Toute l’histoire du monde
publique romaine, il n’osa pas prendre le titre de roi. Mais il fut vraiment le chef, l’imperator. Il incarne tellement le pouvoir que beaucoup de peuples donneront le titre de César à leurs rois : tzar en russe, Kaiser en allemand… « César » sera d’ailleurs le nom générique de tous les empereurs romains : Ave Caesar…
Mais il restait à Rome beaucoup de républicains, et César fut assassiné en 44 avant Jésus-Christ, aux ides de mars, par Brutus, un fils adoptif, d’où le fameux : « Toi aussi, mon fils », hurlé en plein Sénat – en latin ou en grec, on ne sait.
Avec César, les Romains avaient dépassé les limites du monde méditerranéen, allant jusqu’au Rhin, jusqu’en Angleterre, et la crise institutionnelle de Rome fut surmontée.
L’empire romain ou le premier apogée historique
Lieutenant de César en Gaule, Antoine, après l’assassinat de son chef, dut faire face au jeune Octave, vingt ans, petit-neveu du grand général, qui se posait en héritier désigné du dictateur. Il essaya de le circonvenir en formant avec lui et un certain Lépide le deuxième triumvirat. Ces trois-là firent exécuter Brutus et des partisans de la République. Mais cela n’empêcha pas une guerre civile entre Antoine et Octave. Antoine s’appuya sur l’Égypte et Cléopâtre.
Après la bataille navale d’Actium (-31), Antoine, réfugié à Alexandrie, se donna la mort ; quant à Cléopâtre, elle se suicida également, mettant ainsi fin à la dynastie des Ptolémées. L’empire était définitivement établi. Octave se fit appeler Auguste et gouverna jusqu’en l’an 14 après Jésus-Christ, soit pendant quarante-quatre ans.
Du point de vue constitutionnel, le régime est spécifique. Comme les Romains avaient la phobie de la monarchie, l’empire n’en fut jamais une (il ne le deviendra qu’avec les Byzantins). Simplement, le pouvoir était concentré sur la tête d’un seul : le pouvoir consulaire (l’empereur se faisait nommer consul), le pouvoir des tribuns et le pouvoir militaire (l’empereur est imperator, chef des armées.) Mais l’empereur ne porta pas de titre royal. On l’appelait seulement, comme aujourd’hui en Angleterre, le « Premier » ( princeps , d’où vient le mot « prince »).
Le Sénat subsistera toujours, et la fiction du pouvoir populaire aussi : les lois n’étaient pas promulguées au nom de l’empereur, mais « du Sénat et du peuple romain », Senatus Populusque Romanus. Ces initiales forment le sigle SPQR que les licteurs brandissaient devant les légions en déplacement, et qui se trouve encore gravé sur les plaques d’égout de la Rome actuelle.
Pour se souvenir des noms des empereurs romains des deux premiers siècles de notre ère, on utilisait jadis une comptine mnémotechnique : « Cesautica – Claunégalo – Vivestido – Nertraha – Antmarco », ce qui donne : César, Auguste, Tibère, Çaligula, Claude, Néron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin, Marc Aurèle !
On peut estimer que l’empire romain fut l’État le plus considérable que les hommes aient jamais bâti. Certes, celui des Perses, celui d’Alexandre, plus tard celui de Gengis Khan ou l’empire britannique furent plus grands, mais ils durèrent infiniment moins longtemps. La Chine elle-même lui était inférieure. Et pourtant, à la même époque, elle était unifiée par la dynastie des Han. Les deux empires de l’ancien monde se connaissaient, commerçaient par la route continentale de la soie, échangeaient des diplomates. Quant aux royaumes indiens de l’Indus et du Gange, ils restèrent presque toujours divisés, même si leur civilisation gagna la Birmanie, la Thaïlande et l’Indonésie (aujourd’hui encore, l’île de Bali est hindouiste). Les Perses, sous le nom de Parthes, avaient bien reconstitué un État, mais plus petit.
Les Romains, eux, régnèrent cinq siècles durant, de l’Écosse à l’Arabie, de la Crimée à l’Afrique du Nord. Ils se sont autolimités, contrairement à Alexandre. Ils ne s’emparèrent que du sud de la Germanie, et ils évacuèrent volontairement l’Écosse, trop pluvieuse pour eux, se contentant d’édifier au nord de l’Angleterre une « muraille de Chine » (encore visible) pour contenir les Barbares. Cette ligne fortifiée, le limes, entourait d’ailleurs l’Empire entier. Il y avait un limes germanique au nord et un limes saharien au
Weitere Kostenlose Bücher