Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
l’hésitation, elle servit à nouveau Clotilde et se décida aux paroles franches, ou presque.
    — Ma bonne, parlons vrai plutôt que de tourner autour du pot. Vous ai-je jamais donné l’occasion de douter de moi ?
    — Certes pas, madame.
    — Eh bien, soyez assurée qu’il en est de même dans votre cas. On prétend la baronne valeureuse et fidèle à son mot, quoique dotée d’un caractère… disons impérieux.
    Clotilde la considéra un instant, puis parut se résoudre aux confidences.
    — Me donnez-vous votre parole, madame, que ce qui va se dire restera entre nous ? Je sais toute votre tendresse pour messire Jean, votre obéissance à ses désirs. Toutefois…
    — Toutefois, certaines divulgations tombent bien mieux dans nos oreilles que dans celles des hommes, plaisanta Annette. Vous avez ma parole, devant Dieu.
    Elle s’étonna elle-même de sa spontanéité. Elle ne révélerait à son époux que ce qui ne pourrait leur nuire, à elle, à Clotilde, voire à la baronne.
    — Certes. Impérieuse est adapté. Elle peut être féroce et impitoyable. Elle en a donné cent preuves. Cependant, nul ne l’a jamais prise en défaut de justice, de courage, et encore moins d’honneur. Elle doit protection à ses gens et ne se détournera pas de cette obligation. Je vous conjure de me croire. Je sens, j’entends, je flaire des choses… néfastes qui rampent vers elle. Au fond, je vous l’avoue, j’éprouve une sorte d’attachement pour elle, en dépit de ses emportements. Il me semble que des forces malveillantes sont à l’œuvre.
    — La… créature ?
    — Non… la façon dont « on » use de la créature.
    — Mais, et cette étrange Igraine… On la prétend magicienne ? interrogea Annette tout en songeant qu’elle tairait ce qui allait suivre à Jean le Sage.
    — Elle se dit mage, rectifia Clotilde.
    — Ne pourrait-elle… je ne sais… Aider à détruire cette… chose qui nous terrorise ?
    — Igraine possède des pouvoirs, c’est indéniable, moindres cependant que ce que pourrait laisser supposer son inquiétante allure. (Clotilde posa son gobelet sur la table et dévisagea son vis-à-vis, incertaine.) Devrais-je vous confier ce qui va suivre…
    — Vous avez ma parole. Maudite si je m’en dédis.
    — C’est Igraine qui m’a mise en garde, sans doute parce qu’elle sent l’espèce d’affection que j’éprouve pour mon seigneur. Elle qui, sachant que je connais tous les habitants du village ou presque, m’a demandé de glaner des informations ici ou là. Igraine pressent qu’une implacable tornade va s’abattre sur la baronne, balayant tous les autres sur son passage.
    Annette avala d’un trait le fond de son gobelet et leur servit une autre généreuse rasade avant de s’enquérir :
    — Ne peut-elle être plus précise ?
    — Je vous l’ai dit. Selon moi, elle est moins puissante qu’elle ne tente de le faire accroire. De plus…
    — De plus ? la pressa Annette.
    — De plus… M’est venue la sensation, peut-être erronée, qu’elle poursuivait un but personnel… Très confidentiel, sans lien avec la baronne ou la… créature. (La vieille servante esquissa un petit sourire contrit avant de poursuivre :) Maintenant que me voilà en confiance avec vous, où dois-je m’arrêter ?
    — Lorsque vous le jugerez souhaitable, Clotilde.
    — Il se trame quelque chose au château, j’en suis certaine. Je m’en suis ouverte à Igraine qui avait, elle aussi, perçu les déplaisants remugles d’un complot.
    — Un complot ! s’exclama Annette.
    — Le mot est sans doute fort, mais quelqu’un ourdit un vilain tour. J’en mettrais ma main à couper.
    — Dans l’entourage de la baronne ?
    — Je me méfie de cette dame Julienne, sa sœur d’alliance. Ses petites mines souffreteuses, ses geignardises ne me disent rien qui vaille. Se cachent derrière cela une rancœur et une jalousie qui pointent parfois le bout de leur nez. Elle est, par ailleurs, très sotte. N’avez-vous pas constaté une belle constance chez les nigauds ? Ils prennent toujours les autres pour plus benêts qu’eux.
    Annette émit un petit rire et approuva :
    — C’est juste. Pourquoi…
    — Parce qu’elle pense que je ne comprends rien à ses allusions et à ses phrases à double entente. Je ne la détrompe pas et adopte une mine obtuse en sa présence. Elle et cet Évrard Joliet vont bon train en la bibliothèque. Aussi jouvenceau qu’il paraisse, notre

Weitere Kostenlose Bücher