A l'écoute du temps
pas
pour éviter ses mains baladeuses, mais si je finis plus tard que neuf heures,
mon père va s'inquiéter et il va venir me chercher, ajouta-t-elle.
— Si t'étais plus
fine avec moi, tu le regretterais pas, suggéra Antoine Beaudry, le visage rouge
d'excitation, en contournant le comptoir derrière lequel elle avait trouvé
refuge.
Au moment où
l'homme allait poser la main sur la taille de la jeune fille, des coups répétés
à la vitrine le firent 51 sursauter. Beaudry tourna brusquement la tête et
aperçut Lise Paquette et son ami plantés devant la vitrine.
— Qu'est-ce
qu'elle veut encore, elle? s'écria-t-il de fort méchante humeur en retournant
vers la porte à pas précipités.
Il ouvrit la
porte du magasin.
— Qu'est-ce qu'il
y a? demanda-t-il sur un ton rogue.
— Je voulais
juste dire à Denise que nous l'attendons devant la porte.
— Ce sera pas
long, elle a presque fini, dit-il sèchement avant de lui refermer la porte au
nez.
Le gérant, dépité
parce que dérangé dans ses projets, revint à sa caisse enregistreuse en jetant
un regard hostile à son employée.
— Grouille-toi
qu'on en finisse, ordonna-t-il à Denise, l'air mauvais. J'ai pas envie de
passer la nuit dans le magasin à t'attendre.
Moins de cinq
minutes plus tard, la jeune vendeuse quitta l'endroit après avoir salué son
patron qui ne lui répondit que par un grognement. Elle rejoignit Lise et son
copain qui l'avaient attendue patiemment près de la porte, bien en vue du
gérant, sous leur grand parapluie noir.
— Fais-moi plus
jamais ce coup-là, Lise Paquette! s'exclama Denise en ouvrant son propre
parapluie. Laisse-moi plus jamais toute seule avec lui.
— Si ce vieux cochon-là
vous fatigue tant que ça, voulez-vous que je l'attende pour lui casser la
gueule? proposa Alain Roy, une jeune homme fier de sa musculature.
— Ce serait fin,
ça! s'écria son amie. Des plans pour nous faire perdre notre job. Laisse faire,
on est capables de se défendre toutes seules.
Tous les trois se
dirigèrent vers la salle de billard voisine pour boire une boisson gazeuse.
52 UN VENDREDI
SOIR Une heure plus tard, sa collègue et son ami acceptèrent de lui tenir
compagnie jusqu'à chez elle. La jeune fille avait été passablement secouée par
la scène qui s'était produite au magasin, mais elle n'en dit pas un mot à la
maison par crainte de la réaction de ses parents. Elle n'avait vraiment pas
envie de se chercher un autre emploi.
Chapitre 3 Un
commentaire désobligeant Le lendemain matin, un peu avant sept heures, Richard
Morin fut le premier réveillé. Il se glissa sur la pointe des pieds dans la
chambre de son frère aîné, prit ce qu'il avait déposé à la tête du lit du
dormeur et réintégra en douce sa chambre après être allé remettre cet objet
dans le sac suspendu derrière la porte de la cave. Il allait se remettre au lit
quand le gros réveille-matin de Jean-Louis se mit à sonner. Ce dernier remua à
peine malgré le bruit infernal de son Westclock.
— Aie! lève-toi!
lui cria Gilles de la chambre voisine en se soulevant sur un coude dans son
lit. Tu vas réveiller toute la maison avec ton maudit cadran.
— C'est vrai, ça!
renchérit hypocritement Richard qui venait de réintégrer son lit. Il va falloir
qu'il s'en achète un deuxième si ça continue, juste un, c'est pas assez. Il y a
jamais moyen de le réveiller le matin.
Soudain, le
visage de Gilles se crispa et prit un air de profond dégoût.
— Maudit! ça sent
ben mauvais ici dedans, se plaignit-il en se dépêchant de coller un bout de la
couverture contre son nez. Ça donne mal au coeur.
— En tout cas,
c'est pas moi, protesta Richard. Je me suis lavé les pieds hier soir avant de
me coucher.
55 Gilles ne
l'écoutait déjà plus. Il tourna le dos à son jeune frère, enfouit sa tête sous
son oreiller et se rendormit presque aussitôt. Pendant ce temps, Jean-Louis
avait fini par émerger suffisamment du sommeil pour éteindre à tâtons son
réveille-matin. Richard le guettait sournoisement. Il le vit demeurer étendu
sur le dos dans son lit, durant un long moment, sans bouger. Un mince sourire
illumina la figure de l'adolescent quand il s'aperçut que son frère aîné venait
de s'asseoir brusquement en reniflant. Lorsqu'il le vit se lever et se diriger
vers les persiennes pour les ouvrir, il décida de quitter son lit à son tour
pour
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