Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
Vom Netzwerk:
l’Autriche déclare la guerre au royaume de Sardaigne et envahit le Piémont. Napoléon III, honorant les accords de Plombières, débarque à Gênes le 12 et prend la tête de l’armée franco-piémontaise.
    « Bien qu’à l’origine, écrit Victoria au roi des Belges, ce fussent les complots irresponsables de la Russie et de la France qui causèrent cette crise effrayante, ce sont maintenant la folie et l’aveuglement de l’Autriche qui déclenchent cette guerre. »
    À la fin du mois de mai, Vicky passe quelques jours à Osborne avec ses parents. C’est pour elle l’occasion de revoir ses frères et sœurs. Elle est venue sans son enfant, car c’est précisément à ce sujet qu’elle a besoin de réconfort. Elle pleure en évoquant le bras infirme du petit prince. Victoria l’exhorte à ne pas se laisser aller. Dans un effort très british et pince-sans-rire pour distraire sa fille de ses idées noires, elle se compose un personnage de grand-mère de fer qui en a vu d’autres. Qu’est-ce, après tout, qu’un nouveau-né ?
    « Dans l’abstrait, je n’ai pas d’ attendrissement pour eux avant qu’ils soient devenus un peu humains : un vilain bébé est un objet très laid (et les plus jolis sont affreux quand on les déshabille) jusqu’à l’âge d’environ quatre mois, en tout cas tant qu’ils ont leur gros corps, leurs petits membres et cet abominable mouvement de grenouille. »
    Vicky ne peut retenir un petit rire entre deux sanglots. Déjà, le moment est venu de se séparer.
    « Haut les cœurs ! s’exclame Victoria.
    —  Auf baldiges Wiedersehn !  » ajoute Albert.
    Au mois de juin, tandis que dans les Alpes la campagne d’Italie fait rage, à Londres le gouvernement est contraint de présenter sa démission. À l’issue des élections générales, les conservateurs sont en minorité. Bien entendu, Victoria tente d’abord de trouver une alternative aux « deux terribles vieillards », Russell et Palmerston, leaders rivaux du parti libéral. Elle se tourne vers Granville, le chef de file des libéraux à la Chambre haute, qui ne parvient pas à former un cabinet ministériel. La reine n’a pas d’autre choix que de rappeler aux affaires Palmerston, qui compose un gouvernement libéral avec Russell au Foreign Office et Gladstone à l’Échiquier.
    En Italie, Français et Piémontais battent en brèche les Autrichiens. Le 4 juin 1859, ils remportent la victoire à Magenta. Le 24 juin, ils gagnent les batailles de Solferino et de San Martino. Malheureusement, l’armée d’Italie a subi de lourdes pertes. En France, l’opinion publique est défavorable à la poursuite des combats. À l’est, les Prussiens massent des troupes sur les rives du Rhin. Le 12 juillet 1859, les empereurs Napoléon III et François-Joseph I er signent l’armistice de Villafranca. L’Autriche cède la Lombardie à la France, qui la rétrocède au roi de Sardaigne. Venise, entre autres territoires, demeure autrichienne pour l’instant, en attendant de rejoindre une confédération italienne présidée par le pape Pie IX. « C’est une mauvaise plaisanterie », remarque Albert. Cavour et Victor-Emmanuel II sont déçus de cette paix qu’ils jugent trop rapide. Palmerston, qui par l’intermédiaire de Persigny vient d’accorder le « soutien moral » de son gouvernement à Napoléon III avant que la reine ait eu le temps de s’y opposer, partage la consternation des Italiens. Victoria ironise, faisant remarquer à son nouveau Premier ministre que l’empereur des Français, par ses prudentes victoires, s’est taillé une belle position de force.
    Rares sont les Britanniques qui ne pensent pas que ce conflit va embraser de nouveau l’Europe. La campagne d’Italie confirme leur crainte que le Second Empire soit aussi belliqueux que l’a été le Premier. Le 12 mai 1859, Jonathan Peel, le secrétaire d’État à la Guerre du gouvernement Derby, a adressé une circulaire aux lords-lieutenants de tous les comtés d’Angleterre, d’Écosse et du pays de Galles autorisant la formation de corps de volontaires en vertu de la loi de 1804. Partout dans le pays, cette mesure donne lieu à un vaste mouvement populaire, accompagné par un poème d’Alfred Tennyson paru dans le Times  :
    Entendez-vous le son du tonnerre ?
    Le jour au sud est noirci d’orage :
    Son de batailles et tonnerre de guerre,
    Gare ! S’il vient à nos rivages !
    Formez ! Fusiliers ! Formez vos

Weitere Kostenlose Bücher