Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
adjacente où était cantonné l’escadron auquel j’avais été rattaché.
    Et j’attendis, j’attendis… et six mille Ostrogoths firent de
même, des heures durant. Au cours de cette interminable journée, un millier d’entre
eux au moins, j’en suis sûr, s’arrangèrent pour passer à l’endroit où
j’attendais près de ma turma, afin de jeter un coup d’œil sur moi et sur
ma silencieuse « trompette de Jéricho ». Au début, ces regards
étaient curieux ou songeurs. Mais au fil des heures, ils se firent soupçonneux,
goguenards, et bientôt vindicatifs. Il faut le dire, tous étaient coiffés d’un
casque et vêtus d’une armure, or la température ne cessait d’augmenter. Tous
suaient et souffraient d’intenses démangeaisons sous leurs téguments de cuir et
de métal, et la dernière nourriture qu’ils avaient prise, distribuée durant la
nuit précédente, avait consisté en quelques biscuits de son accompagnés d’un
peu d’eau tiède. De plus, nous devions tous rester silencieux ou ne parler qu’à
voix basse, et ne faire aucun bruit avec nos armes. Interdit aussi, bien
entendu, de rire ou de chanter… si tant est qu’il y eût de quoi le faire dans
les circonstances présentes.
    La tombée du jour apporta un relatif soulagement à notre
interminable tourment, car la nuit était fraîche. Ma « trompette »
n’avait émis aucun son et n’avait même pas frémi, or nous n’avions rien d’autre
à faire que d’attendre – et d’espérer… C’est donc ce que nous fîmes, non
sans un grand nombre de grommellements dans les rangs. La nuit venue, chacun se
prépara à dormir comme il le pouvait à même le pavé de la rue, et les optio de chaque turma désignèrent un tour de garde des hommes qui devraient
rester éveillés et sur le qui-vive. N’ayant pas été désigné parmi les
veilleurs, je confiai mon tube à l’ optio, un guerrier grisonnant nommé
Daila, et demandai à ce que les hommes qui prendraient la garde le surveillent
à tour de rôle.
    — Qu’on me réveille immédiatement, ajoutai-je, s’il
enfle, éclate ou pétille, bref s’il se passe quoi que ce soit.
    L’ optio enveloppa l’objet que je lui tendais d’un
regard sinistre, puis jeta un coup d’œil à mon armure grotesquement
surdimensionnée, et fit d’un ton pince-sans-rire :
    — Petit scarabée, je crois que tu vas pouvoir ronfler
tout ton saoul le restant de la nuit. Mon père était paysan. Autant te le dire,
l’avoine met sept jours à germer. Si nous devons attendre que ces grains aient
suffisamment poussé pour écarter les portes, autant tous nous préparer à dormir
ici une bonne partie de l’été.
    Je ne parvins qu’à murmurer d’une voix peu convaincue :
    — Je ne crois pas que les grains aient réellement
besoin de pousser…
    Mais Daila était déjà parti, afin d’attribuer le premier
tour de garde.
    Il avait eu raison sur un point : je passai une bonne nuit.
Je ne fus nullement dérangé, jusqu’à ce que l’aurore rougissante me réveille.
Je m’empressai vers l’homme de garde, qui bâillait à s’en décrocher la mâchoire
et me lança le tube en grognant : « Rien à signaler. »
J’attrapai l’objet, le couvrant d’un regard presque aussi méprisant que celui
de la sentinelle, puis me frayai un chemin entre les guerriers en train de se
réveiller et de s’étirer, jusqu’à l’ optio Daila, à qui je demandai
l’autorisation d’aller voir Théodoric.
    À l’escadron des lanciers, on m’indiqua que Théodoric, qui
avait passé la nuit à attendre comme tout un chacun, avait regagné son quartier
général. Je me rendis donc sans enthousiasme jusqu’à chez lui, et j’étais
tellement abattu de découragement et de désillusion, que ma tunique de cuir dut
finir par traîner par terre.
    — Eh bien tant pis, laissons tomber, soupira Théodoric,
quand je lui eus douloureusement transmis les nouvelles. Ça valait le coup
d’essayer, de toute façon. Laisse-moi te récompenser d’avoir osé la tentative,
Thorn. Sers-toi, il reste un peu de cette viande de cheval.
    Il demanda à Aurora de nous apporter à manger. Quand elle
arriva, il lui tendit le tube d’avoine et lui dit :
    — Soyez gentille, ôtez cela de notre vue.
    Ce fut un bien morne repas que nous partageâmes ensemble,
assis dans nos armures inutiles. Théodoric n’avait apparemment pas d’autre idée
à proposer pour le siège. Je n’en avais pas non plus, et si cela avait

Weitere Kostenlose Bücher