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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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l’étiquette diplomatique de très haut.
    Il ne se passait rien. Rien n’indiquait vraiment que quiconque s’attende à ce qu’il se passe quoi que ce soit. De fait, l’assemblée tout entière n’avait aucun sens à nos yeux. Nous étions à l’écart, ligotés ensemble en un lamentable écheveau et guettant le moindre événement officiel avec une impatience bouillante, quand bien même l’événement en question devrait se révéler notre jugement.
    Ascanius décocha un clin d’œil à la fille de la jarre. Elle ne lui accorda aucune attention. Il tenta alors d’attraper le bas de sa fruste jupe de laine. Voyant cela, elle lui vida le reste de la jarre sur le crâne avec l’air d’avoir déjà connu ça. Certaines choses se passent partout pareil.
    Quand je la vis se détourner le menton joliment dressé, je lui adressai un sourire las, à quoi elle me répondit d’un vrai beau et franc sourire. Je regagnais du prestige.
    Regarder les autres festoyer est une pratique impitoyable.
    Le temps continuait à s’écouler. Le soir approchait. En dépit de ce que Dubnus m’avait raconté à propos du comportement germanique à l’égard de l’alcool, le vin de canneberge comptait manifestement au nombre des potions locales à effets insidieux. Ma grand-tante Phœbe confectionnait une potion du même genre à base de myrtilles, qui déclenchait régulièrement des rixes saturnales. Ils auraient aimé ça, ici. Le bourdonnement des voix ne tarda pas à s’enfler en débats plus venimeux. Comme partout ailleurs, la plupart des femmes décidèrent que s’il devait y avoir des disputes, elles s’en iraient marmonner entre elles un peu plus loin !
    Quelques dures à cuire restèrent – les laissées-pour-compte de la vie, manifestement. Elles semblaient encore plus avinées que les hommes. Ces derniers, qui avaient apparemment absorbé leur lourde mixture rouge sans ciller, étaient à présent tout luisants de fureur. On assenait des opinions, signe toujours dangereux. Des opinions plus écrasantes encore étaient proférées en retour à voix pâteuses, embarrassées, bientôt ponctuées de grands coups sur les tables. Puis notre chef se dressa sur ses jambes vacillantes avec une légèreté d’ivrogne et se lança dans un discours enflammé. Visiblement, un vote allait suivre.
    Ma foi, nous aurions naturellement apprécié que notre homme se révèle un ardent orateur : tout prisonnier aime à savoir qu’il s’est fait capturer par un adversaire valeureux. Le seul problème tenait à ce que, d’évidence, à voir les regards farouches qui se décochaient dans notre direction, l’enjeu du débat n’était autre que notre sort. Nous eûmes clairement l’impression, en outre, que le chef cracheur de pépins avait décidé de rehausser son prestige en faisant cadeau de ses prisonniers pour qu’ils servent au prochain sacrifice humain dans je ne sais quel bosquet sacré.
    Ce fut un long discours – l’homme aimait causer. Peu à peu, le vacarme changea : les guerriers se mirent à cogner leurs lances contre les boucliers. Je compris ce que cela signifiait.
    Les claquements de boucliers prirent de l’ampleur, de la vitesse. Spontanément, nous nous resserrâmes les uns contre les autres. Une lance, expédiée avec beaucoup d’adresse, se ficha en vibrant dans l’herbe, à nos pieds.
    Le vacarme décrut. Il atteignit le niveau le plus proche du silence qu’on puisse attendre de la part d’un grand groupe d’individus épuisés par la ripaille et les querelles. L’attention se concentra peu à peu.
    Une cavalière était entrée dans la clairière, montant un cheval blanc à cru, sans rênes.

51
    Helvetius m’empoigna le bras.
    — Dix contre un que c’est la prophétesse.
    — Je ne parie pas, mec.
    Deux des échalas chargés des contacts avec les visiteurs marchaient aux côtés de l’animal qui s’avançait en caracolant. Sans la cavalière qui le montait, je l’aurais pris pour un cheval sauvage : de petite taille, doté de longs poils et d’yeux déments. Chacun des échalas avait la main posée sur la crinière pour guider la monture et semblait nerveux, mais on sentait indéniablement qui les commandait, et commandait de surcroît le cheval sauvage.
    Veleda mit pied à terre parmi ses gens. Claudia Sacrata avait affirmé que les hommes la trouvaient belle. Claudia avait dit vrai. Notre groupe comptait vingt-deux hommes, et nous étions tous du même avis.
    Elle était grande,

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