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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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rivage tant que les secours n’étaient pas
correctement organisés. Où était donc passé Merthin ?
    Une femme rampait hors de l’eau. Caris s’avança jusqu’à elle
pour l’aider à se remettre sur ses pieds. C’était Griselda. Sa robe trempée
collait à son corps, révélant ses seins épanouis et les rondeurs de ses
hanches. La sachant enceinte, Caris demanda sur un ton impatient :
« Tout va bien ?
    — Je crois.
    — Tu ne saignes pas ?
    — Non.
    — Rends grâces au Seigneur ! »
    Caris, qui guettait l’arrivée de Merthin, l’aperçut sortant
du jardin de Ben le Rouleur à la tête d’un petit escadron d’hommes dont
certains portaient la livrée du comte. Elle le héla : « Viens prendre
le bras de Griselda. Aide-la à remonter au prieuré. Qu’elle s’asseye et se
repose ! » Et d’ajouter sur un ton rassurant : « Elle n’a
rien, ne t’en fais pas. »
    Remarquant l’air gêné de ses compagnons, elle prit
brutalement conscience de l’étrange triangle qu’ils formaient à eux
trois : la future mère, le père de l’enfant et la femme aimée.
    Elle tourna les talons pour aller donner des ordres aux
hommes, brisant le charme qui les tenait immobilisés.
    *
    Gwenda resta un long moment à pleurer sans pouvoir
s’arrêter. Ce n’était pas seulement le bris de sa fiole qui suscitait ses
larmes, car si Mattie et Caris avaient échappé à la catastrophe, elles lui
prépareraient un nouveau philtre. Non, ce qui la désespérait, c’était tout ce
qu’elle avait subi au cours de ces dernières vingt-quatre heures, de la
trahison de son père à ses pieds endoloris.
    Le fait d’avoir tué deux hommes ne suscitait en elle aucun
remords : Sim et Alwyn avaient mérité leur sort. Ils avaient tenté de
l’asservir et de la prostituer. D’ailleurs, les tuer n’était même pas un
meurtre puisque c’étaient tous deux des proscrits. Mais tout de même !
Elle en avait les mains qui en tremblaient encore. D’un côté, elle exultait
d’avoir vaincu ses ennemis et regagné sa liberté ; de l’autre, le souvenir
de ses actes la laissait pantelante. Elle n’était pas près d’oublier les brutales
contractions de Sim à la fin, ni l’expression d’Alwyn quand la pointe de son
couteau était ressortie de son orbite. Assurément, ces images reviendraient
hanter ses rêves. Et sous l’emprise de sentiments aussi violents et
contradictoires, elle était prise d’un tremblement impossible à contrôler.
    Pour chasser ces funestes pensées, elle se força à réfléchir
à tous ceux qu’elle connaissait qui avaient pu trouver la mort dans
l’effondrement du pont. Ses parents avaient eu l’intention de quitter
Kingsbridge hier. Mais son frère, Philémon ? Caris, sa meilleure
amie ? Wulfric, le garçon qu’elle aimait ?
    Relevant les yeux, elle fut immédiatement rassurée sur le
sort de Caris, en la voyant s’affairer sur la rive opposée. Aidée de Merthin,
elle mettait en place les secours, semblait-il. Un sentiment de gratitude
inonda son cœur : au moins, elle n’était pas seule au monde.
    Mais Philémon ? C’était la dernière personne qu’elle
avait aperçue sur le pont ; il devait être tombé dans l’eau tout près
d’elle. Où était-il maintenant ? Elle ne le voyait nulle part.
    Et Wulfric ? Le spectacle d’une sorcière promenée en
ville et flagellée ne devait pas être de ceux qu’il appréciait. Cependant,
c’était aujourd’hui qu’il était censé rentrer à Wigleigh avec sa famille. Il
était donc possible – Dieu l’en préserve – qu’il se soit retrouvé sur le pont
au moment de la catastrophe. Prise de frénésie, Gwenda se mit à scruter la
rivière à la recherche de cheveux roux visibles de loin, priant le ciel pour
qu’elle l’aperçoive nageant vigoureusement vers le rivage et non flottant entre
deux eaux. Mais aucune des têtes qui remuaient encore n’avait ses cheveux
flamboyants.
    Elle décida de traverser la rivière. En s’agrippant à une
grosse pièce de bois, elle parviendrait certainement à se maintenir à flot et
elle avancerait en battant des pieds. Elle trouva une planche, la tira hors de
l’eau et remonta la rivière sur une bonne distance pour ne pas risquer d’être
prise au milieu de tous les corps. Elle se jeta à l’eau. Skip la suivit
courageusement. La traversée s’avéra plus difficile que prévu ; sa
robe mouillée entravait ses mouvements.
    La berge atteinte, elle s’élança

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