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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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épousé Elfric pour se briser
définitivement lorsque celui-ci avait témoigné contre Caris à son procès en
hérésie. Partagée entre sa sœur et son mari, Alice avait choisi son mari. Caris
ne lui en voulait pas, comprenant ses raisons, mais elle avait perdu toute
affection pour elle.
    En voyant sa sœur, Alice se leva, abandonnant sa couture.
    « Que viens-tu faire ici ?
    — Les moines ont disparu, tous jusqu’au dernier. Ils
ont dû s’enfuir pendant la nuit.
    — Ah, c’était donc ça ! s’exclama Alice.
    — Les as-tu vus ?
    — Non, mais j’ai entendu des piétinements d’hommes et
de chevaux cette nuit. Ce n’était pas très bruyant. Maintenant que j’y pense,
ils devaient veiller à ne pas faire de bruit. Mais on ne peut pas demander à
des chevaux d’être silencieux. Le bruit m’a réveillée, mais je ne me suis pas
levée pour aller voir, il faisait trop froid. C’est cette raison qui te pousse
à entrer chez moi pour la première fois en dix ans ?
    — Tu savais qu’ils s’apprêtaient à fuir ?
    — C’est ce qu’ils ont fait ? Ils se sont
enfuis ? À cause de la peste ?
    — Je présume.
    — Je n’y crois pas ! À quoi serviraient les
médecins s’ils s’enfuyaient sitôt en présence de la maladie ? Je ne
comprends pas », s’exclama Alice. Un tel comportement de la part d’un
homme pour qui son mari travaillait la troublait, visiblement.
    « Je me demandais si Elfric était au courant.
    — S’il l’est, il ne m’en a rien dit.
    — Où peut-on le trouver ?
    — À Saint-Pierre. Rick l’Argentier a légué une somme
d’argent à l’église et le prêtre voudrait refaire le dallage de la nef.
    — Je vais aller lui poser la question », déclara
Caris. Par politesse, elle se força à demander à sa sœur des nouvelles de sa
belle-fille Griselda, puisque Alice n’avait pas d’enfant elle-même.
    « Elle baigne dans le bonheur, répondit Alice avec une
pointe de défi dans la voix destinée à piquer sa sœur.
    — Et ton petit-fils ? s’enquit Caris, incapable de
se résoudre à prononcer le prénom du jeune Merthin.
    — Adorable ! Et il y en a un autre en route.
    — Je suis ravie pour Griselda.
    — Oui. Vu la façon dont les choses se sont déroulées,
c’est une chance qu’elle n’ait pas épousé ton Merthin !
    — Eh bien, je pars retrouver Elfric ! »
déclara Caris, refusant d’entrer dans le jeu.
    L’église Saint-Pierre se trouvait tout à l’ouest de la
ville. Comme Caris marchait le long des ruelles tortueuses, elle tomba sur deux
hommes en train de se battre sous les yeux d’une petite foule. Ils
s’insultaient et s’assenaient des coups violents pendant que deux femmes, leurs
épouses probablement, hurlaient qu’ils allaient se tuer. La porte d’une des
maisons était arrachée de ses gonds et à côté, par terre, il y avait une cage
faite d’osier tressé avec de vieux chiffons contenant trois poulets.
    S’étant approchée, Caris vint se placer entre les
combattants. « Arrêtez sur-le-champ, je vous le demande au nom de
Dieu ! »
    Elle n’eut pas besoin de répéter son ordre, car ils
reculèrent tous deux immédiatement en laissant retomber leurs bras. Ils
devaient avoir assouvi leur colère dès les premiers coups et cherchaient
probablement une excuse pour cesser la bagarre.
    « Sur quoi porte la dispute ? » voulut savoir
Caris.
    Ils se mirent à parler ensemble, imités par leurs épouses.
    « Une personne à la fois », ordonna Caris. Elle
désigna le plus grand des deux, un homme aux cheveux noirs, dont l’œil poché
défigurait le beau visage. « Mais... tu es Joe le Forgeron, n’est-ce
pas ? Explique-toi !
    — J’ai surpris Toby Peterson en train de voler les
poulets de Jack la Courge. Il a même défoncé sa porte. »
    Plus petit de taille, Toby avait une assurance de coq de
combat. « Jack la Courge me doit cinq shillings, éructa-t-il malgré ses
lèvres tuméfiées. Ses poulets me reviennent donc d’office !
    — C’est moi qui les nourris depuis deux semaines,
depuis que Jack et toute sa famille sont morts de la peste. Sans moi, les
poulets auraient crevé aussi. Si quelqu’un doit les avoir, c’est moi.
    — Si je comprends bien, vous considérez tous les deux
avoir droit à ces poulets, n’est-ce pas ? Toby à cause de la dette, Joe
parce qu’il les a gardés en vie à ses frais. »
    À l’idée d’avoir peut-être raison l’un et l’autre,

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