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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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relève. J’avais ordonné à Helvetius d’aller se reposer pour pouvoir assurer une garde plus tard : il fallait donc que j’y aille.
    — Il y a une chose qui m’étonne, Quintus. Si Veleda avait déjà pris sa décision, pourquoi a-t-elle attendu l’aube pour te mettre à la porte ?
    Son hésitation fut presque imperceptible.
    — Elle avait vraiment besoin d’une conversation digne de ce nom, comme tu l’avais dit. Et moi aussi, ajouta-t-il.
    Je me mis à rire, puis déclarai qu’il avait le chic pour lâcher des grossièretés mine de rien, mais que j’étais capable de comprendre à demi-mot.
    D’un pas léger, je retournai aider Ascanius. Quand ce dernier me demanda, au nom de tous : « Alors, il l’a fait ou pas ? », je répondis d’un ton assuré que non.
    Justinus ne me rendit jamais l’amulette du maréchal des logis. Qu’il la garde m’étonna un peu. De fait, par moments, surtout lorsqu’il arborait l’expression douloureuse qu’il avait à son retour au bateau, je lui trouvais presque l’air d’un type qui en aurait fait cadeau à une fille en gage d’amour.
    La déesse Fortuna l’avait protégé. Il n’était pas amoureux, il me l’avait dit. Quintus Camillus Justinus, tribun laticlave de la Première Adiutrix, s’était révélé l’un des diplomates naturels de l’Empire. La diplomatie implique un certain recours au mensonge… mais je ne pouvais croire que le frère d’Helena me dissimulerait la vérité, à moi.

56
    Nous n’eûmes bientôt plus le temps de supputer.
    Le vaisseau amiral de Petilius Cerialis était aussi impulsif et peu fiable que le général lui-même. Outre les regrettables dégâts dus au manque d’entretien, le gouvernail du navire avait dû prendre un mauvais coup pendant que les rebelles le halaient. Il se comportait tel un chameau rétif et naviguait en témoignant une totale absence de respect envers vent et courant. Pour une raison inconnue, tout le poids semblait déporté d’un côté, problème qui s’aggravait de jour en jour. Nous étions embarqués sur un bâtiment plein de caractère… le genre de caractère rogue que mon frère aîné Festus ramenait à la maison à l’issue de soirées – dont il ne gardait aucun souvenir – dans des tavernes bien loin de chez nous. Descendre la rivière à bord de ce navire tenait de la chevauchée sur une monture ne voulant aller qu’à reculons. Il voguait avec la grâce d’une bûche mouillée.
    Nos ennuis provenaient en grande partie du manque de bras. Aux mains de marins expérimentés, le navire se serait magnifiquement comporté. Mais il lui fallait des hommes en suffisance pour garnir le double rang d’avirons et pour gréer, plus un pilote, son second et un surplus volant de matelots… sans compter le général qui aurait sans nul doute pris son tour aux avirons en cas de force majeure. À vingt-cinq, nous n’étions tout bonnement pas assez, et ce nombre incluait Dubnus, qui ne se révéla d’aucune aide, ainsi que le serviteur du centurion, qui donna clairement à entendre qu’il préférait qu’on ne compte pas sur lui – ses suppliantes demandes de mutation à Mœsia resurgissaient avec une insistance lamentable. À mesure que les jours se succédaient et que la rivière devenait plus large et plus profonde, nos vivres s’épuisaient. Nous nous affaiblissions, alors même que nos forces nous étaient le plus nécessaires.
    La jonction avec le Rhenus nous prit au dépourvu. Le navire embarquait de l’eau. Toutes voiles tendues, nous étions nombreux dans les cales à tenter frénétiquement de stopper les fuites. Quand Probus poussa un cri, au début personne ne l’entendit. Mais quand, renversant la tête en arrière, il se mit à rugir, nous nous précipitâmes sur le pont. On le hua un peu avant de se rendre compte de la situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvions. La gîte s’était aggravée. Le vaisseau amiral, se traînant toujours sur le flanc de tribord, penchait dangereusement bas à présent et devenait quasi ingouvernable. Nous n’étions pas en état d’affronter la moindre turbulence.
    Je braillai de jeter l’ancre, mais elle n’accrocha pas.
    La sécurité semblait juste à portée de main, qu’elle nous était aussitôt retirée. Le ciel gris rendait la scène encore plus funeste. Un vent du nord glacial apporta un effluve d’océan, nous rappelant cruellement que nous ne devions pas aller jusque-là. Nous espérions déboucher sur

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