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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dit Merthin à Bessie.
Un, trois, neuf, treize ! Mais treize, c’est beaucoup trop ! Il faut
que j’en enlève... Douze, onze, dix, compta-il tout en retirant trois grains.
Voilà, maintenant tu as tes dix grains.
    — Mais non, elle n’en a qu’un ! s’exclama Lolla,
qui trouvait le jeu follement drôle.
    — Tu crois que j’aurais encore mal compté ?
    — Oh, c’est sûr. On peut te faire confiance !
N’est-ce pas, Bessie ? On sait qu’il est roué, le mâtin !
    — Alors, compte-les toi-même ! »
    La porte de l’auberge s’ouvrit. Un souffle d’air glacé
précéda l’entrée d’une Caris emmitouflée dans une épaisse houppelande. Merthin
sourit. Chacune de leurs rencontres était pour lui l’heureuse occasion de
constater qu’elle était toujours en vie.
    « Bonjour, ma sœur ! l’accueillit Bessie. Tu es
bien bonne de te souvenir de mon père. » Son regard méfiant tempérait
l’amabilité de son propos.
    « Sa disparition m’afflige, c’était un homme de
cœur », répondit Caris.
    En les écoutant échanger des phrases aussi convenues,
Merthin découvrit à son étonnement que ces deux femmes s’estimaient rivales et
il se demanda ce qu’il avait fait pour susciter un tel intérêt.
    « Merci, disait Bessie. Je t’offre une bière ?
    — Non, merci, c’est gentil, je voudrais parler à
Merthin. » Bessie se tourna vers Lolla : « Tu viens ? On va
faire griller des noix sur le feu.
    — Oh oui ! s’exclama la petite fille et elle lui
emboîta le pas.
    — Elles ont l’air de bien s’entendre », fit
remarquer Caris. Merthin acquiesça. « Bessie a bon cœur et pas d’enfant.
    — Moi non plus, je n’ai pas d’enfant, dit Caris avec
tristesse.
    Mais peut-être n’ai-je pas bon cœur non plus. »
    Merthin posa la main sur la sienne. « Oh si, tu as bon
cœur ! Je le sais, moi. Un cœur si bon que tu ne t’occupes pas d’un enfant
ou de deux, mais de douzaines de personnes !
    — C’est gentil à toi de le penser.
    — C’est la vérité pure et simple. Comment ça va, à
l’hospice ?
    — C’est devenu insupportable. On croule sous le nombre
de mourants et l’on ne peut rien faire, sinon les enterrer. »
    Merthin éprouva un élan de compassion pour Caris, d’habitude
si capable, si sûre d’elle. Mais la fatigue se faisait sentir. Elle l’admettait
en face de lui, ce qu’elle n’aurait jamais fait devant quiconque. Il lui
dit : « Tu as l’air épuisée.
    — Je le suis, Dieu m’en est témoin !
    — J’imagine que tu t’inquiètes aussi à propos de
l’élection de votre prochaine prieure.
    — C’est à ce sujet que je suis venue te voir. Pour te
demander de l’aide. »
    Merthin hésita à répondre, tiraillé par des sentiments
contradictoires. D’un côté, il avait envie de la voir réaliser ses
ambitions ; d’un autre, il ne le souhaitait pas car, devenue prieure,
elle ne serait jamais sa femme. Au fond de lui, il caressait l’espoir de la
voir perdre l’élection et rompre ses vœux, et il se morigénait d’être aussi
égoïste. Oui, il l’aiderait quoi qu’il arrive, parce qu’il l’aimait tout
simplement. « Je t’écoute, dit-il.
    — Le sermon de Godwyn hier m’a causé grand tort.
    — Combien de temps cette ridicule accusation de
sorcellerie te collera-t-elle encore à la peau !
    — Que veux-tu, les gens sont bêtes ! En tout cas,
le sermon de Godwyn a produit son effet sur la congrégation.
    — C’était le but recherché.
    — Sans aucun doute. Jusqu’à hier, peu de sœurs
croyaient Élisabeth quand elle disait que mes masques étaient une invention
païenne. Seules ses proches amies refusaient d’en porter : Cressie,
Élaine, Jeannie, Rosie et Simone. Mais depuis que Godwyn l’a affirmé dans son
homélie, tout a changé. Les sœurs les plus impressionnables refusent maintenant
de porter un masque. D’autres préfèrent ne plus venir à l’hospice pour ne pas
avoir à choisir. Nous ne sommes plus qu’une poignée à continuer de le
porter : quatre sœurs qui me sont proches et moi-même.
    — C’est bien ce que je craignais.
    — Maintenant que mère Cécilia, Mair et la vieille Julie
ne sont plus, nous ne sommes plus que trente-deux à pouvoir participer au vote.
Pour remporter l’élection, il suffit donc d’obtenir dix-sept voix. Au début,
Élisabeth n’en avait que cinq d’assurées. Ce sermon lui en a fourni onze de
plus. En comptant sa voix, elle a

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