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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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contre les démocraties occidentales et les Français libres : à Dakar en septembre 1940 ; en Syrie au printemps 1941, et à Casablanca en novembre 1942. Des centaines de GI furent massacrés à Casablanca par les soldats de Pétain.
    La faute de l’extrême droite fut de croire qu’elle pouvait accomplir une « Révolution nationale » sous la botte de l’ennemi. Ce n’était pas le moment. Pétain, Laval, Darlan se sont déshonorés. Vichy a accepté la boue : quand on entre dans la voie des concessions devant un tyran, on concède de plus en plus. Vichy finit, à sa honte, par faire organiser par la police restée à ses ordres les rafles de juifs – dont celle du Vél’d’Hiv à Paris. Vichy, surtout, n’hésita pas à ouvrir la guerre civile, avec la fameuse Milice. Des transferts massifs d’ouvriers français en Allemagne firent tourner la machine de guerre allemande.
    D’un point de vue purement juridique, on peut admettre, malgré les abus de pouvoir du Maréchal, que le gouvernement vichyste eut une base légale jusqu’en 1942. Mais quand, en novembre 1942, les Allemands rompirent les stipulations de l’armistice de 1940 qui fondaient, avec le vote d’un parlement abusé, sa légalité, Vichy tomba dans le vide. Si Pétain avait alors voulu gagner Alger, ou du moins démissionner avec éclat en France, il aurait pu sauver son honneur. Le vieillard préféra garder une pourpre dérisoire dans l’abandon national.
    Abordons à présent la question essentielle du degré d’adhésion des Français au gouvernement de Vichy.
    Pendant vingt ans, la légende gaulliste a décrit un peuple unanime dans la Résistance. Depuis la sortie du film Le Chagrin et la Pitié , la mode nous peint au contraire une nation asservie et antisémite. Qu’en a-t-il été ?
    Les Français, sauf de Gaulle et sa poignée de fidèles, ont tous été, plus ou moins, pétainistes pendant quatre mois – jusqu’à l’entrevue, le 24 octobre 1940, du maréchal Pétain avec le Führer à Montoire. Leur fameuse poignée de main, dont la photo fut abondamment diffusée par la Propagandastaffel, rompit alors le charme ; tellement l’image d’un général républicain – Pétain passait alors pour tel – et glorieux serrant la main du chef nazi fut insupportable aux Français. Ni Pétain ni Hitler n’eurent la finesse d’éviter cet impair : Pétain parce qu’il ne comprenait rien à la situation et confondait, on l’a dit, Hitler avec Bismarck ; Hitler parce que, s’il connaissait bien la psychologie des foules de Bavière, il ignorait tout de l’esprit tordu des Gaulois.
    Dès lors, l’adhésion cessa. Certes, la figure du « vainqueur de Verdun » resta respectée, presque jusqu’à la fin, mais ses gouvernements – surtout Laval – seront détestés presque depuis le début, ainsi que les Allemands, par la plupart. Les notables masochistes et éperdus de servitude dont nous avons parlé ne furent jamais qu’une minorité.
    L’un des auteurs de ce livre, septuagénaire, se souvient très bien de l’ambiance du métro parisien. On s’y écartait des « doryphores » (insectes qui rongent les pommes de terre – nom dont on affublait les soldats allemands). On y faisait des contrepèteries du genre : « Métropolitain – Pétain mollit trop. » On s’y racontait les dernières trouvailles de Pierre Dac (l’un des animateurs de l’émission française de la BBC) : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand. » Du reste, le soir, à l’heure de l’émission de la radio anglaise « Les Français parlent aux Français », les rues étaient vides, tout le monde écoutant la BBC.
    Il fallait l’intelligence visionnaire d’un de Gaulle pour savoir, dès ce temps-là, que les Allemands perdraient. Hitler allait attaquer la Russie – ça, c’était écrit dans Mein Kampf -, et le Général n’a jamais sous-estimé ses adversaires. Mais, dès cette époque, de Gaulle annonçait à la radio l’arrivée des « forces immenses de l’Amérique » ; or, à cette date-là, Roosevelt se faisait réélire sur le slogan « He kept us out of war » (« Il nous a tenus en dehors de la guerre »).
    À ce moment, de Gaulle était encore assez seul. Certes, il put rallier – avec l’aide de quelques héros fous, comme le capitaine de Hauteclocque, évadé de France, qui se fit appeler Leclerc – l’Afrique-Équatoriale française et les îles du Pacifique, mais les

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