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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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posé mon arc, et m’étais agenouillé près de
lui. Wyrd battait des yeux rapidement, et sa bouche était encore ouverte, bien
que plus aussi horriblement béante. Il n’avait pas sué suite à ses efforts,
comme je l’aurais cru, mais son teint était aussi gris que ses cheveux et sa
barbe, et quand je touchai son visage, je le sentis moite et froid.
    À mon contact, il lança son regard injecté de sang dans ma
direction et demanda, d’une voix rauque, mais apparemment réfléchie :
    — Qu’est-ce que tu fais là, gamin ?
    — Ce que je fais ? J’ai couru à me rompre le cou.
On aurait dit que vous étiez attaqué par une meute de loups.
    —  Akh, je faisais donc tant de bruit que
ça ? fit-il d’un ton d’excuse. Je suis désolé d’avoir interrompu ta
chasse… J’étais… j’étais juste en train de m’éclaircir la voix.
    — D’éclaircir quoi ? Ce que vous avez dû
éclaircir, c’est ce massif des Alpes où nous sommes. Je suis sûr qu’il n’y a
plus un troupeau de chèvres, plus un bûcheron…
    — Ce que je veux dire, c’est que… j’essayais de dégager
le phlegmon ou ce je ne sais quoi qui m’encombre la gorge depuis si longtemps,
et qui m’a congestionné le gosier et l’œsophage.
    —  Iésus, fráuja, fis-je, soulagé d’entendre que
c’était intentionnellement qu’il avait agi ainsi. Vous étiez pratiquement
arc-bouté sur la tête ! Il doit y avoir un moyen plus simple de se racler
la gorge, je pense. Où est votre flasque ? Tenez, prenez une gorgée de la
mienne.
    Il se tordit immédiatement en arrière, et fit entendre un
gargouillis qui me fit craindre un nouveau hurlement… Argh-rgh-rgh ! Il
sembla un bref instant se crisper à nouveau, mais suite à un effort violent, il
reprit le contrôle de lui-même et haleta :
    — Je t’en prie… ne, gamin… ne me tourmente pas
ainsi…
    — J’essaie juste de vous aider, fráuja, implorai-je,
tenant ma flasque près de ses lèvres. Une petite gorgée d’eau pourrait
sûrement…
    Argh-rgh-rgh ! rugit-il à nouveau, luttant encore
pour maîtriser un spasme violent, tout en essayant d’une tape de la main
d’éloigner la mienne. Dès qu’il put reparler, il grogna farouchement :
    — Quoi que tu fasses… tiens-toi à l’écart… de ma
bouche… et de mes dents…
    Je m’assis sur mes talons et le regardai, très inquiet.
    — Que se passe-t-il ? Andréas m’a dit que vous
n’aviez rien mangé depuis plusieurs jours, et hier comme aujourd’hui, vous
n’avez encore rien bu, ni avalé quoi que ce soit de solide. Voilà en plus que
vous refusez même un peu d’eau fraî…
    — Ne prononce plus ce mot ! supplia-t-il, se
courbant comme si je lui avais porté un coup violent. Par pitié, gamin…
enveloppe-moi dans ma fourrure et fais du feu. Il fait si sombre, tout d’un
coup… j’ai si froid…
    Effaré, je laissai courir mon regard sur les montagnes
ensoleillées. Puis, inquiet mais obéissant, je tirai sa fourrure de derrière sa
selle, l’aidai à s’y rouler, et allai ramasser de la mousse sèche, des
brindilles et des branches mortes que j’enflammai près de lui. Le feu avait à
peine commencé de ronfler qu’il l’imitait, profondément endormi. Espérant que
ce ronflement était de bon augure, je pris soin de m’éloigner en silence, afin
de ne pas le déranger.
    Je gravis la montagne pour rejoindre l’endroit où j’avais
attaché Velox, et au moment précis où je m’apprêtais à le délier, j’entendis à
nouveau le cri déchirant de l’ auths-hana. Il semblait que tous les
animaux du voisinage, à part moi, se soient rendu compte que le cri poussé par
Wyrd n’était pas celui d’un loup, car aucun n’avait fui effrayé. Armant ma
flèche, je repris donc ma chasse. Suivant les conseils de Wyrd, j’attendis que
l’oiseau poussât son cri, et plongeai furtivement d’une cachette vers une
autre, ici jusqu’à un arbre, là derrière un rocher, y restant dissimulé tant
qu’il restait silencieux. Et bientôt je le vis, perché sur une branche basse
dans un pin éloigné.
    Une fois encore, j’attendis que l’animal, levant très haut
la tête et déployant les plumes de sa queue en un somptueux croissant, délivrât
son assourdissant hurlement pour courir précipitamment me blottir dans l’angle
le plus favorable. Je voulais être sûr de ne pas le manquer, car si Wyrd
n’avait pas exagéré la finesse de sa chair, il ne résisterait pas à en manger
un

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