heure sous cette bruine froide.
    — A chaque jour qui passe, tu deviens une marchande de plus en plus avertie.
    — Ah ! Si personne ne me demande en mariage, je vais racheter ce magasin un jour.
    Dans sa bouche, le mot « personne » désignait un individu très précis.

    *****
Le long cortège se dirigeait chez les ursulines. Les religieuses n’avaient pas l’habitude d’ouvrir leurs murs à une pareille multitude masculine, même si la moitié portait une soutane. Elle resterait donc dehors. Dès trois heures, monseigneur Hallé, évêque de Hearst, le révérend père Lecourtois, eudiste, et l’abbé Maguire, curé de Sillery, encensèrent les reliques contenues dans la chapelle. Après les Augustines, cette congrégation sacrifiait une partie de sa provision de vieux os, en particulier ceux du père Gabriel Lalemant, mais aussi des fragments des squelettes de Brébeuf et de Garnier.
    Quinze minutes plus tard, pendant que la foule se massait dans les jardins de l’institution, un reliquaire fut placé sur les épaules de l’abbé Gelly, aumônier des Ursulines, d’Arthur Belleau, vicaire de la basilique de Québec, ainsi que des révérends pères Placide et Duprat, un capucin et un dominicain.
    Alors que le quatuor chargé de la châsse dorée sortait de l’édifice, Raymond Lavallée chuchota encore à l’adresse de son camarade :
    — Tu te rends compte ? Ces deux reliquaires contiennent ensemble les os les plus importants de nos premiers saints.
    — Oh ! Quant à moi, je suis plus sensible au charme de ce bouquet de roses.
    En disant ces mots, l’adolescent contemplait les élèves du couvent réunies dans un coin des grands jardins. Les plus jeunes, âgées de six ou sept ans, figuraient au premier rang.
    Les plus âgées, à l’arrière, offraient toute la beauté de leurs dix-huit ans. L’une en particulier, une brunette, paraissait particulièrement intéressée par le grand jeune homme blond. Il lui adressa un clin d’œil.
    — Ce n’est pas le moment, gronda son compagnon.
    Devant les reliques de ces saints hommes.
    — Je ne pense pas que cela les dérange le moins du monde.
    La lente procession se remit en marche dans le même ordre que précédemment. Cette fois, deux châsses en bois doré portées chacune par quatre religieux recevaient les volutes d’encens. Le trajet les mena par les rues du Parloir, Sainte-Ursule, Saint-Louis et finalement Dauphine. La chapelle des Jésuites se trouvait là, destination des saintes reliques.

    *****
    L’endroit ne permettait guère d’accueillir tout ce monde.
    Le lendemain, les journaux prétendraient que trente mille personnes avaient participé à la translation des restes des saints martyrs. La grande majorité se tenait sur les trottoirs et adressait des prières émues au ciel.
    Seulement quelques douzaines de personnes purent entrer dans le temple, pour la plupart des ecclésiastiques, mais aussi quelques notables laïcs. A l’intérieur, monseigneur Buteau cligna plusieurs fois des yeux, porta une main à ses paupières pour les protéger. Des centaines de lumières électriques brillaient toutes ensemble plus fort que le soleil d’été, tout en émettant autant de chaleur.
    En levant les yeux, il aperçut un diadème pourpre et or pendu à la voûte. Au-dessus du maître-autel, un tableau de la révérende mère Marie de l’Eucharistie montrait le martyre des huit
    bienheureux
    pères
    jésuites.
    D’autres
    peintures

    placées ici et là dans la chapelle reprenaient le même thème.
    La chorale du Grand Séminaire entonna quelques hymnes religieux. Puis l’évêque auxiliaire du diocèse, monseigneur Langlois, occupa la chaire afin d’évoquer les tortures endurées par les martyrs canadiens.
    — Mais il se trouve à

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