Alias Caracalla
vingtaine d’années, sans
attache en France, ignorant la véritable identité de Moulin et son
passé. C’était pour lui une sécurité pour le cas où nous serions
arrêtés. Enfin, et surtout, nous étions des soldats mobilisés à son
service vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ce n’était pas le cas
des résistants. Il a donc sélectionné, comme tout homme politique ou fonctionnaire d’autorité l’aurait sans doute fait, un jeune
homme qu’il pourrait former selon ses habitudes et sa volonté.
12 . Nombres et poèmes permettant de composer la grille de décodage.
13 . Le capitaine Henri Frenay.
14 . Emmanuel d’Astier de La Vigerie.
15 . J’ignorais qu’il s’agissait de Christian Pineau, dirigeant de la
CGT et fondateur du mouvement Libération-Nord.
16 . Les mouvements et leurs dirigeants possédaient tous des boîtes à lettres prêtées par des résistants de base et dispersées dans
toute la ville. Le travail des agents de liaison était de les relever.
17 . Jean Choquet.
18 . Henri Manhès.
19 . Une dactylo gagnait à l’époque environ 800 francs par mois.
20 . C’est à l’usage que je découvris la complexité de sa vie. Il avait
organisé deux existences parallèles, l’une officielle, sous sa véritable identité, l’autre clandestine, munie de faux papiers, dont il
changeait en diverses occasions. Si je connus cette dernière dans
l’exercice de mes fonctions, en revanche j’ignorais tout de la première. Ce n’est qu’après la guerre que j’en appris les détails par sa
sœur. Domicilié officiellement à Saint-Andiol, où il avait pris sa
retraite de préfet, il était inscrit à la mairie, où il obtenait ses cartes
d’alimentation. Il y faisait acte de présence au moins tous les
quinze jours, ainsi qu’à Montpellier, où habitaient sa mère et sa
sœur. À partir de l’automne de 1942, il se rendit quelquefois à Nice,
où, sous son véritable nom, il avait ouvert la galerie de tableaux
Romanin. Cette existence officielle n’était connue que d’une seule
personne, Jean Choquet, qui maintenait le contact avec la Résistance par mon intermédiaire. Ce fils d’un ancien collaborateur de
Moulin à la préfecture d’Amiens était son courrier personnel avec
le secrétariat. Il était le fusible entre ses deux vies. Choquet habitait
Avignon, où il gardait la bicyclette avec laquelle Moulin rejoignait
Saint-Andiol, à dix-huit kilomètres de là. Elle lui permettait d’effectuer le trajet à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, sans
attirer l’attention. Je rencontrais Choquet quotidiennement. Lorsque Moulin séjournait à Lyon, Choquet apportait des nouvelles de
sa famille ou de sa galerie. Inversement, lorsque Moulin était chez
lui, Choquet lui apportait le courrier préparé à Lyon. Avant tout,
Jean Moulin devait conserver un contact quotidien avec ses trois
officiers de liaison avec les mouvements envoyés par Londres :
Raymond Fassin, pour Combat, Hervé Monjaret, pour Franc-Tireur, et Paul Schmidt, pour Libération. Georges Bidault était,
avec eux, son plus proche collaborateur. C’était la première personne qu’il rencontrait lors de ses retours à Lyon, afin d’avoir une
revue de la presse collaborationniste de zone occupée et des renseignements sur les coulisses de Vichy et les écoutes de la radio
anglaise ou suisse. Bidault l’informait également de la vie interne
des trois mouvements de zone libre, en particulier Combat, où il
siégeait au comité directeur.
21 . Comité général d’études, premier organe central de la
Résistance, constitué par Jean Moulin en avril 1942. François
de Menthon y siégeait sous le pseudonyme de * Tertius.
22 . Comme je le compris beaucoup plus tard, il en va des idées
comme des hommes : la conscience de leur trahison rompt d’un
coup leur emprise. Quant au temps nécessaire pour s’en accommoder, c’est une tout autre histoire.
23 . Jean-Guy Bernard.
24 . Jacques Brunschwig-Bordier.
25 . Ces entretiens politiques qui éveillent aujourd’hui la curiosité
des historiens m’impatientaient au plus haut point.
26 . Il ne me l’expliqua jamais. Peut-être voulait-il simplement un
témoin à ces entretiens. Les relations de plus en plus conflictuelles
avec les chefs semblaient le justifier. N’est-ce pas cependant lui
prêter un souci de la postérité qu’aucun de nous n’avait dans le feu
de l’action ?
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