Will
autour de nous :
« Écoutez-moi ! Will et Nóin ont déclaré vouloir se marier.
Donnons-leur des noces qu’ils n’oublieront pas de sitôt ! »
Si j’avais eu dans l’idée de dire quelques mots avant que le
prêtre conduise ma promise jusqu’à une petite tonnelle verdoyante comme
l’aurait fait mon père anglais, cette intention fut réduite à néant en moins de
temps qu’il n’en faut à un gars pour cracher et dire « Oui ! ».
Le peuple de la forêt s’est mis à l’ouvrage comme un seul homme. Je suppose que
le retour de l’équipe de sauvetage était la meilleure excuse qu’ils puissent
trouver en bien des mois pour célébrer quoi que ce soit, et les gens n’étaient
que trop désireux de s’y mettre au plus vite. Nóin et moi nous sommes
immédiatement retrouvés embarqués dans les préparatifs de cette célébration
impromptue.
On a préparé un feu pour la cuisine, on a prélevé des
perdrix et des cailles de leur piège, qu’on a aussitôt plumées et embrochées
avec une moitié de jeune cochon sauvage et six lapins, qu’on a mis à cuire avec
une vingtaine de pains d’orge. Les enfants ont été envoyés dans les bosquets
pour cueillir des framboises et des groseilles rouges, qui ont été mélangées
avec du miel pour confectionner une compote rouge foncé. On a ramassé des
asperges et des champignons sauvages, aussitôt coupés et bouillis dans un ragoût
avec de la bourrache et des herbes. Les dernières noix mises à sécher pendant
l’hiver ont été pilonnées dans un bouillon de lait et de miel, et beaucoup
d’autres mets encore, assez pour réjouir tous ces cœurs. Tout ce qui avait été
mis de côté en prévision de jours plus maigres encore a été apporté pour notre
festin de mariage – ça n’a rien fait pour améliorer mon immodestie, je
peux vous le dire.
Pendant que les hommes construisaient une tonnelle avec des
branches de bouleau pour notre nuit de noce, des femmes sont allées cueillir
des fleurs destinées à jalonner le sentier vers la tonnelle, ainsi qu’aux
vêtements de Nóin, et quelques jeunes filles l’ont aidée à s’habiller pour la
rendre plus désirable encore à mes yeux.
N’ayant plus grand-chose à faire, j’ai quant à moi entrepris
de passer un rasoir dans le fouillis coriace qui me tenait lieu de barbe. J’ai
réussi à me couper d’une façon si extravagante que notre bon frère m’a pris la
lame des mains, m’a fait asseoir et, tel le parfait barbier qu’il était, m’a
rasé d’aussi près qu’un nouveau-né. Puis il a entrepris de me peigner et de me
couper les cheveux, de sorte que j’avais presque l’air d’un noble une fois mes
vêtements brossés et mes chaussures lavées. Il m’a trouvé une nouvelle ceinture
ainsi qu’une cape d’un joli vert. « Et voilà le travail ! a-t-il
finalement déclaré, tel Dieu regardant Adam d’un œil critique. J’ai créé un
homme. »
Je l’ai chaleureusement remercié pour ses attentions, lui
confessant que mon seul regret était de n’avoir aucun anneau à donner à ma
fiancée. « Un anneau est une bien belle chose, pas vrai ? m’a-t-il
concédé. Mais ce n’est en aucune façon indispensable. Une pièce fera
l’affaire ; j’ai entendu dire qu’on demandait parfois à un forgeron d’en
trouer une pour en faire un anneau. Ce serait facile à réaliser. »
J’avais du mal à retenir d’éclater de joie. « Vous êtes
un prodige, mon frère, pas d’erreur. Je vais aller trouver une pièce. »
Et, laissant Tuck à ses propres préparatifs, je suis parti aussi sec.
Pour me rendre aussitôt chez Bran. « Mon seigneur, lui
ai-je dit, je ne crois pas vous avoir demandé de faveur depuis que je vous ai
juré fidélité. »
Bran en a convenu, incapable d’en trouver lui non plus.
« Alors, mon seigneur, ai-je poursuivi, je vais me
permettre de vous en demander une petite : une pièce à donner à ma jeune
mariée. » Je me suis empressé de lui expliquer que je n’avais aucun
anneau, mais que Tuck m’avait dit qu’une pièce ferait parfaitement l’affaire.
« Vraiment ? s’est étonné Bran. Laisse-moi m’en
occuper. » Bon, nous nous sommes bientôt retrouvés pris dans
d’innombrables petites activités. L’humeur était au beau fixe. Sans même que je
m’en rende compte, le soleil avait déjà entamé sa descente quand notre bon
frère a déclaré que tout était enfin prêt. Nous nous sommes rassemblés sous le
Chêne du
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