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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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dirigeants du mouvement de la Résistance. Il était évident que Moll n’avait reçu aucun écho de notre plan de soulèvement.
    À la fin de l’été de 1944, le nombre des convois de déportés sur la rampe de Birkenau diminua. À cette époque, Moll fut l’objet d’un déplacement qui nous surprit. Selon certains, il avait été détaché comme chef de camp au centre de concentration annexe de Gleiwitz I.
    Quelques jours après son départ, il y eut du nouveau au commando spécial. Un certain après-midi, on fit descendre dans la cour tous les détenus du crématoire IV. Il y avait là le Scharführer Busch, Gorges et quelques S.S. du détachement politique parmi lesquels l’Oberscharführer Houstek. Busch prit la parole et fit connaître qu’il avait besoin de 200 hommes pour le commando d’un autre camp ; les conditions de vie dans ce nouveau poste étaient convenables et nettement meilleures qu’ici. Il invita les détenus qui étaient disposés à participer à ce commando à se faire connaître.
    Un silence de mort régnait dans la cour. Aucun détenu ne bougea, surtout pas les nouveaux venus du commando spécial. Ils savaient exactement ce que signifiait cette proposition. Busch avait-il la naïveté de penser que l’un d’entre nous était disposé à poser sa candidature pour l’abattoir ? Quelques minutes passèrent dans cette attente. Les S.S. délibéraient pour savoir ce qu’il convenait de faire. Puis Gorges et Busch s’avancèrent et « sélectionnèrent » dans nos rangs quelques détenus qui durent se placer sur le côté opposé en face de nous. Ils notèrent les numéros d’immatriculation et les titulaires des numéros inférieurs furent exclus de la « sélection ». Après la désignation des 200 candidats à la mort, Moll fit soudain irruption sur sa motocyclette. Il était évident qu’il avait été appelé ici au sujet de la « sélection ». Sa venue parmi nous avait pour moi le même sens que l’apparition du bourreau au lieu d’exécution. Un peu plus tard, quelques surveillants S.S. armés arrivèrent dans le secteur et conduisirent sous leur garde les détenus « sélectionnés ».
    Nos sombres pressentiments se confirmèrent la nuit suivante. Pour la première fois dans l’histoire d’Auschwitz, des S.S. se chargèrent du travail des détenus du commando spécial et incinérèrent les corps des camarades « sélectionnés » dans l’après-midi. Nous apprîmes de nos camarades qui vivaient dans les combles du crématoire II ce qui s’était passé pendant la nuit sous leurs yeux. Quelques S.S. venaient de faire irruption et leur avaient interdit de descendre l’escalier menant au sous-sol. On devait, paraît-il, incinérer un grand nombre de civils qui avaient été tués au cours d’un bombardement aérien.
    Mais on voulait en réalité nous donner le change et masquer la vérité. Lorsque les chauffeurs étaient descendus dans le sous-sol le jour précédent pour mettre les fours en état de marche, ils avaient constaté que les S.S. qui, la nuit précédente, s’étaient servis des fours n’avaient pas réussi à effacer les traces de l’élimination de nos camarades « sélectionnés » la veille. Ils avaient en effet découvert dans quelques fours des restes de cadavres qui n’avaient pas été entièrement consumés et qui pouvaient encore être identifiés.
    Lorsque cette nouvelle se répandit, ce furent de nouveau la consternation et le désespoir parmi nous. Qu’allions-nous devenir, si les transports sur la rampe continuaient à s’espacer ? Lorsque la fabrique de mort fonctionnait à plein régime, il n’y avait pas lieu de trop nous inquiéter, pensions-nous. Mais, maintenant, le nombre des détenus indispensables dans l’industrie de la mort diminuait de jour en jour.
    Une opération de « sélection » pouvait être décidée chaque jour pour le lendemain. La destruction humaine en masse avait été suspendue dans le bunker V. Dans les fosses situées à l’arrière du crématoire V on ne procédait plus depuis quelque temps aux incinérations. On avait à cet effet remis en exploitation les fours de cette installation.
    Comme nous le redoutions, une dernière opération de « sélection » eut lieu le 7 octobre. Quelques jours auparavant, le Scharführer Busch avait convoqué tous les kapos du crématoire V et du bunker V et leur avait expliqué qu’il avait besoin de 300 hommes pour un commando chargé de

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