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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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et mentalement  – les tendres remarques que tu faisais chaque jour et la façon que tu avais de fermer les yeux sur les nombreux sujets d ’ irritation qui auraient énervé une autre femme… Je me souviens même d ’ un jour, quand tu étais enceinte de Zindzi et que tu essayais de te couper les ongles. Je me souviens aujourd ’ hui de ces incidents avec un sentiment de honte. J ’ aurais pu le faire pour toi. Je ne sais pas si j ’ en étais conscient ou non, mais mon attitude était   : j ’ ai fait mon devoir, un deuxième gosse est en route, tes problèmes à cause de ta condition physique te regardent. Ma seule consolation, c ’ est de savoir qu ’ à l ’ époque je menais une vie dans laquelle j ’ avais à peine le temps de penser. Mais je me demande comment ce sera quand je rentrerai…
    Ta magnifique photo est toujours à quelques centimètres de mon épaule gauche tandis que je t’écris. Je l’essuie soigneusement chaque matin et ainsi j’ai la sensation agréable que je te caresse comme autrefois. Je touche même ton nez pour retrouver le courant électrique qui me passait dans le sang quand je le faisais. Nolitha se tient sur la table devant moi. Comment pourrais-je perdre courage alors que je suis entouré des tendres attentions d’aussi jolies dames   ?
     
    Nolitha était la seule personne qui n’appartenait pas à la famille et dont je gardais la photo. J’ai révélé le secret de son identité à ma fille Zindzi, dans une autre lettre de 1976.
     
    A propos, est-ce que maman t ’ a parlé de Nolitha, l ’ autre dame de ma cellule, qui vient des îles Adaman   ? Elle vous tient compagnie, à toi, à Zeni, Ndindi, Nandi, Mandla [les trois derniers étant mes petits-enfants], Maki et maman. C ’ est une question sur laquelle les commentaires de maman sont étonnamment rares. Elle considère cette beauté pygmée comme une sorte de rivale et me soupçonne de ne pas avoir trouvé sa photo dans le National Geographic.
     
    Je pensais en permanence au jour où je marcherais librement. Je ne cessais d’imaginer ce que j’aimerais faire alors. C’était une des façons les plus agréables de passer le temps. De nouveau, en 1976, je mettais mes rêves éveillés sur le papier.
     
    J’aimerais t’emmener en voiture pour un long, long voyage, comme le 12 juin 1958, avec comme différence que cette fois je préférerais que nous soyons seuls. Je suis si loin de toi depuis si longtemps que la première chose que j’aimerais faire à mon retour ce serait de t’emmener loin de cette atmosphère étouffante, de conduire prudemment pour que tu puisses respirer un air frais et propre, en regardant les beaux paysages d’Afrique du Sud, les prairies et les arbres verts, les fleurs sauvages éclatantes, les cours d’eau étincelants, les animaux en train de paître dans le Veld, et que tu puisses parler aux gens simples que nous rencontrerions en route. Notre première étape serait l’endroit où reposent Ma Radebe et CK [la mère et le père de Winnie], J’espère qu’ils sont côte à côte. Je pourrais ainsi rendre hommage à ceux qui m’ont permis d’être aussi heureux et libre que je le suis en ce moment. Peut-être, les histoires que j’ai tant voulu te raconter pendant toutes ces années commenceront-elles là. L’atmosphère aiguisera sans doute ton oreille et m’obligera à me concentrer sur les aspects élégants, édifiants et constructifs. Ensuite, nous recommencerons près de Mphakanyiswa et de Nosekeni (mes parents), où l’environnement sera le même. Je pense qu’alors nous serons régénérés et solides pour revenir au 8115.
     
    Quand les autorités nous ont autorisés à recevoir des photos des membres de notre famille proche, au début des années 70, Winnie m’a envoyé un album. A chaque fois que je recevais des photos de Winnie, des enfants ou des petits-enfants, je les collais soigneusement dedans. Je gardais jalousement mon album   ; grâce à lui je pouvais voir ceux que j’aimais quand je le voulais.
    Mais en prison, il n’existe pas de privilège sans entraves. J’avais le droit de recevoir des photos et d’avoir un album, mais les gardiens fouillaient souvent ma cellule et confisquaient mes photos de Winnie. Pourtant, cette habitude de prendre les photos cessa, et je me constituai un album plein à craquer des photos de toute ma famille.
    Je ne sais plus qui m’a demandé le premier de me l’emprunter, sans aucun doute quelqu’un de

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