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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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hâte, coiffa son chapeau, puis se précipita vers la sortie.
    — Mademoiselle, je dois m’absenter, annonça-t-il en passant devant la secrétaire.
    — Le moment est arrivé ?
    — J’espère, car Flavie commence à se faire bien impatiente.

    Après tous ces mois...
    — Bonne chance.
    Le souhait se perdit dans le dos de l’homme en fuite.

    *****
Malgré la frustration évidente de l’abbé Renaud, obsédé d’ordre et de rangs bien alignés, les élèves de Belles-Lettres quittèrent le temple une demi-heure plus tard avec un empressement condamnable. Dans la cour du Petit Séminaire, Jacques Létourneau se trouva à la hauteur de son camarade.
    — Lavallée, tu dois être déçu. A la place de la cérémonie grandiose, nous avons eu droit à une basse-messe.
    — J’ai plutôt pensé au bonheur de cette famille. Elle a certainement été bénie de Dieu. Cinq prêtres parmi les garçons, dont deux élevés au titre d’évêque !
    — Dommage que la fonction ne soit pas héréditaire...
    La province aurait tout un clergé de Roy.
    Raymond songea à multiplier les reproches à son camarade.
    Faire du mauvais humour à ce sujet confinait au sacrilège. Ses paroles se noyèrent dans une nouvelle quinte.
    — Tu devrais voir un médecin. Une toux comme la tienne...
    — Tu le sais, convint l’autre après avoir un peu repris son souffle, je réussis à attraper le rhume même en été.
    Alors, imagine, nous sommes en février.
    — Tout de même. Vois un médecin.
    Sur ces mots, Jacques Létourneau se dirigea vers la porte de
    l’établissement
    d’enseignement.
    Son
    camarade
    le
    contempla jusqu’à ce qu’il disparaisse. Mince, la silhouette élancée, des cheveux blonds coupés très courts, c’était l’un des plus beaux garçons du Séminaire. Pourtant, cette fois, il n’eut pas à presser son cilice de la main.

    *****
    Le Jeffrey Hale se trouvait dans la rue Saint-Cyrille.
    Matin et soir, Mathieu passait devant pour aller au travail ou en revenir. L’atteindre à marche forcée ne lui prit que quelques minutes. Dans l’entrée, une réceptionniste lui confirma l’arrivée de son épouse un peu plus tôt.
    — Vous la trouverez étendue sur un lit de la maternité.
    — Et ma sœur..., je veux dire, le docteur Picard?
    — Comme elle travaillait ici aujourd’hui, elle est certainement déjà à ses côtés.
    Le nouvel usage s’imposait lentement dans les villes: accoucher dans les hôpitaux. Avec lui en venait un autre, la procession des époux angoissés. Mathieu gagna le service de maternité, repérant sans mal l’endroit où se trouvait Flavie.
    — Tiens, voilà l’homme, ricana Thalie en le voyant entrer.
    — Tu vas bien ?
    Ignorant sa sœur, il marcha vers sa femme pour lui prendre une main, plein de sollicitude.
    — Je vais bien...
    Les contractions se succédaient maintenant à un rythme soutenu. L’une d’elles amena une grimace sur son visage.
    — Tu ne peux pas faire quelque chose ?
    Cette fois, la question s’adressait au médecin.
    — Non. Le corps se prépare à la naissance. Tout se passe normalement.
    — Ne t’inquiète pas, renchérit la parturiente.

    Une nouvelle grimace l’arrêta, puis elle respira profondément.
    — Je vous laisse un moment, expliqua le médecin. En revenant, je devrai te chasser pour examiner madame. Nous allons sans doute la transporter dans la salle voisine tout de suite. Le travail progresse bien vite.
    Afin de ne pas alarmer inutilement son frère, elle n’ajouta pas « pour une première naissance ». Après tout, mieux valait un peu d’empressement que des heures de souffrance éprouvante.
    Demeuré seul, le couple échangea un long regard.
    Finalement, plutôt que de se laisser envahir par un débordement d’émotions, Flavie demanda :
    — Gertrude t’a joint au bureau ?
    — Il y a quelques minutes.
    — J’ai été heureuse de l’avoir, sinon je ne sais pas comment je me serais rendue à la voiture. Le chauffeur de taxi paraissait dépassé par les événements.
    — Si j’avais su que cela arriverait si vite, jamais je ne t’aurais laissée seule. Gertrude a dû avoir du mal à t’aider.
    Elle n’est pas très forte.
    — Tu serais surpris...
    Une contraction plus douloureuse que la précédente l’interrompit. Heureusement, Thalie choisit cet instant pour revenir dans la pièce, car l’homme commençait à trouver son impuissance insupportable.
    — Maintenant, Mathieu, dit-elle d’une voix ferme, tu vas aller

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