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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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et de tomber.
    Mais Théodoric avait un argument tout prêt :
« Raison de plus pour observer la règle rigoureusement. L’homme qui vit à
côté d’une taverne doit déployer une plus grande vigilance s’il ne veut pas
sombrer dans la boisson. »
    Un murmure approbateur parcourut la communauté. Les moines
appréciaient la riposte. Godwyn fit un sourire élogieux à Théodoric, qui rougit
de plaisir.
    Encouragé, un novice du nom de Juley se permit de chuchoter
d’une voix suffisamment forte pour être entendu de tous : « Comment
les femmes gêneraient-elles frère Carlus puisqu’il ne les voit pas ? »
Sa remarque suscita des rires, mais aussi des hochements de tête
désapprobateurs.
    Les choses se déroulaient de façon satisfaisante, jugea
Godwyn, jusqu’ici, la victoire semblait lui être acquise. Puis le prieur
demanda : « Que proposes-tu exactement, frère Godwyn ? »
    Anthony n’avait pas eu besoin de passer par Oxford pour
savoir qu’il était bon de forcer l’adversaire à révéler ses intentions.
    Godwyn dévoila les siennes à contrecœur : « Il
faudrait peut-être revenir aux positions en vigueur au temps du prieur
Philippe.
    — Peux-tu être plus précis ? insista Anthony.
Entends-tu par là que les religieuses doivent partir ?
    — Oui.
    — Pour aller où ?
    — Nous pourrions déplacer le couvent, en faire une
annexe hors les murs, au même titre que notre collège à Oxford ou que
l’ermitage de Saint-Jean-des-Bois. »
    La proposition stupéfia l’auditoire. Le prieur parvint
difficilement à rétablir le calme. Puis, une voix émergea du brouhaha, celle de
frère joseph, le médecin-chef. C’était un homme intelligent mais fier, et Godwyn
se méfiait de lui. « Comment ferons-nous fonctionner l’hôpital sans les
sœurs ? fit-il remarquer. Ce sont elles qui se chargent d’administrer les
médecines aux malades, de les changer, de nourrir ceux qui ne peuvent plus
s’alimenter eux-mêmes. Ce sont elles qui coiffent les vieux hommes séniles...»
Ses mauvaises dents l’empêchaient de prononcer correctement les sifflantes.
Quand il parlait, il donnait l’impression d’être saoul. Cela n’entachait
nullement son autorité.
    « Tout cela pourrait être accompli par les
moines ! Rétorqua Théodoric.
    — Et accoucher les femmes ? riposta frère joseph.
Sans les religieuses, comment pourrions-nous venir en aide aux mères qui
peinent à mettre leur bébé au monde ? »
    Plusieurs moines exprimèrent leur assentiment. Godwyn, qui
avait prévu cet argument, fit une proposition : « Le couvent pourrait
être transféré au vieux lazaret. » Cette ancienne léproserie était située
sur une petite île au milieu de la rivière, au sud de la ville, jadis, les
malades s’y entassaient, mais la lèpre avait quasiment disparu et il ne restait
là-bas plus que deux patients, tous deux âgés.
    Frère Cuthbert, connu pour ses saillies pleines d’esprit,
murmura : « je ne voudrais pas être celui qui préviendra mère Cécilia
qu’elle doit déménager chez les lépreux. » Un rire accueillit sa boutade.
    « Les femmes doivent être dirigées par des hommes,
déclara Théodoric.
    — Le couvent de mère Cécilia dépend de l’évêque
Richard, précisa Anthony. C’est à lui qu’il revient de prendre ou non cette
décision.
    — Le ciel nous préserve du départ des
sœurs ! » lança une voix restée muette jusque-là. C’était celle de
Siméon, un homme maigre au visage allongé. Trésorier de la congrégation, il
s’élevait toujours contre une proposition dès qu’elle impliquait une dépense.
« Nous ne survivrons pas sans elles, dit-il.
    — Et pourquoi cela ? s’enquit Godwyn, pris au
dépourvu.
    — Nous manquons de liquidités, expliqua Siméon. Qui
paie les constructeurs quand la cathédrale a besoin d’être réparée ? Ce
n’est pas nous, nous n’en avons pas les moyens. C’est mère Cécilia. Elle paie
pour les fournitures de l’hospice, pour le parchemin, pour le fourrage des
bêtes. Tout ce que nos deux congrégations utilisent en commun est payé par le
couvent. »
    Godwyn en resta ébahi. « Mais alors elles nous tiennent
en leur pouvoir ! Comment est-ce possible ? »
    Siméon haussa les épaules. « Au fil des ans, nombre de
femmes dévotes ont légué des terres et toutes sortes de biens au
couvent. »
    Il devait y avoir une autre raison, se dit Godwyn, car les
moines disposaient eux aussi de vastes

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