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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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présidence. Regardez, ils ont même assassiné son frère », me dit-il. Rapports de forces à ses yeux, l’Histoire s’inscrit davantage dans la continuité que dans le changement. Il estime que l’intervention américaine au Viêt Nam demeure, de nos jours, un précédent influent.
    « En 1955, après les Accords de Genève, les Américains ont choisi de soutenir au Sud-Vietnam un autocrate sans base populaire. Ils ont été obligés de s’en débarrasser. Le souvenir de cet échec en tête, l’équipe de Richard Nixon a imposé au général Nguyên Van Thiêu, dans le cadre de son plan de “vietnamisation”, une élection présidentielle au suffrage universel en 1971. Les Américains voulaient que Nguyên Van Thiêu l’emporte. Mais Nguyên Van Thiêu n’a pas joué le jeu. L’organisation de la tricherie a été assez connue, avant le scrutin, pour qu’aucun candidat ne se présente contre lui. La tentative sud-vietnamienne de couper la piste Hô Chí Minh dans le sud du Laos, en 1972, avait pour objectif de redonner confiance à l’armée sudiste. Elle a échoué en dépit de l’appui logistique et aérien américain. Enfin, Nguyên Van Thiêu a dit “non” à l’Accord de Paris en janvier 1973. La “vietnamisation”, qui reposait sur la démocratisation, s’est effondrée », dit-il, dans un clin d’œil aux difficultés rencontrées par Washington en Irak.
    Il y a peu de temps, alors que nous bavardions dans son salon, il a sorti d’une vieille enveloppe – dans laquelle il a regroupé ses papiers – des cartes d’identité, de vieilles photos, dont une de lui à l’âge de six mois, et une carte postale. « Je l’ai reçue la veille de mon départ des États-Unis. C’était une amie américaine très chère qui m’écrivait pour me dire adieu. Cette carte m’est apparue comme un signe. » Nostalgie ? « Oui, bien sûr », a-t-il répondu sans hésiter. La carte était une photo du pénitencier d’Alcatraz, juché sur un îlot au large de San Francisco. « J’ai réfléchi vingt-quatre heures, poursuit-il. Mais il fallait que je parte. »

Chapitre 1 1 L’Histoire racontée
    Depuis sa longue hospitalisation en 2003, Pham Xuân Ân a le souffle plus court. Il traverse lentement son petit jardin où trois coqs de combat en cage semblent sur le qui-vive. « C’est mon fils qui les élève », dit-il. Quelques mois plus tard, les cages sont vides et ses oiseaux, à trois exceptions près, ont disparu. « À cause de la menace de grippe aviaire, les autorités municipales en ont interdit l’élevage », dit-il. Il souffre plus que d’habitude de l’humidité ou de la chaleur, selon les saisons. « Les changements de temps me fatiguent », dit-il. Il demande que je lui téléphone la veille au soir quand je veux le voir, au cas où il se sentirait trop faible pour bavarder, et que je le rappelle peu avant de venir, au cas où il aurait passé une mauvaise nuit. Une fois assis dans son fauteuil, il lui faut une ou deux minutes pour reprendre son souffle.
    La pièce commune dans laquelle il passe le plus clair de son temps a été réaménagée. Elle a été climatisée et coupée au milieu par une large baie vitrée, de façon à économiser l’électricité. Le climatiseur de la partie qui donne sur le perron fonctionne quand la chaleur est trop incommodante. Un lit y a été installé pour qu’il puisse s’étendre lorsqu’il en éprouve le besoin. Une bouteille d’oxygène se trouve au chevet. L’antique téléphone a été remplacé par un appareil moderne auquel il a facilement accès. La machine à écrire mécanique et la pile de journaux jaunis ont disparu. Fin 2005, un écran de télévision a fait son apparition. Comme Pham Xuân Ân n’est jamais devenu un internaute, l’un de ses fils et son épouse gèrent son courrier électronique et impriment les documents ainsi reçus pour lui permettre de les lire. Depuis son retour de l’hôpital, Pham Xuân Ân a renoncé à chevaucher sa petite moto. Il ne refuse pas pour autant d’aller faire un tour à Givral ou de passer une soirée dehors.
    Lorsqu’un journal vietnamien l’a présenté comme « l’agent de renseignements du XX e siècle », il a rétorqué : « Le Viêt Nam n’a eu que des services de renseignements d’autodéfense, contrairement aux grandes puissances, qui ont des services offensifs. Un agent de renseignements d’autodéfense ne peut avoir été le meilleur agent de

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