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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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des prêtres dont Juarez avait fermé les couvents et saisi les biens. L’archevêque de Mexico n’était-il pas venu à Saint-Cloud implorer l’empereur des Français de rendre le Christ au Mexique ? Prière que l’Espagnole et pieuse Eugénie n’avait pu entendre sans y mêler la sienne.
    L’Empire proclamé, restait à trouver un empereur. C’est alors que l’on avait songé à Maximilien, qui n’avait rien à faire et que Napoléon III connaissait et appréciait. Ce couple impérial, beau et séduisant, soulèverait l’enthousiasme.
    Au cours de longs mois, tandis que Charlotte trépignait d’impatience, des courriers s’établirent entre Miramar et Paris. Avec aussi Vienne et Bruxelles. Finalement, Maximilien s’engagea à payer les dettes du Mexique en quelques années, tandis que Napoléon III s’engageait à établir l’empereur sur son trône grâce aux 20 000 hommes qu’il avait là-bas, et à laisser la Légion étrangère six années durant pour affermir le trône. De son côté, François-Joseph leva par volontariat un régiment hongrois, et à Bruxelles, Léopold I er en faisait autant. Napoléon III, en outre, fournirait encore de l’argent.
    Enfin, les tractations prirent fin et le 10 avril 1864, dans la grande salle du trône de Miramar, Maximilien et Charlotte furent proclamés empereur et impératrice du Mexique. L’émotion fut si forte pour le nouvel empereur que le soir même, pris de fièvre, il dut se coucher.

Visites d’adieu
    Le samedi 5 mars 1864, la foule se massait aux environs de la gare du Nord autour d’une file de voitures qu’environnait un escadron de dragons de l’impératrice et que surveillait un épais bataillon de policiers, en civil aussi bien qu’en uniforme. Il était un peu moins de seize heures et l’on attendait le train de Bruxelles, qui amenait pour une visite protocolaire le futur couple impérial mexicain : l’archiduc Maximilien et l’archiduchesse Charlotte.
    Les travaux de construction de la gare n’étaient pas encore tout à fait terminés mais, sur le quai recouvert d’un long tapis rouge, un officier en grand uniforme, une dame en crinoline attendaient le train princier. L’officier était l’amiral Jurien de la Gravière, aide de camp de l’empereur Napoléon III, et la dame, la comtesse de la Pœze, dame du Palais. Tous deux constituaient le comité de réception chargé d’accueillir les hôtes illustres et de les conduire aux Tuileries. Le choix de ces deux personnes n’était pas dû au hasard. L’amiral de la Gravière avait commandé trois ans plus tôt les forces françaises envoyées au Mexique. Quant à Madame de la Pœze, fille du marquis de la Rochelambert, elle appartenait à l’une des vieilles familles de l’Ancien Régime et ne pouvait qu’être agréable à une archiduchesse d’Autriche, fille du roi des Belges Léopold I er , et petite-fille de Louis-Philippe I er , roi des Français. C’était une jeune femme très mince, très petite, et d’allure si aérienne que les bonnes langues de la cour impériale l’avaient surnommée « le Rideau flottant ».
    À l’heure dite, avec une belle exactitude, le train entrait en gare et peu après les nobles voyageurs posaient le pied sur le sol parisien. Partis à dix heures du matin, ils n’avaient guère mis que six heures pour couvrir la distance entre Bruxelles et Paris, ce qui était pour l’époque une assez jolie performance.
    Les futurs souverains du Mexique formaient incontestablement un beau couple. Ils étaient jeunes, ils étaient sympathiques, et le peuple de Paris ne leur ménagea pas les acclamations. On criait : « Vive Madame l’archiduchesse » ou : « Vive le Mexique » avec beaucoup de chaleur. Le couronnement n’étant pas encore intervenu, les jeunes gens n’avaient pas droit au titre impérial.
    La suite des princes n’était pas nombreuse. Elle se composait du comte et de la comtesse Zichy, née Metternich, de la comtesse Paula Kollonitz, du baron de Pont, du marquis Corio, du comte de Lutzow et du chevalier Schertzenlechner. Tout le monde s’engouffra dans les calèches et l’on prit le chemin des Tuileries, où l’empereur et l’impératrice attendaient leurs invités sur l’escalier d’honneur. L’accueil fut chaleureux. L’impératrice Eugénie offrit aussitôt à Maximilien une médaille d’or de la Madone en formant le vœu qu’elle lui portât bonheur. À Charlotte, elle réservait une mantille de

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