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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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le nom de Nola. Il écrivit à la place ora (« région ») afin de préserver la scansion du poème. Et je
serais prêt à parier que plus jamais la mesquine bourgade de Nola n’a été mentionnée
par aucun auteur.
    — Nul doute qu’ils regrettent le traitement qu’ils lui
ont réservé.
    Sans dire un mot, ni me souhaiter bonne nuit, Wyrd
s’allongea sur le côté, s’engonça confortablement dans sa fourrure et sombra
dans le sommeil. J’enveloppai les restes de l’ auths-hana pour qu’ils
puissent être consommés le lendemain, bordai les braises de mottes de terre et
me roulai à mon tour dans ma fourrure, avant de m’endormir.
    J’ignore combien de temps je dormis, mais il faisait encore
nuit quand je fus réveillé en sursaut par un nouveau hurlement à vous glacer
les sangs. J’aurais préféré qu’il s’agisse d’un vrai loup, mais c’était de
nouveau Wyrd, arqué et tordu comme je l’avais vu quelques heures auparavant,
tendu au point que je pouvais entendre craquer ses os et ses articulations. Ses
cris, cette fois, trahissaient sans doute possible la douleur. Je ne pus
qu’assister impuissant à cette agonie, attendant qu’elle se calme. Mais voyant
que cette terrible crispation, accompagnée d’un tambourinage frénétique de ses
poings sur le sol, se poursuivait, je pensai à une chose. Je fourrageai dans
mes affaires à la recherche de la fameuse fiole de cristal que je charriais
depuis si longtemps.
    J’avais tenté de faire goûter à mon juika-bloth la
précieuse larme de lait qu’elle contenait. Maintenant, penché sur Wyrd, je
tentais, profitant du fait qu’il était forcé de reprendre son souffle entre
deux hurlements, de verser dans sa bouche le reste de son contenu. Un peu de
liquide coula-t-il dans sa gorge, ou Wyrd se rendit-il compte à cet instant de
ma présence ? Toujours est-il que sa rigidité cessa et qu’il retomba sur
le dos. Aussitôt, d’un geste du bras d’une grande violence, il m’envoya bouler
les quatre fers en l’air.
    — Malédiction ! grinça-t-il. T’ai demandé… de
foutre le camp !
    Je restai donc où je me trouvais, et lorsque Wyrd eut un peu
repris ses esprits, il déclara, la voix enrouée mais d’un ton plus calme :
    — Excuse ma brutalité, fiston. Je te repousse, mais
c’est pour ton bien. Que m’as-tu versé dans le gosier ?
    — Mon dernier espoir pour vous sauver. Une goutte de
lait du sein de la Vierge Marie.
    Il tourna sa tête vers moi d’un air hagard pour me jeter un
regard de dédain, puis dit simplement :
    — Je croyais que c’était moi qui étais fou. C’est cet auths-hana qui t’a dérangé le ciboulot ?
    — C’est vrai, fráuja, c’est le lait de la
Vierge. Je l’ai volé à une abbesse qui ne méritait pas de le garder. (Je lui
tendis la fiole, afin qu’il la voie.) Mais ce n’était qu’une simple goutte. Je
n’en ai plus à vous donner.
    Wyrd tenta de rire, mais il n’avait plus assez de souffle
pour cela. Au lieu de quoi il proféra le plus blasphématoire juron que j’aie
jamais entendu venant de sa part :
    — Par le prépuce circoncis du petit svans de
l’enfant Jésus, mis de côté et jamais ressuscité, tu as essayé cette magie sur
moi ?
    — Quelle magie ? Ni allis. Ce lait est une
véritable relique. Un trésor si sacré qu’il a le pouvoir de…
    — Une relique, coupa-t-il amer, a exactement le même
pouvoir qu’un sort jeté par une haliuruns, ou qu’une incantation de
magicien. Ce genre de tour peut certes avoir des résultats extraordinaires sur
les fous qui y croient. Mais aucun ne pourra jamais vaincre l’ hundswoths, gamin.
Je pense que tu as gaspillé ton trésor.
    —  L’hundswoths  ? (J’avais redouté ce mot.)
Mais vous m’aviez dit que…
    — Que j’avais échappé à l’infection. Je l’ai cru, en
voyant la plaie guérir, mais j’ai eu tort. J’aurais dû me souvenir… j’ai connu
un cas où la maladie a couvé un an avant de ressurgir.
    — Mais… mais… qu’allons-nous faire ? Si même le lait
de la Vierge ne peut agir…
    — Il n’y a rien d’autre à faire que de laisser
l’infection suivre son cours. Ce que tu vas faire, toi, c’est d’abord
t’éloigner de moi. Va dormir à bonne distance. Si je recommençais à divaguer et
à baver, le moindre postillon jailli de ma bouche pourrait te mettre en danger.
Et ça va continuer. Je vais encore baver, me contorsionner à me faire craquer
les os, puis retomber dans un

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