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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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jour la réponse coupante que Sophonisbe avait adressée à son époux romain d’un jour : J’accepte ton cadeau de noces. Qui n’a rien d’incongru de la part d’un époux qui ne peut offrir mieux. Toutefois, je serais morte plus satisfaite si mes noces n’avaient pas précédé de si peu mon trépas…
    Trop subtil, me dis-je, pour un tribun. Même un tribun qui, d’après mon imbuvable nièce, avait le regard sensible. Il apprendrait.
    Helena Justina tenait Sophonisbe en haute estime, inutile de le préciser.
    Nous avions franchi la limite de mon précédent séjour en Germanie. Laquelle se situait à Colonia Agrippinensium, d’où la grande voie claudienne filait à travers la Gaule en direction de l’ouest et du point d’où l’on traversait vers la Bretagne. Les grandes forteresses de Novæsium et Vetera n’avaient été jusqu’alors que des noms pour moi. J’avais sans doute lu des choses à propos des postes plus modestes de Gelduba et Asciburgium, mais on ne peut pas se souvenir de tout. La Bretagne mise à part, ces forts indiquaient les limites de l’Empire. Notre emprise sur le nord n’avait jamais été très tenace, et Rome n’avait guère maintenu sa domination qu’en négociant des relations particulières avec les Bataves vivant dans les marécages. Rétablir nos postes avancés et reconquérir l’alliance avec les Bataves de façon à créer une zone-tampon entre l’Empire et les peuplades sauvages de l’est allait nécessiter une diplomatie des plus efficaces.
    Maintenant que nous avions passé les ides d’octobre, le temps changeait imperceptiblement à mesure que nous avancions vers le nord. Les nuits devenaient visiblement plus noires, plus longues. Même au cours de la journée, la lumière dorée qui illuminait les paysages à Moguntiacum se réduisait à présent à un jour plus triste. À nouveau, je fus épouvanté par la vaste distance que nous devions parcourir.
    Le paysage changeait lentement, lui aussi. Nous avions laissé derrière nous les falaises abruptes et îles mélancoliques. Nous passions parfois au large de pans de campagne aux charmantes collines moutonnantes, où le légat de la Quatorzième pouvait avoir été entraîné en vue de sa partie de chasse… s’il était bel et bien parti chasser. Loin au-dessus de nos têtes, migraient d’incroyables vols d’oies ou autres oiseaux, accroissant notre anxiété avec leur vol précipité et leurs cris désolés. Plus les jeunes soldats se piquaient d’enthousiasme, plus leur centurion devenait taciturne. Le colporteur se renfrognait. Justinus lut saisi d’un accès de mélancolie romantique. Quant à moi, je me sentais tout simplement abattu.
    Nous percevions de plus en plus la proximité des autres gigantesques voies d’eau qui se déversaient dans le delta : la Mosa venue de Gaule, le Vaculus formant un deuxième bras au Rhenus, et les affluents, tous plus puissants que les rivières auxquelles nous sommes habitués en Italie. Le ciel prenait ce ton gris menaçant typique, je le savais, du lointain océan de Bretagne… les eaux les plus dangereuses du monde. Çà et là, nous vîmes des oiseaux marins. La végétation fluviale de chênes, aulnes et saules, se ponctua de laîches, de fleurs des marais. Il n’existait alors pas de véritable voie militaire dans cette lointaine partie septentrionale. L’habitat sur notre rive du fleuve se raréfiait, laissant place à quelques villages celtes dont nombre portaient les traces de la guerre civile, gardés pour la plupart par une sombre tour de guet romaine. Sur l’autre berge, rien n’était jamais visible.
    Nous fîmes escale une nuit à Novæsium, où le fort reconstruit depuis peu grouillait d’activité. Puis nous poursuivîmes notre trajet, dépassant la Lupia qui se jetait sur notre droite dans le fleuve, et débarquâmes finalement sur la rive gauche à Vetera.
    Pour ma part, à franchement parler, cela ne m’emplit pas d’enthousiasme. Mais notre centurion Helvetius, lui, refusa tout bonnement de quitter le bateau.

41
    Le pilote du bateau avait fait des pieds et des mains pour atteindre Vetera avant la nuit, car il ne tenait pas à se retrouver coincé en mouillage provisoire en quelque endroit environné d’une campagne considérée comme dangereuse. Il faisait donc déjà noir lorsque nous accostâmes – le pire moment pour arriver, même dans un fort bien implanté. Nous aurions tous pu rester à bord, mais nous y manquions de place

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