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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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voir et entendre tout ce qui se passait à l'assemblée. Il n'ignorait pas, en effet, que Philippe exigerait de lui le compte rendu de ce qu'il avait entendu de ses propres oreilles, et non les relations d'autres témoins.
    L'assemblée attendit quelques instants pour éviter que Macédoniens et Athéniens ne se croisent et n'en viennent aux mains. Puis elle fit entrer la délégation que conduisait Démosthène.
    Le grand orateur avait un aspect austère de philosophe, un corps maigre et sec, des yeux expressifs sous un front sans cesse plissé. On disait qu'il avait eu dans sa jeunesse des pro blèmes de prononciation et une voix faible. Voulant entre prendre une carrière d'orateur, il s'était, paraît-il, exercé à dÎclamer des vers d'Euripide sur les rochers battus par la mer déchaînée. On savait qu'il ne discourait jamais sans avoir recours à ses notes, car il avait des difficultés à improviser; perSonne ne fut donc étonné de le voir tirer une liasse de feuilles des plis de sa robe.
    Il se mit à les lire d'une voix très posée, parlant longuement, rappelant les diverses phases de l'avancée irrésistible de 1 4f. ALEXA~DRE LE GRAND | | ~ E FILS DU SONGE 147
    Philippe, de ses perpétuelles violations de pactes. Emporté par sa fougue, il se lança dans une plaidoirie soignée:
    a Ne voyez-vous pas, Thébains, que la guerre sacrée n'est qu'un prétexte, comme le fut la dernière guerre et celle qui la précéda ? Philippe exige votre neutralité car il entend diviser les forces de la Grèce libre et abattre, l'une après l'autre, les forteresses de la liberté. Si vous laissez les Athéniens l'affron ter seuls, ce sera ensuite votre tour, et vous serez contraints vous aussi, de vous rendre.
    " De même, si vous affrontez Philippe seuls et que vous êtes battus, Athènes ne parviendra pas à se sauver. S'il veut nous séparer, c'est bien parce qu'il sait que seules nos forces unies pourraient faire obstacle à
    son pouvoir immense.
    " Je sais bien que nous avons été opposés, dans le passé, par des différends et des guerres multiples; mais il s'agissait alors de conflits entre cités libres. Aujourd'hui, nous avons deux parties en présence: d'un côté, un tyran; de l'autre, des hommes libres. Vous ne pouvez pas hésiter, Thébains !
    " Afin de vous montrer notre bonne foi, nous vous céderons le commandement des troupes terrestres et ne garderons que celui de la flotte.
    En outre, nous nous chargerons des deux tiers des dépenses totales. "
    Un murmure courut dans les rangs de l'assemblée, et l'ora teur comprit que ses mots avaient fait mouche. Il se prépara à assener le coup de gr‚ce, tout en sachant qu'il risquait gros et qu'il serait peut-être désavoué par son propre gouvernement.
    " Depuis plus d'un demi-siècle, reprit-il, les villes de Platées et de Thespies, qui font partie de la Béotie, sont alliées à Athènes, et Athènes a toujours garanti leur indépendance. Nous sommes disposés, si vous acceptez notre proposition et vous unissez à nous dans la lutte contre le tyran, à les rame ner sous votre contrôle et à les persuader de se soumettre à votre autorité. "
    La fougue de Démosthène, son ton inspiré, le timbre de sa voix et la force de ses arguments avaient obtenu l'effet escompté. quand il se tut, haletant et le front ruisselant de sueur, nombre de représentants se levèrent pour l'applaudir, bientôt suivis par d'autres, et d'autres encore, jusqu'à ce que toute l'assemblée éclate en une longue ovation.
    Deux critères avaient joué: l'impétuosité de l'orateur athé nien et l'arrogance de l'envoyé de Philippe mêlée à des intimi dations et au chantage. Le président de l'assemblée fit ratifier les décisions et chargea le secrétaire d'informer l'ambassade de Macédoine-que la cité repoussait en bloc ses exigences aussi bien que ses offres, et qu'elle lui enjoignait de quitter le territoire béotien avant le lendemain, au coucher du soleil, si elle ne voulait pas être arrêtée et condamnée pour espionnage.
    Philippe s'emporta comme un taureau furieux lorsqu'on lui fit part de cette réponse: il n'imaginait pas que les Thébains seraient assez fous pour le défier, alors qu'il se trouvait presque aux portes de leur territoire.
    Mais il fut bien obligé d'accepter l'issue de la confrontation entre les deux ambassades.
    Une fois sa colère retombée, il s'assit en tirant son manteau sur ses genoux et remercia Eudème d'Oréos du bout des lèvres, lui

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