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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Saint-Marc,
la ville de Kingsbridge tout entière s’offrait à la vue de Merthin. Blotti au
creux du coude de la rivière, le prieuré devait occuper à lui seul un bon quart
de la cité au sud-est, si l’on comptait les divers bâtiments du monastère et
les terrains attenants, c’est-à-dire le cimetière, l’esplanade du marché, le
verger et le potager. Pour l’heure, des serviteurs étaient en train de ramasser
des légumes, de nettoyer l’étable ou de décharger les barils d’un chariot. La
cathédrale, quant à elle, ressemblait à un chêne au milieu d’un champ d’orties.
    Le centre de la ville se trouvait tout à côté. Ce quartier,
concentré principalement autour de la grand-rue, s’élançait de la berge du
fleuve pour prendre d’assaut la colline comme l’avaient fait les moines aux
tout débuts de leur installation à Kingsbridge, il y avait de cela des
centaines d’années, lorsqu’ils avaient édifié les premiers bâtiments de leur
monastère. Il était habité aujourd’hui par la frange aisée de la population, et
ces gens portant d’élégants manteaux de laine aux couleurs éclatantes étaient
de riches marchands. Ils sillonnaient la grand-rue d’un pas déterminé, toujours
pressés par quelque affaire. Au nord du prieuré, une autre artère traversait la
ville en son milieu, perpendiculairement à la rue principale, c’est-à-dire
d’ouest en est. Le vaste toit que l’on distinguait à l’angle de ces deux rues
était celui de la guilde, le plus grand bâtiment de la ville après le prieuré.
    Plus bas dans la grand-rue, à mi-chemin de la rivière, on
pouvait voir le portail du prieuré et, juste à côté, l’auberge de La Cloche. En
face s’élevait la demeure de la famille de Caris, l’une des plus grandes de la
ville. Pour l’heure, devant La Cloche, quelqu’un haranguait une foule
recueillie. Ce devait être Murdo, le frère lai qui n’était affilié à aucun ordre
monastique semblait-il. Resté à Kingsbridge après l’effondrement du pont, il
profitait du désarroi des survivants pour se remplir les poches. Ses sermons
passionnés au coin des rues lui rapportaient quantité de pièces d’argent d’un
demi-penny ou d’un quart de penny. Aux yeux de Merthin, c’était un escroc qui
masquait son cynisme et son avidité sous une sainte colère et de fausses
larmes, mais bien peu de gens le suivaient dans cette opinion.
    Du pont au bas de la grand-rue, il ne demeurait que des
tronçons saillant de l’eau. Sur la rivière, on pouvait voir le bac transportant
d’une rive à l’autre un chariot chargé de troncs d’arbres. Au sud-est
s’étendait la partie industrielle de la ville. Les grandes bâtisses, qui s’y
dressaient sur de vastes terrains, abritaient des abattoirs, des tanneries, des
brasseries, des boulangeries et toutes sortes d’ateliers. Considéré par les
notables comme un quartier sale et nauséabond, ce faubourg de Kingsbridge était
néanmoins le lieu où les fortunes se faisaient. À cet endroit, la rivière
s’élargissait et se divisait en deux bras. Dans sa barque à rames, Ian, le
batelier, était en train de conduire un passager à l’île des lépreux. Il devait
s’agir d’un moine apportant des vivres au dernier malade maintenu en isolement
là-bas. Le long de la rive, les entrepôts se succédaient et l’on distinguait
les barges et les radeaux accostés aux différentes jetées pour décharger des
marchandises. Au-delà, Villeneuve prolongeait ses sinueuses rangées de masures
entre des pâturages, des vergers et des potagers. Ces terres appartenaient au
prieuré, c’était d’elles que les moines et les religieuses tiraient leur
subsistance.
    Le nord de la ville était peuplé de miséreux, de personnes
âgées, de veuves, de travailleurs boudés par le succès. Leurs habitations se
blottissaient autour d’une église aussi pauvre qu’eux, mais dont la pauvreté
même avait fait le bonheur de Merthin puisqu’elle avait obligé le curé à
l’engager comme charpentier, voilà maintenant quatre semaines.
    À la demande du père, le jeune homme avait donc construit
une grue pour réparer le toit de Saint-Marc. Caris avait persuadé son père de
lui prêter l’argent nécessaire pour acheter des outils, et Merthin avait engagé
pour l’aider dans sa tâche un gamin de quatorze ans du nom de Jimmie, qu’il
payait un demi-penny par jour.
    Aujourd’hui la grue était achevée. Merthin devait effectuer
les premiers

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