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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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dans la salle voisine. A en juger par le rythme de ces manifestations, nous allons passer bien vite aux choses sérieuses.
    — ... À tout de suite, formula l’homme à l’intention de sa femme, en pressant une dernière fois ses doigts dans les siens.

    En sortant de la pièce, il entendit dans son dos :
    — Je vais regarder de plus près la dilatation...

    *****
    — Tout va bien? s’inquiéta-t-il en voyant Thalie venir vers lui, son masque chirurgical pendu à son oreille gauche, une grande blouse blanche couvrant ses vêtements.
    — Tout va bien. Je viens juste te rassurer un peu.
    Elle se laissa choir sur la chaise près de lui, prit une grande inspiration.
    — Tu vois, dans ces occasions, je suis totalement certaine d’avoir bien fait de m’entêter dans mes projets.
    — Tu as procédé à plusieurs accouchements ?
    — Toutes les semaines, depuis les fêtes. Cela deviendra sans doute mon activité première, si cela continue. De plus en plus de femmes enceintes me consultent, ou alors celles qui ont de tout jeunes enfants et qui sont susceptibles de connaître de nouvelles grossesses.
    — Tu as un beau métier.
    Elle chercha une trace d’ironie dans la voix, n’en trouva aucune. Elle comprit qu’après la tuerie de la dernière guerre, son frère se réjouissait de la beauté de la vie. Après un court silence, l’homme souffla :
    — Souffre-t-elle beaucoup ?
    — Les prochaines étapes seront difficiles. Mais tu sais, elle ne regrettera rien. Ce sera même sans doute l’un de ses meilleurs souvenirs.
    Il hocha la tête. Marie disait la même chose de ses deux accouchements.
    — Bon, maintenant, au boulot.
    L’omnipraticienne se leva en accrochant le second ruban de son masque. La moitié du visage dissimulé, elle se lava longuement les mains. Près de la table, elle échangea d’abord quelques mots avec la future maman. Puis, penchée entre ses cuisses, elle prononça :
    — Allez, ne sois pas timide, viens voir ta tante.
    L’infirmière près d’elle eut un rire bref.
    — Je ne deviens pas gâteuse, précisa Thalie à son intention, c’est vraiment mon neveu ou ma nièce qu’on attend là. Elle marqua une pause, puis continua :
    — Flavie, tu pousseras à la prochaine contraction. Ce ne sera plus bien long, maintenant.

    *****
Quand le médecin revint enfin dans la salle d’attente, les cheveux un peu en bataille, des taches de sang souillaient tout le devant de son vêtement. Son masque pendait maintenant sur sa poitrine. Dans un premier temps, l’inquiétude saisit le cœur de Mathieu, puis il aperçut le sourire de contentement sur le visage de sa sœur.
    — Me voici la tante d’un garçon de sept livres et des poussières. Accessoirement, te voilà papa.
    L’homme enregistra la nouvelle, puis demanda, anxieux :
    — Et Flavie ?
    — Elle se porte bien, même si elle est un peu affaiblie par la perte de sang. Dans un moment, tu pourras la voir.
    — Le sang...
    — Tu sais, sept livres pour un petit corps comme le sien, c’est gros. Mais enlève cette mine soucieuse de ton visage : tu es papa, junior et la mère se portent bien.
    Si son frère y tenait, un jour elle lui parlerait de périnée déchiré et de points de suture réalisés avec un gros fil. Mais aujourd’hui, ce serait gâcher son plaisir.
    Un peu plus tard, Mathieu rejoignit sa femme dans une petite chambre. Peut-être à cause de son lien de parenté avec un médecin de l’hôpital, personne n’occupait le lit voisin. De nouveau, leurs mains s’unirent, la conversation commençant par un long regard.
    — Thalie m’a dit que tu allais bien.
    Lui-même n’aurait pas nécessairement posé ce diagnostic.
    Flavie présentait un visage très pâle, des yeux creux, cernés.
    — Oui, répondit-elle. Tu l’as vu ?
    — Pas encore.
    Comme s’il s’agissait d’un signal, une infirmière entra, un curieux colis dans les bras. D’abord, l’homme ne vit qu’une couverture en laine bleu pâle.
    — Voilà ce Jésus, murmura-t-elle en plaçant son fardeau tout près de la mère.
    Celle-ci se tourna sur le côté. Le mouvement lui arracha une plainte douloureuse. Mathieu s’approcha pour l’aider.
    L’infirmière fut plus rapide. Tout en mettant un oreiller derrière le dos de la patiente pour la maintenir sur le côté, elle se tourna vers lui en disant :
    — Vous avez vu comme il est beau ?
    — Oui, très beau, mentit-il.
    Le petit visage chiffonné lui parut être celui d’un vieillard, la bouche

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