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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mal la chose, si j’ai bien compris ?
    — Encore plus mal que ça ! Maman s’est évanouie, Papa s’est emporté comme je n’avais jamais vu et puis, quand il a eu fini de tout mettre à feu et à sang dans son cabinet, il a décidé que nous irions en France sans délai, Maman, mes frères et moi, parce qu’il n’était décidément pas possible, en Espagne, de faire de nous autre chose que des sauvages. Il nous envoie à l’un de ses correspondants à Paris, un certain M. de Boisgeloup, conseiller au Parlement, qui nous hébergera dans son hôtel de l’île Saint-Louis le temps que nous trouvions une maison à nous. Voilà toute l’histoire.
    — Seulement, conclut Gilles, votre père était si pressé qu’il n’a pas eu le temps d’apprendre qu’il fallait un laissez-passer pour franchir la frontière ?
    — Bien sûr que si, soupira Thérésia. Papa n’oublie jamais rien. Mais vous connaissez Maman. C’est une tête folle : elle a oublié le fameux laissez-passer sur sa table à coiffer. Mais demain matin nous entrerons tout de même en France. Voilà pourquoi je dis que je viens vous aider.
    — Comment ferez-vous ?
    — Je vous ai réveillé, n’est-ce pas, et vous dormiez bien ? Vous n’avez pas entendu arriver un cavalier ?
    — Ma foi, non. Je dormais, en effet.
    — C’était un serviteur de mon père qui nous courait après depuis Madrid. Il apportait le maudit papier. Alors, demain, nous vous faisons passer la frontière avec nous… ce que votre belle amie ne saurait faire, toute duchesse d’Albe qu’elle est !
    — Tout simplement ? Et vous me ferez passer comment ?…
    Thérésia se leva, alla coller son oreille à la porte puis déclara avec satisfaction :
    — On va vous le dire car je crois que les voilà…
    Avant que Gilles ait pu protester, elle avait entrouvert la porte pour livrer passage à ses deux frères aînés, François quatorze ans et Dominique treize ans, qui arrivaient sur la pointe des pieds avec des mines de conspirateurs.
    — Alors ? interrogea impérieusement Thérésia. Où en êtes-vous ?
    François, l’aîné, beau garçon brun qui avait beaucoup de points communs avec sa sœur, fouilla sous les basques de son habit et en tira un petit paquet enveloppé dans un chiffon douteux.
    — J’ai ce qu’il faut. Près de l’église, il y a une espèce d’apothicaire que m’a indiqué le gardien du château. Je lui ai dit que j’avais un cheval tellement nerveux qu’il n’arrivait plus à dormir. Il m’a donné ça.
    — Il paraît que c’est excellent, renchérit le jeune Dominique, un blondinet qui avait hérité de sa mère la langue agile et 1’œil fureteur. Avec le tiers d’une once il dormira comme un bienheureux pendant vingt-quatre heures…
    Les bras croisés et l’œil en bataille, Gilles avait assisté à l’invasion de son domaine.
    — Et si vous m’expliquiez ce que vous êtes en train de mijoter, messieurs ? Je ne doute pas de la pureté de vos intentions mais vos préparatifs m’inquiètent. Si j’ai bien compris, vous songez à endormir quelqu’un ?
    Dominique leva sur lui un regard non seulement bleu mais angélique.
    — Notre précepteur, Don Bartholomeo ! Il aime beaucoup le vin. Ce soir on lui en servira un grand pot, du meilleur pour qu’il ne soit pas malade, et on lui mettra de cette poudre dedans.
    — Une fois qu’il dormira, continua François, on lui enlèvera ses vêtements, on l’installera confortablement, on donnera de l’argent à l’aubergiste pour qu’il s’occupe de lui après notre départ…
    — Et vous, conclut triomphalement Thérésia, vous mettrez ses habits et vous prendrez sa place dans notre voiture. Ainsi vous rentrerez en France sans ennui puisque le laissez-passer mentionne un précepteur ecclésiastique. Est-ce que ce n’est pas bien imaginé ?
    Sous l’œil admiratif des deux garçons, Gilles saisit Thérésia par la taille, l’enleva de terre aussi aisément que si elle n’eût pas pesé plus qu’une enfant de cinq ans et l’embrassa sur chacune de ses joues rondes et duvetées.
    — À merveille ! s’écria-t-il en riant. Vous êtes de véritables amis… et d’admirables conspirateurs. Mais…
    — Ah non ! protesta Thérésia déjà prête à pleurer. Vous n’allez pas refuser ?
    — Mais si, je vais refuser. En vous remerciant de tout mon cœur mais refuser tout de même.
    — Mais pourquoi ? firent les trois enfants avec un bel

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