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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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tu lui fais quoi que ce soit, tu auras affaire à une mère. Tu n’as aucune idée de ce qu’est la maternité, malgré tous tes sermons imbéciles. Tu n’as aucune idée de ce qu’est une femme. Tu tentes quoi que ce soit contre elle, et ta vie deviendra un enfer.
    Ils se mesurèrent alors du regard. L’homme se leva en grommelant :
    — Je t’ai assez fait perdre de temps.
    — N’oublie jamais. Rien contre Thalie, rien contre Mathieu, rien contre aucune des filles de Paul. Ma famille, ce sont ces personnes. Je me battrai comme une lionne pour elles.
    Buteau la regarda dans les yeux, la main sur la poignée de porte, puis il sortit.

    *****
Un peu avant six heures, Marie s’apprêtait à fermer son commerce, le cœur encore un peu déchiré par la visite de son frère.
    — Je suis désolée de partir, s’excusa Amélie à ses côtés, mais comme Thalie doit laisser son bureau à un collègue à sept heures, il faut que je me presse.
    — Tout le monde se passionne pour les reliques, aujourd’hui. Tu as bien vu, le commerce est demeuré à peu près vide toute la journée. Va-t’en vite.
    Après un baiser sur la joue, la jeune femme quitta le magasin. La soirée froide et humide chassait les citadins vers leur domicile, excepté ceux encore massés devant la chapelle des Jésuites. A grandes enjambées, elle se dirigea vers la rue Claire-Fontaine. Elise l’accueillit avec un sourire.
    — Je vais voir si elle est prête.
    Un peu plus tard, la nouvelle patiente était assise sur le fauteuil réservé aux visiteurs, sa demi-sœur en face d’elle.
    — Cela me fait tout drôle, confia-t-elle. Ce matin, nous déjeunions à la même table.

    — Et tout à l’heure, nous allons souper ensemble.
    — Justement.
    L’omnipraticienne semblait s’en moquer, mais le défilé de ses parentes dans son bureau la troublait elle aussi.
    Heureusement, sa clientèle prenait lentement forme grâce à sa présence au Jeffrey Haie ; elle avait moins l’impression d’offrir ses services à un clan familial.
    — Je vais commencer par te peser, te mesurer, écouter ton cœur... Il y a plusieurs semaines, tu me disais te porter très bien. Dans l’intimité de cette pièce, tu me répéterais la même chose ?
    — Si tu exceptes ma mauvaise humeur quelques jours par mois, je me porte bien. Mais je ne pense pas que cela compte dans la liste des maladies graves.
    — Même pas parmi les bénignes. Mettons cela dans la liste des malheurs de notre sexe. Viens, passons à l’examen.
    La jeune femme monta sur la balance en sous-vêtements, pieds nus. Ensuite, le bout glacé du stéthoscope sur sa poitrine fut un peu plus intimidant. Quand elle se retrouva couchée sur le dos pour se faire palper le ventre de haut en bas, elle rougit légèrement.
    — Tous les morceaux occupent leur place habituelle, observa Thalie. Tu n’as aucune raison de te faire du souci.
    — C’est ridicule, n’est-ce pas ? Nous passons nos vies entre filles, mais finalement nous ne connaissons rien de notre corps, ou de celui des autres.
    Cette fois, ses joues passèrent au cramoisi. Elle bafouilla un peu en ajoutant:
    —Je veux dire... au couvent, il fallait se laver avec une chemise de nuit sur le dos.
    — Comme tu le sais, j’ai échappé aux horreurs du pensionnat.
    Remarque, l’éviter ne m’a pas donné de meilleures connaissances sur le corps humain. A mon arrivée à la faculté de médecine, j’ai fait du rattrapage... de même que la plupart de mes collègues masculins, je t’assure.
    Cette petite précision n’intéressait en rien sa demi-sœur. Elle se mordait la lèvre inférieure, affichant un air soucieux.
    — Dis-moi plutôt ce qui te préoccupe, murmura Thalie.
    Ce sera plus simple.
    — ... Certaines conditions empêchent d’être mère, même d’être une épouse, n’est-ce pas ?
    L’omnipraticienne se dit que ce genre de conversation serait plus approprié entre une mère et sa fille, mais Amélie n’avait plus la sienne. Avec toute sa bonne volonté, Marie ne pouvait totalement assumer ce rôle.
    — As-tu des raisons de t’inquiéter de ne pouvoir enfanter ?
    — Mais... comment pourrais-je le savoir ?
    — Enlève ça.
    La culotte alla rejoindre le reste des vêtements sur une chaise. Un peu intimidée, Thalie poussa son examen un peu plus loin que prévu. Cela lui permit de constater que, malgré son intérêt non équivoque pour les garçons, sa demi-soeur était vierge. Quand elles eurent repris leur place

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