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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de
cheveux noirs qui dépassaient de son pansement étaient coupés et coiffés comme
il se devait. Il portait une courte tunique pourpre et un pantalon propre, dont
les jambes étaient de deux couleurs différentes, comme le voulait la mode,
l’une jaune et l’autre rouge. Bien qu’il soit sur son lit, il portait un
poignard à la ceinture et il était chaussé de courtes bottes de cuir. Son fils
aîné, William, se tenait près de lui, accompagné de sa femme, dame Philippa. À
quelques pas de là, assis à une écritoire, des plumes et de la cire à cacheter
devant lui, se tenait le père Jérôme, le jeune prêtre en soutane qui lui tenait
lieu de secrétaire. Le message était clair : le comte était de retour aux
affaires.
    « Le sous-prieur est-il là ? » s’enquit-il
d’une voix claire et forte.
    Godwyn, devançant Siméon, répondit : « Le
sous-prieur Carlus souffre d’une chute et se trouve lui-même alité dans cet
hospice, mon seigneur. Je suis le sacristain, frère Godwyn. Frère Siméon, qui
m’accompagne, est notre trésorier. Nous remercions Dieu d’avoir guidé les mains
des moines qui se sont occupés de vous et ont ainsi permis votre rétablissement
miraculeux.
    — C’est le barbier qui a recollé ma tête brisée, dit
Roland. C’est lui qu’il faut remercier. »
    Le comte n’ayant pas bougé la tête, Godwyn ne pouvait
discerner distinctement ses traits. Pourtant, il eut la curieuse impression que
son visage demeurait inexpressif. Sa blessure lui aurait-elle laissé des
séquelles permanentes ?
    « Avez-vous tout ce qu’il vous faut pour votre
confort ?
    — Quand je manquerai de quelque chose, vous le saurez
dans l’instant. Maintenant, écoutez-moi. Ma nièce, Margerie, doit épouser le
plus jeune fils du comte Roger de Monmouth.
    Je présume que vous êtes au courant.
    — Oui, répondit Godwyn, et la vision de la jeune fille
étendue sur le dos dans cette même pièce, ses jambes blanches levées au ciel,
et forniquant avec son cousin Richard, l’évêque de Kingsbridge, s’imposa à son
esprit.
    — Le mariage a été retardé en raison de ma
santé. » Pourquoi mentait-il ? se demanda Godwyn, car le pont s’était
effondré un mois plus tôt. Probablement tenait-il à montrer que ses blessures
ne l’avaient pas diminué, que sa puissante famille était toujours digne de
s’allier à celle du comte Roger.
    Roland poursuivait : « Le mariage aura lieu dans
la cathédrale de Kingsbridge, dans trois semaines à compter de ce jour. »
    Selon les conventions, le comte aurait dû soumettre une
demande et non pas ordonner. Un prieur dûment élu aurait réagi avec raideur à
son attitude. Ne voyant pas de raison de lui opposer un refus, Godwyn promit
d’engager les préparatifs nécessaires.
    « Je veux que le nouveau prieur soit en place, le jour
de la cérémonie », ajouta Roland.
    Siméon émit un grognement de surprise.
    Cette hâte servait remarquablement les objectifs de Godwyn,
qui s’empressa de répliquer : « Très bien. Jusqu’aujourd’hui, nous
avions deux candidats mais notre sous-prieur, frère Carlus, vient de laisser sa
place à frère Thomas, le maître d’œuvre. Nous pouvons donc procéder à
l’élection dès que vous le souhaiterez.
    — Permettez ! » intervint Siméon, pour qui
ces paroles signifiaient la défaite.
    Mais Roland ne l’écoutait pas. « Je ne veux pas de
Thomas ! »
    Voilà bien une chose à laquelle Godwyn ne s’attendait pas.
    Siméon sourit, satisfait de ce sursis. Godwyn, sous le choc,
tenta d’objecter. « Mais, mon seigneur...»
    Roland ne permit pas qu’on l’interrompe. « Faites venir
mon neveu, Saül Tête-Blanche, de l’abbaye de Saint-Jean-des-Bois ! »
    Un mauvais pressentiment envahit Godwyn. Saül avait son âge.
À l’époque de leur noviciat, ils avaient été amis ; ils avaient suivi
leurs études ensemble à Oxford. Depuis, ils avaient pris des voies différentes :
Saül s’était retiré dans la dévotion, Godwyn avait choisi le monde. À présent,
Saül exerçait les fonctions de prieur dans un ermitage dépendant de l’abbaye.
Il était intelligent, dévot, et aimé de tous. L’humilité lui tenant à cœur, il
n’aurait jamais présenté sa candidature à l’élection du prieur.
    « Faites-le venir aussitôt que possible, exigea Roland.
C’est lui que je nommerai prieur de Kingsbridge. »

 
21.
    De là où il était assis, sur le toit de l’église

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