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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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la
garde du couteau. Mais cette fois, le coup porté par Geneviève avait été trop
précipité. Maghib était toujours vivant, encore conscient. Autour de lui, les
serviteurs lui enjoignaient de se taire, mais il continuait à parler en
arménien, essayant vaguement de chasser le sang qui lui encombrait la bouche.
Il prononça ces quelques mots :
    — Ai tenté de la stopper… fráujin m’a poignardé…
a pris le cheval… et est partie à l’est… vers l’est…
    Je hochai la tête, comprenant pourquoi il insistait sur ce
mot.
    —  Ja, acquiesçai-je. Elle a entendu les
histoires au sujet des malfaisantes viragines. Elle sait qu’elle leur
ressemble sur bien des points. C’est donc là qu’elle est partie.
    J’avais du mal à croire qu’une créature aussi délicate que
Geneviève s’habituerait définitivement à la vie rigoureuse de ces tribus des
forêts. Mais il était vraisemblable qu’elle avait l’intention, du moins un
certain temps, de se mêler à l’une d’elles, dans l’espoir de s’y trouver en
sécurité.
    Je pris alors ma décision :
    — Ta blessure ne semble pas mortelle, Maghib, et le
médecin arrive. Laisse-le traiter ta plaie et prends tout le temps de guérir.
Quand tu auras recouvré tes forces, poursuis ta route vers la Côte de l’Ambre.
Tu n’auras qu’à suivre la rivière Buk et en descendre le cours. Je t’y
rejoindrai dès que j’aurai réglé son compte au traître.
    Je laissai Maghib aux mains du lékar, et allai verser
à l’hôtelier la somme nécessaire pour couvrir largement les soins qui lui
seraient prodigués. Puis je chargeai mes bagages sur Velox et me dirigeai à mon
tour vers l’est, en direction de la Sarmatie et de ces femmes dont il fallait
se méfier.

 
15
    La vaste région aux frontières mal définies que l’on appelle
Sarmatie constitue l’extrémité occidentale de l’Asie. Au-delà, en direction de
l’Orient, se déploie une Asie si gigantesque que son étendue même défie l’art
des cartographes. Mais je ne pensais pas avoir à l’arpenter dans sa totalité
pour y retrouver Geneviève. Si elle avait vraiment fui pour trouver refuge
parmi les Amazones – qu’on les appelle baga-qinons, viramnes,
pozorzheni ou du nom qu’elles se donnaient elles-mêmes –, je pensais
pouvoir localiser ces femmes dans une zone voisine de Lviv, où elles envoyaient
chaque année des émissaires faire du commerce. J’espérais même avoir de bonnes
chances de les trouver avant Geneviève, qui ignorait sûrement les précieux
renseignements que j’avais appris à leur sujet. Par exemple que les Amazones
faisaient le troc de peaux de loutres et de perles d’eau douce, et vivaient
donc sûrement à proximité d’un cours d’eau.
    À deux journées de cheval au-delà des derniers faubourgs de
Lviv et des fermes qui les entouraient, lorsque je fus profondément enfoncé
dans les forêts de pins et de sapins, je cessai d’être Thorn. Je rangeai les
habits d’homme et l’armure que j’avais portés jusque-là, et revêtis mes
vêtements de Veleda. Je voulais m’approcher des Amazones sous mes atours
féminins, espérant ainsi ne pas être immédiatement repoussé. J’exhibai même ma
féminité de façon flagrante, ayant appris des Amazones un autre détail que
Geneviève ignorait probablement. Je libérai mon torse de toute tunique, de tout
manteau, me contentant de nouer un strophion sous ma poitrine pour rehausser
mes seins. Je me remis à chevaucher ainsi torse nu, bénissant la douceur du
début de l’automne qui rendait cette situation à peu près supportable.
    Traversant une forêt d’arbres à feuilles persistantes
apparemment inexplorée, j’y trouvai çà et là des points d’eau. Parvenue au bord
d’un petit ruisseau, je fis une pause pour boire et remplir ma gourde, mais ne
vis pas trace d’Amazones : ce filet d’eau était trop ténu pour que les
loutres viennent y jouer ou que des moules y élisent domicile. Je ne cherchai
pas davantage ces sauvages femelles autour des quelques étendues d’eau
stagnante que je fus amenée à découvrir. Ce n’est qu’au bout de cinq à six
journées de cheval que je parvins au bord d’un large cours d’eau aux flots vifs
et limpides, idéal pour les loutres. Je décidai de le suivre durant quelques
jours vers l’aval. Si au bout de ce laps de temps je n’avais pas vu trace
d’habitations, je le franchirais, et le remonterais en explorant l’autre rive.
Une bande de

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