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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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cette fois, car nous étions enlacés de telle manière que s’endormir aurait été passablement difficile.
    — Merci, belle dame. J’en avais besoin.
    — Moi aussi.
    Pour une fille pleine de retenue, Helena savait se montrer directe. Ayant grandi parmi des femmes dont le comportement dévergondé s’accompagnait rarement d’honnêteté au lit, j’en étais toujours stupéfait.
    Je l’embrassai.
    — Qu’est-ce que je suis censé dire à ton frère ?
    — Rien. Pourquoi voudrais-tu ?
    Je retrouvais bien là ce à quoi je m’attendais de la part d’une fille : absence totale d’aide.
    — Je t’aime, Marcus, dit Helena en souriant.
    — Merci… alors tu vas me pardonner de ne pas avoir pensé à ton anniversaire ?
    Le moment semblait sûr pour aborder le sujet. Habilement minuté, Falco : elle avait envie d’une bonne dispute à ce propos, mais son sens de la justice l’emporta :
    — Tu ne savais pas que c’était mon anniversaire. (Elle s’interrompit.) Si ?
    — Non ! Mais on doit savoir ça…
    Je m’étirai en direction du chevet, puis, après m’être attardé un petit instant à cause de la suave proximité de son corps, j’attrapai le collier d’ambre acheté sur le bateau à Dubnus, le colporteur.
    Cela me rappela… que j’avais quelque chose à régler concernant Dubnus. Pourquoi les idées vitales nous surgissent-elles toujours à des moments aussi peu appropriés ? J’avais joyeusement oublié le charognard ubien, sans parler de mon projet visant à l’utiliser pour retrouver Veleda. Maintenant qu’Helena Justina était là, entre mes bras, m’aventurer dans la forêt barbare devenait une perspective insupportable.
    Je laissai à Helena le temps d’examiner le rang de perles luisantes, puis le lui attachai autour du cou.
    — Ça te va bien… surtout comme ça, sans rien d’autre.
    — Ça devrait faire sensation la prochaine fois que je serai invitée à un dîner ! C’est joli…
    Le spectacle d’Helena vêtue de son seul cadeau d’anniversaire m’encouragea à de plus amples réconciliations, d’autant que j’avais réussi à maintenir notre union physique même en m’étirant jusqu’à la table de chevet.
    — Marcus, tu devrais être épuisé…
    — Je sors d’une bonne nuit de sommeil.
    — Tu crains d’avoir oublié comment on fait ? railla-t-elle d’un air malicieux, sans pourtant repousser mes attentions. (Helena savait se montrer aimable après avoir été gratifiée d’un collier bien choisi d’un coût confondant.) Ou avais-tu seulement oublié à quel point c’est bon ?
    — Oublié ? Le problème, ma chérie, c’est que quand tu m’abandonnes en me laissant languir, je ne me souviens que trop bien.
    Pour une raison que j’ignore, cette virile affirmation produisit si bien son effet sur Helena que cette dernière répondit par ce qui aurait pu passer pour un sanglot, quoique bien étouffé.
    — Serre-moi fort, je t’en prie… caresse-moi…
    — Où ça ?
    — Là… n’importe où… partout.
    Non loin de là, dans la maison, quelque chose tomba avec un grand fracas. Quelque chose de gros. Une statue taille musée, ou un gigantesque vase.
    Personne ne s’exclama. Mais au bout de quelques secondes, nous entendîmes des petits pieds déguerpir à toute vitesse. J’étais stupéfait.
    — C’est un enfant, ma parole !
    — Par Junon ! j’avais oublié…
    Helena atteignit la porte la première. L’enfant détalait ventre à terre dans le long couloir, abandonnant sur place les énormes débris. Malheureusement pour elle, elle se dirigeait droit vers nous.
    Ce que cette fillette venait de renverser n’était autre qu’un spectaculaire vase à anses qui tentait de passer pour un cratère à vin orné de figurines noires comme il s’en faisait vers la moitié de l’époque hellénique. L’objet faisait presque illusion, mais ayant été éduqué par des spécialistes, je savais repérer un faux, même lorsqu’il faisait partie de ces imitations de grande classe de meilleure facture que les originaux – et d’un coût plus élevé. Il trônait sur le socle dans la poussière duquel j’avais écrit Signé Falco pour taquiner les domestiques du tribun. Le cratère, assez grand pour qu’un employé du Trésor puisse y serrer ses économies, était certainement l’objet le plus coûteux que possède Camillus Justinus. Peut-être même le premier article d’une collection qu’il peaufinerait toute sa vie.
    — Halte ! Arrête-toi

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