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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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compétence, et qu’elle était de droit commun. Claude le força à plaider aussitôt sa cause, afin qu’il fît voir, dans un procès qui lui était personnel, à quel point il serait équitable dans les affaires d’autrui. (3) Une femme refusait de reconnaître son fils, et les preuves étaient équivoques des deux côtés. En lui ordonnant d’épouser le jeune homme, Claude l’obligea de s’avouer sa mère. (4) Il donnait facilement raison contre les absents, sans examiner si l’absence venait de quelque faute ou de force majeure. (5) Quelqu’un s’étant écrié qu’il fallait couper les mains à un faussaire, il fit venir sur-le-champ le bourreau avec son couperet et son billot. (6) On contestait à quelqu’un la qualité de citoyen, et les avocats disputaient pour savoir si cet homme devait plaider en toge ou en manteau. L’empereur, pour faire preuve d’impartialité, ordonna que l’accusé changerait d’habit, et porterait le manteau quand on parlerait contre lui, et la toge quand on prendrait sa défense. (7) On croit aussi qu’il rendit par écrit la sentence suivante : « Je prononce en faveur de ceux qui ont soutenu la vérité. » (8) Cette décision le déconsidéra tellement qu’il reçut en public plus d’une marque de mépris. (9) Quelqu’un s’excusait devant lui sur l’impossibilité de faire venir le témoin que l’empereur avait fait citer en province, mais il avait tu le motif de son absence. Ce ne fut qu’après des questions réitérées qu’il dit : « Il est mort, ce fut son droit, je pense. » (10) Un autre, le remerciant de ce qu’il permettait qu’un accusé se défendît, ajouta : « Cependant c’est l’usage. » (11) J’ai ouï dire à des vieillards que des avocats abusaient tellement de sa patience, que, non contents de le rappeler quand il descendait de son tribunal, ils s’accrochaient au pan de sa robe, et quelquefois le retenaient par le pied. (12) Comment s’en étonner, lorsque, dans la chaleur de la discussion, un plaideur grec osa lui dire un jour : « Et toi aussi, tu es vieux et insensé. » (13) On sait qu’un chevalier romain, en butte à la fureur de ses ennemis qui l’accusaient injustement d’avoir attenté à la pudeur des femmes, voyant que l’on citait contre lui et que l’on entendait en témoignage des prostituées, il lança à la tête de Claude les tablettes et le stylet qu’il tenait à la main, et le blessa grièvement à la joue, en lui reprochant amèrement sa bêtise et sa cruauté.
     
XVI. Sa censure. Il s’y rend ridicule
    (1) Claude géra la censure, qui n’avait point été exercée depuis Paulus et Plancus. Il y fit voir la même inégalité dans son caractère et dans ses décisions. (2) À la revue des chevaliers, il renvoya, sans le flétrir, un jeune homme déshonoré, mais que son père regardait comme irréprochable : « Il a, dit-il, son père pour censeur. » Il se contenta d’en avertir un autre, qui était diffamé par ses débauches et ses adultères, d’apporter plus de modération aux goûts de son âge, ou du moins d’en user avec plus de discrétion ; et il ajouta : « Pourquoi faut-il que je sache quelle est votre maîtresse ?» (3) Sur la prière de ses amis, il ôta à quelqu’un la note qu’il lui avait mise : « Que néanmoins, dit-il, la rature subsiste. » (4) Il raya du tableau des juges un des plus illustres citoyens de la province grecque, qui ne savait pas le latin, et le rangea dans la classe des étrangers. (5) Il exigea que chacun rendît compte de sa conduite, personnellement et à sa manière, sans recourir à l’assistance d’un avocat. (6) Il flétrit beaucoup de citoyens qui ne s’y attendaient point, et pour un motif tout nouveau : ils étaient sortis de l’Italie à son insu et sans sa permission. Un autre fut noté pour avoir accompagné un roi dans ses États ; et, à ce sujet, Claude rappela que Rabirius Postumus fut autrefois accusé de haute trahison pour avoir suivi à Alexandrie le roi Ptolémée son débiteur. (7) Il aurait voulu atteindre plus de coupables ; mais, grâce à l’extrême négligence de ses espions, il essuya l’insigne affront de ne rencontrer que des innocents. Ceux auxquels il reprochait ou le célibat, ou la stérilité de leurs femmes, ou l’indigence, prouvaient qu’ils étaient mariés, pères et riches. Il y en eu même un que l’on accusa de s’être frappé pour se donner la mort. Il ôta ses

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