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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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les dix-sept requises, alors que je n’en ai
que cinq. Et même si toutes les religieuses qui hésitent encore votaient pour
moi, je n’aurais pas la majorité. »
    Merthin comprenait sa colère et la partageait. Ce devait
être affreux de se voir rejeté quand on avait accompli tant de choses pour le
bien de la communauté. « Que puis-je faire ?
    — Mon dernier espoir est l’évêque. S’il annonce qu’il
ne ratifiera pas l’élection d’Élisabeth, elle pourrait perdre plusieurs voix,
et alors j’aurais une chance.
    — Comment comptes-tu l’influencer ?
    — Personnellement, je n’ai aucun moyen d’action. Mais
tu en as, toi, ou la guilde de la paroisse.
    — Oui, je suppose.
    — Elle se réunit ce soir. Tu te rendras à cette
réunion, je présume ?
    — Oui.
    — Godwyn tient déjà la ville dans son étau. Il est
proche d’Élisabeth et s’est toujours arrangé pour favoriser sa famille qui loue
des terres au prieuré. Si elle est élue prieure, elle se montrera aussi
complaisante qu’Elfric à son égard, et il n’aura alors plus aucune opposition à
l’intérieur ou à l’extérieur du prieuré. Ce sera la mort de Kingsbridge.
    — Je vois. Je ne sais pas si la guilde acceptera
d’intervenir auprès de l’évêque. »
    À ces mots, Caris parut soudain très découragée. « Essaye
au moins. S’ils refusent, tant pis. »
    Son désespoir émut Merthin. « Je vais essayer, bien
sûr, répondit-il. Je regrette de ne pas pouvoir faire preuve d’un plus grand
optimisme.
    — Merci, conclut-elle en se levant. Je comprends que ce
ne soit pas facile pour toi. Je te remercie d’être un véritable ami. »
    Il esquissa un sourire. Il ne se souciait pas d’être un ami,
c’était un mari qu’il voulait être, mais il faisait contre mauvaise fortune bon
cœur.
    Elle sortit dans le froid.
    Merthin rejoignit Bessie et Lolla auprès de l’âtre et picora
quelques noix grillées d’un air soucieux. Godwyn avait sur la ville une
influence néfaste et, pourtant, son pouvoir ne cessait de croître. Comment
expliquer cela ? Par une ambition dénuée de scrupules ? Il est vrai
que c’était là un alliage puissant.
    Quand le soir tomba, il coucha Lolla et engagea la fille
d’un voisin pour venir la garder. Bessie confia l’auberge à Sairy, sa serveuse,
et partit avec Merthin pour la réunion de la guilde. Enveloppés dans leurs
épais manteaux, ils remontèrent la grand-rue jusqu’à la halle.
    Un tonneau de bière avait été installé au fond de la longue
salle, à l’intention des membres. En cette période de Noël, la population
semblait s’adonner aux réjouissances d’une façon quelque peu débridée, pensa
Merthin. Ils avaient beaucoup bu à la soirée de commémoration et plusieurs de
ceux qui avaient suivi Merthin de l’auberge à la guilde remplissaient à nouveau
leur gobelet comme s’ils n’avaient pas bu de bière depuis plus d’une semaine.
Boire les aidait peut-être à chasser la peste de leurs pensées.
    Outre Bessie, trois nouveaux membres venaient d’être admis à
la guilde : les fils aînés de marchands prospères décédés récemment. En
tant que suzerain de la ville, Godwyn avait tout lieu de se réjouir. L’épidémie,
par le truchement des taxes sur les héritages, allait faire grimper ses
revenus.
    Les affaires de routine expédiées, Merthin demanda la parole
pour évoquer l’élection de la nouvelle prieure.
    « Le sujet ne nous concerne pas, déclara immédiatement
Elfric.
    — Au contraire, le résultat de cette élection affectera
le commerce de notre ville pendant des années, pour ne pas dire des décennies,
répliqua Merthin. Le couvent étant l’une des entités les plus riches et les
plus puissantes de Kingsbridge, nous devons faire ce qui est en notre pouvoir
pour qu’il soit dirigé par une prieure favorable au développement du commerce.
    — Que pouvons-nous faire ? Nous n’avons pas voix
au chapitre.
    — Nous avons de l’influence. Nous pouvons envoyer une
pétition à l’évêque.
    — Ça ne s’est jamais fait.
    — Ce n’est pas une raison.
    — On connaît le nom des candidates ? intervint
Bill Watkin.
    — Excusez-moi, je pensais que tout le monde était au
courant, répondit Merthin. Il s’agit de sœur Caris et de sœur Élisabeth. Je
considère que nous devrions soutenir sœur Caris.
    — Ben voyons, ricana Elfric. Inutile de nous expliquer
pourquoi ! »
    Une cascade de rires s’ensuivit,

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