Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
Vom Netzwerk:
communistes en 1960.

Chapitre 7 De l’espion au stratège
    Les deux premières décorations de Pham Xuân Ân lui sont attribuées dans la foulée de la bataille d’Âp Bac qui se déroule en janvier 1963 et que les historiens considèrent comme un tournant de la guerre américaine.
    À cette date, la tactique américaine des « hameaux stratégiques », ou « guerre spéciale », bat déjà fortement de l’aile. Sous la présidence de John F . Kennedy, les États-Unis ont introduit l’héliportage américain des troupes vietnamiennes, une innovation qui a considérablement gêné les Viêt Côngs « pendant plusieurs mois », dit Pham Xuân Ân. Puis la guérilla a fini par s’y adapter.
    Situé à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Sài Gòn, Âp Bac est un hameau du delta du Mékong à proximité duquel les services de renseignements américains repèrent, fin décembre 1962, une concentration de trois compagnies viêt côngs. Aux yeux des Américains, dont le lieutenant-colonel John-Paul Vann, alors conseiller de la septième division sud-vietnamienne, l’occasion se présente donc de leur infliger une sévère défaite.
    L’opération contre les trois compagnies viêt côngs tourne à la catastrophe. L’héliportage de fantassins sud-vietnamiens est un désastre, avec cinq appareils américains abattus. Les blindés sud-vietnamiens en appui sont déployés avec retard et maladresse. Le chef de province ordonne à ses hommes d’arrêter les combats et des parachutistes, lâchés à la nuit tombante au mauvais endroit, engagent les hostilités non avec des Viêt Côngs mais avec d’autres unités de leur propre camp. Les Viêt Côngs profitent de l’obscurité pour filer, laissant seulement trois corps derrière eux alors que les pertes gouvernementales s’élèvent à soixante et un morts et une centaine de blessés. Trois membres américains des équipages d’hélicoptères ont également été tués.
    Cette bataille et son issue sont le révélateur des nombreuses faiblesses non seulement du commandement sud-vietnamien mais aussi du régime. La plupart des officiers sud-vietnamiens en charge, du commandement de région militaire au chef de province, sont des politiques : le président Ngô Dinh Diêm est beaucoup plus préoccupé par les risques de coup d’État ou de révolte militaire que par la lutte contre l’insurrection communiste, surtout dans le delta du Mékong, si proche de Sài Gòn. L’opération d’Âp Bac met à nu l’incompétence et l’indécision d’officiers sud-vietnamiens. John-Paul Vann dénonce sur-le-champ le « comportement lamentable, comme toujours », du commandement sud-vietnamien. Quelques mois plus tard, en donnant sa démission, il accuse publiquement le président Ngô Dinh Diêm « de vouloir maintenir la guerre dans l’indécision afin de continuer à recevoir l’aide américaine ».
    Le déroulé de la bataille donne aussi l’impression que les Viêt Côngs se sont adaptés au cafouillis d’en face. Stanley Karnow rapporte que les insurgés ont été « instruits de l’imminence de l’opération » adverse et qu’ils se sont, du coup, redéployés le long d’un canal « bordé d’arbres et de broussailles » qui, tout en assurant leur couverture, leur a permis de tirer sur les hélicoptères de transport américains. Il n’y a eu aucun effet de surprise.
    À l’époque, Pham Xuân Ân couvre cette bataille pour le compte de Reuters. Il se rend même sur place en hélicoptère après les combats pour se faire une idée plus précise du bilan. Quand on lui a demandé, en 2002, pourquoi il avait été décoré pour sa « contribution à la victoire d’Âp Bac », il a dit l’ignorer. « Je ne sais pas, a-t-il répondu. Je l’ai appris seulement lorsque quelqu’un m’a annoncé que j’avais été décoré. Et on ne m’a jamais demandé de rédiger un compte rendu de ma participation. Tout cela a été arrangé par les dirigeants et je ne l’ai appris que par la suite. »
    Il devait ajouter : « Je suis un agent de renseignements stratégiques. J’analyse la doctrine militaire de l’ennemi, je fournis des documents concernant leurs stratégies, leurs tactiques, leurs scénarios et l’information liés à la guerre spéciale. Je livrais à nos dirigeants ce dont ils avaient besoin de façon urgente. Un point c’est tout. » Ce qui semble déjà beaucoup.
    Pham Xuân Ân m’a raconté qu’il

Weitere Kostenlose Bücher