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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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dont je vous ai parlé.
    — Et l’objet de leurs querelles ? Le nombre de sacs d’orge qu’il convient de charger ?
    — Non, Margarida. La contrebande. Il semble qu’ils n’étaient pas d’accord sur la quantité de marchandises de contrebande qu’ils pouvaient dissimuler en toute sécurité sous les rouleaux d’étoffe et les sacs de grain.
    — Arnau ?
    — Oh non, madame ! s’écria Felicitat. Sa Seigneurie s’y est opposée dès le début, mais, parmi les autres, certains pensaient que le seul intérêt d’affréter un navire était de le charger de contrebande.
    — Vous pensez donc que c’est un des membres du syndicat ? demanda Margarida.
    — Oui, répondit Johana. Qui d’autre ?
    — Qui sont-ils ?
    — Nous l’avions divisé en seize parts. Il nous fallait des investisseurs pour dix d’entre elles au moins. Nous prendrions les autres à notre charge. Si le vaisseau sombrait, nous ne déplorerions la perte que de six parts.
    — J’ai toujours été surprise, Johana, de voir une personne comme vous, vêtue de soieries et de dentelles, s’y entendre aussi bien en matière de commerce.
    — Arnau n’a pas été éduqué pour cela, Margarida. Son éducation voulait qu’il fût brave, habile sur le champ de bataille comme en diplomatie. Son père et son grand-père l’étaient avant lui, et ils confiaient leurs affaires à des hommes capables. Peut-être est-ce pour cela que, lorsque je le rencontrai, ils étaient pauvres comme Job. Mais peu importe. Nous avons eu la chance d’attirer des hommes qui ont pris douze parts sur les seize.
    — Douze personnes ?
    — Non. Certains en ont acheté plus d’une. Les trois premières sont allées à trois amis de mon père. Ils vivent à Barcelone et je pense que nous pouvons raisonnablement les écarter.
    Johana se redressa, les yeux brillants de concentration.
    — Un des amis de mon père a recommandé cette entreprise à l’un de ses importants clients, un certain Guillem de Castell, habitant de Gérone, reprit-elle. Lui non plus n’a aucun rapport avec Arnau. Il a pris une part pour lui.
    — Il en reste donc huit.
    — Oui. Quatre hommes du Roussillon en ont acheté deux chacun. Ils pensent que l’importance de leurs investissements leur donne le contrôle sur l’entreprise.
    — Sont-ils du même avis ? demanda Margarida.
    — Non, heureusement. Mais seule Felicitat peut en attester.
    La servante posa son ouvrage et regarda Margarida droit dans les yeux.
    — Quand la première réunion a eu lieu, ma maîtresse était au lit, souffrante. Sa chambrière s’occupait d’elle, et moi, j’étais auprès des gentilshommes. Quand on n’avait pas besoin de moi, j’attendais non loin pour répondre à l’appel de mon maître. Leurs voix étaient si fortes que, la plupart du temps, je saisissais leurs propos. Je savais que Madame serait intéressée, car nul n’ignore que c’est elle qui régit de telles affaires dans la maison. J’écoutais donc avec attention. Et j’ai une bonne mémoire.
    — C’est vrai, l’interrompit Johana, elle a une excellente mémoire.
    — De quoi parlaient-ils ? s’enquit Margarida.
    — Du prix des marchandises constituant la cargaison et de la quantité qu’il conviendrait d’embarquer, reprit Felicitat. Mais ensuite, les choses ont changé.
    — Je vais vous l’expliquer, dit Johana. Chacun de ces hommes possédait deux parts, comme vous le savez déjà. Vers la fin de l’été, deux des actionnaires du Roussillon furent dans l’impossibilité de trouver les fonds nécessaires. Ils furent remplacés par Don Ramon et ce Martin.
    — À la réunion suivante, reprit Felicitat, les membres du syndicat ont eu une violente querelle.
    — À quel propos ?
    — Il était question de gagner plus d’argent avec la contrebande. Don Ramon Julià a commencé par dire qu’il avait mis tout son argent dans ce bateau parce qu’il espérait en gagner six fois plus. Il a ajouté qu’il crachait sur leurs espoirs de bénéfices minables. Apparemment, cela ne lui suffisait pas.
    — C’est un gros joueur et un coureur de femmes notoire, expliqua Johana.
    — Même mon chat est au courant, dit Margarida. Il abuse de l’hospitalité de chacun. Il est aussi ennuyeux que Bernard Bonshom. Enfin, presque.
    — Ensuite, ajouta Felicitat, il a dit qu’il n’y avait qu’une seule façon de faire de beaux bénéfices, et c’était de mêler à la cargaison une quantité

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