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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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même
pour vous. Par quoi voudriez-vous que je commence ?
    — Par ton nom, si tu en as un. Ce sera un bon début.
    — Je m’appelle William Scatlocke. Croyez-le si vous
voulez, mais certains font des courbettes en entendant ce nom. » Un
sourire, assorti d’un clin d’œil. « Mais ôter votre chapeau suffira pour
l’heure.
    — Iwan, m’a alors répondu le plus large d’un ton un peu
plus affable. Et voici Siarles.
    — “Scatlocke” est un nom saxon, a fait remarquer le
plus mince avec un froncement de sourcils. Mais William, ça c’est
ffreinc. » Il semblait sur le point de cracher, histoire de bien me
montrer ce qu’il pensait des Normands.
    « Saxon et ffreinc, oui, ai-je admis poliment. Ma mère,
que soit bénie sa douce âme si bien intentionnée, pensait qu’un prénom franc
rendrait ma petite vie d’insecte un peu plus facile tant que notre terre serait
infestée par la vermine. Avec un William comme étendard, ils pourraient me
prendre pour un des leurs, et me laisser en paix.
    — C’est ce qu’ils ont fait ? a-t-il demandé, d’une
voix que la suspicion rendait menaçante.
    — De ce que j’en ai vu, ce n’était pas flagrant. Mais,
une fois encore, ce n’est pas comme si je m’étais appelé Siarles. Un nom
pareil, c’est comme si on cherchait les ennuis, de nos jours. »
    Le plus mince s’est aussitôt renfrogné, mais le dénommé Iwan
a éclaté d’un rire pareil au tonnerre au-dessus des vertes collines. « Tu
as du courage, l’ami, on ne peut pas t’enlever ça. Mais tu es dans les Marches
à présent. Qu’est-ce qui t’amène à tomber de nos bons vieux arbres gallois, ô
intrépide William ?
    — Mes amis m’appellent Will Écarlate. Forestier de
profession, tout comme mon père avant moi. Mais manifestement, vous savez vous
aussi vous débrouiller dans les bois.
    — Si fait, Will, a répondu Iwan. Est-ce que quelqu’un
te recherche ?
    — Ce serait plutôt l’inverse. »
    Bon, ils voulaient en savoir plus, alors je me suis mis à
leur parler du thane Aelred, de son bannissement et de ses terres
tombées sous le coup de la Loi Forestière ; je leur ai raconté ma fuite
dans la forêt, et tous mes voyages depuis lors. Tandis qu’ils m’écoutaient, je
pouvais sentir leur méfiance décroître à mesure que je leur décrivais comment
je m’étais caché du shérif et de ses hommes dans des terres qui avaient auparavant
appartenu à mon bon thane, comment j’avais survécu en braconnant les
précieux cerfs du roi. Très vite, ils ont commencé à hocher la tête en signe
d’acquiescement, à compatir à mes malheurs. « En fait, j’ai passé tout
l’été sur les routes à essayer de trouver ce gars qu’on appelle le Roi Corbeau.
Évidemment, quand je vous ai entendus mentionner Rhi Bran, j’ai aussitôt tendu
l’oreille.
    — Tu parles cymry ? s’est enquis Siarles.
    — Je l’ai appris sur les genoux de ma chère maman. La
même, en fait, qui m’a appelé William. Je me suis aussi forcé à apprendre un
peu de franc, histoire de savoir ce que ces salauds avaient en tête.
    — Pourquoi veux-tu rencontrer le Roi Corbeau ? m’a
demandé Iwan. Ne te sens pas obligé de répondre.
    — Pour lui offrir mes services, et je ne vous
remercierais jamais assez de toute l’aide que vous pourriez m’apporter en ce
sens.
    — Et pourrions-nous connaître la nature de ces
services ? » Siarles me toisait de haut en bas. Il s’adoucissait un
peu, mais restait un peu trop cassant à mon goût.
    « S’il vaut ne serait-ce que la moitié de sa
réputation, je crois qu’il aura besoin qu’un homme intrépide comme Will
Écarlate vienne lui prêter main-forte.
    — Que sais-tu de lui ?
    — Que ce n’est pas un fantôme, comme certains le
prétendent. Je sais que le baron de Braose offre cinquante livres de pur argent
anglais pour voir sa tête emplumée au bout d’une pique.
    — Vraiment ? » Siarles avait l’air vraiment
impressionné.
    « Si fait, ai-je confirmé, vous ne le saviez pas ?
    — Peut-être qu’on a entendu quelque chose à ce sujet,
a-t-il marmonné, avant qu’une nouvelle pensée lui traverse l’esprit. Et qui
nous dit que tu ne veux pas cet argent pour toi-même ?
    — Bonne question. Qui mérite une réponse à l’avenant.
    — Alors ? » Sa suspicion était à son comble.
Ce brave Siarles… Ses yeux gris sont aussi rapides que perçants, mais il se
méfie d’à peu près tout ce qu’ils

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