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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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qui surplombait les huttes basses. Il fallait
se tenir au sommet de la crête et regarder tout au fond de la clairière pour la
voir. Mais cette dissimulation avait un prix, et les habitants des lieux le
payaient de leurs vies.
    Notre arrivée a été remarquée par quelques gosses, qui sont
partis en courant chercher un comité d’accueil. Sous la suie, la crasse et les
vêtements en loques, c’étaient des enfants ordinaires, et pas la progéniture
d’une Femme verte. Ils trottinaient avec la grâce rapide des créatures nées et
élevées dans la forêt. Avec force cris et pépiements, ils se sont précipités
jusqu’à une cabane ornée de ramures dans le centre du village et ont martelé le
jambage. Quelques instants plus tard, ce qui était peut-être la vieille femme
la plus laide sur laquelle j’avais posé les yeux en a émergé. Sainte Vierge,
mais quelle vision, avec sa peau ridée comme une prune séchée et noircie par
des années passées à s’asseoir dans la fumée d’un feu de cuisine, sa maigre
frange grisonnante et rétive de cheveux sombres – sombres là où ils
auraient dû être blanchis par l’âge, elle était vieille à ce point. Elle a
boitillé jusqu’à moi, et malgré ses pas traînants, il n’y avait rien de sénile
dans ses yeux. Les gens parlent d’yeux dont l’éclat perce la chair et l’os, et
j’ai toujours considéré cela comme de simples élucubrations. Pas avec
elle ! Elle m’a passé en revue, et j’ai senti ma peau retournée comme un
gant et mon âme mise à nu devant ce regard affûté comme un rasoir fraîchement
repassé sur le cuir.
    « Voici Angharad, banfáith de l’Elfael », a
déclaré Iwan, la voix gonflée de fierté.
    À ces mots, la vieille femme a tourné la tête. « Je
vous souhaite la bienvenue, mon ami. Paix et joie soient tiennes en ce jour,
a-t-elle ajouté d’une voix qui grinçait comme un soufflet sec. Que ton séjour
parmi nous te soit profitable. »
    Elle parlait d’une façon démodée qui, assez bizarrement, lui
allait si bien que j’ai bientôt oublié d’y faire attention.
    « Paix, banfáith », lui ai-je répondu. De temps à
autre, j’avais vu et entendu le peuple de ma mère saluer les anciens avec un
geste de respect. Je me suis donc touché le front du dos de ma main, espérant
que la vue d’un demi-Saxon disgracieux lui rendant cet honneur ne l’offenserait
pas trop.
    J’ai été récompensé avec un large sourire enjoué qui a de
nouveau froissé son visage ridé, bien que de façon assez agréable. « Tu
connais les usages, à ce que je vois. Comment les as-tu appris ?
    — Ma sainte mère a enseigné à son fils les manières des
Cymry, ai-je répondu. Bien qu’assez rarement, j’ai eu la chance de les mettre
en pratique ces dernières années. Je crains que la négligence ait un peu
rouillé ma charrue. »
    Elle a gloussé. « Dans ce cas, nous la polirons jusqu’à
ce qu’elle soit comme neuve très bientôt. » Puis, se tournant vers
Iwan : « Comment avez-vous fait pour le trouver ?
    — Il est tombé d’un arbre à moins de dix pas de nous.
Comme une pomme trop mûre.
    — Vraiment ? » s’est-elle étonnée avant de me
demander : « Dis-moi, pourquoi te cachais-tu dans les branches ?
    — J’ai vu les traces d’un loup sur la route la nuit
dernière et j’ai trouvé préférable de dormir avec les oiseaux.
    — Prudent, a-t-elle concédé. Tu connais bien les
loups ?
    — Assez pour savoir qu’il vaut mieux rester hors de
portée de ces coquins à longues jambes.
    — Il dit qu’il cherche notre Bran », a ajouté
Siarles. Il était trop impatient pour attendre la fin des civilités avant
d’entrer dans le vif du sujet, comme il est de coutume chez les Cymry.
« Il dit qu’il veut lui offrir ses services.
    — Vraiment ? Bien, dans ce cas, va chercher notre
seigneur et voyons ce qui va se passer. »
    Siarles s’est précipité en direction d’une des plus grandes
huttes au centre du village. Entre-temps, les enfants avaient répandu la
nouvelle qu’un étranger était arrivé et les gens commençaient à se rassembler.
Ce n’était pas un groupe très beau à voir : faméliques, vêtus de loques à
la propreté douteuse, comme on pouvait s’y attendre de gens vivant une
existence précaire dans les profondeurs de la forêt. Peu d’entre eux avaient
des chaussures et personne n’avait de vêtements qui n’aient été rapiécés
maintes et maintes

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