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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Corps.
    Le sourire de Vergennes s’épanouit littéralement.
    — La Compagnie Écossaise, celle qui possède les plus grands privilèges ? À merveille, Sire ! Je vais, de ce pas, rapporter fidèlement à l’ambassadeur les paroles du Roi.
    — Ma parole, on dirait que cela vous fait plaisir ? Pourtant, tout à l’heure, vous aviez une mine à demander la tête de tout un régiment !
    — Je ne pouvais que compatir aux soucis du comte d’Aranda, Sire, mais j’étais prêt… s’il ne s’était déjà pourvu d’un avocat bien meilleur que moi, à assumer moi-même la défense du coupable car l’eussions-nous livré à l’Espagne que nous eussions été perdus de réputation aux yeux de tous nos alliés américains. Ni le général Washington, ni Monsieur Franklin, ni le général de La Fayette, bien sûr, ne nous l’auraient pardonné. Nous étions, à coup sûr, taxés de féodalisme rétrograde…
    Le ministre des Affaires étrangères reparti, Louis XVI tendit le document à Gilles qui, pour le recevoir, mit à nouveau le genou en terre, mais sans pouvoir dire un seul mot car l’émotion l’étranglait. Simplement, il saisit la main du Roi et, avec un respect infini, il y posa ses lèvres.
    — Eh bien, Monsieur, dit Louis XVI avec bonhomie, êtes-vous content de votre Roi ?
    Miraculeusement, les cordes vocales de Gilles se remirent à fonctionner.
    — Sire, dit-il, c’est la seconde fois que Votre Majesté me rend la vie. La première fois, ce fut en consentant à entériner le testament de mon père ; cette fois c’est en me protégeant avec cette royale générosité. Je lui ai toujours appartenu mais désormais, puisque je vais avoir l’honneur d’être gardien de sa personne, je veux que le Roi sache qu’il peut tout exiger de moi, tout attendre de mon dévouement et, si gerfaut il y a, je serai à l’avenir celui du Roi, qu’il pourra lancer à quelque instant que ce soit, sur quelque ennemi que ce soit, dans la paix comme dans la guerre, dans l’ombre comme dans la lumière.
    Une émotion anima le visage lourd de Louis XVI tandis qu’il considérait celui, passionné, tendu vers lui, contrastant avec ce regard de glace bleue qui donnait au jeune officier un aspect si redoutable.
    — Soit, Monsieur ! Le Roi accepte votre hommage et enregistre votre promesse. Vous serez donc une arme sûre dans sa main, une arme dont il n’usera, soyez-en certain, que pour les plus justes causes. Vous serez à l’avenir le Gerfaut du Roi mais seulement pour trois personnes : moi, vous et… Monsieur de Rochambeau ici présent qui est témoin de votre engagement.
    — Et qui témoigne dès maintenant que Votre Majesté n’aura jamais de meilleur serviteur que ce jeune homme car il est de ceux qui, jadis, eussent siégé avec honneur à la Table Ronde. Le Roi permet-il que je le remercie ?
    Pour toute réponse, Louis XVI serra les mains des deux hommes qui se retirèrent, le cœur plein de joie. Gilles, encore secoué par l’émotion qui l’avait bouleversé, ne parvenait pas à réaliser ce qui lui arrivait. Il était venu à Rochambeau comme l’homme en train de se noyer tend la main vers la seule branche à sa portée et Rochambeau, d’ailleurs, ne lui avait pas caché à quel point son affaire était grave. Le Roi eût-il accepté de respecter à la lettre les termes du Pacte de Famille que le coupable était, sinon livré au bûcher, du moins incarcéré à la Bastille et conduit à l’échafaud dans les plus brefs délais. Mais Louis XVI préférait visiblement ses sujets à tous les pactes, à tous les papiers officiels. Il savait jauger un homme et, au lieu de rejeter dans les ténèbres extérieures celui que recherchait son cousin, il le gardait sous sa main royale et, plus encore, se confiait à lui.
    En quittant le palais où tout se préparait pour l’heure importante entre toutes qu’était le souper du Roi, Gilles ne put retenir un frémissement de joie en franchissant les portes gardées par ceux qui, demain, seraient ses camarades : les Gardes du Corps, le premier des régiments de la Maison du Roi, celui pour lequel les quartiers de noblesse étaient obligatoires autant que la haute taille et la régularité du visage 7 . Demain, il porterait avec orgueil l’uniforme bleu fumée soutaché d’argent, à grands revers et col rouges galonnés, les culottes de daim blanc enfoncées dans les grandes bottes vernies à entonnoir, le grand bicorne à cocarde et

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