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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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maître – ne lui vaudrait pas l’amitié de ses compagnons.
    — C’est peut-être un coupe-jarret qui a été battu et laissé pour mort, et il nous tuera tous dans nos lits dès qu’il ira mieux, expliqua-t-il.
    — Il y a du vrai là-dedans, surenchérit un garçon d’écurie.
    Les servantes du couvent, qui s’étaient jusqu’ici tenues à l’écart du gros de la troupe, l’avaient néanmoins écouté avec grand intérêt.
    — Il n’a pas l’air d’un coupe-jarret, objecta l’une d’elles. Il a plutôt l’air d’un beau gentilhomme, et c’est lui qui a été victime de coupe-jarrets. Et je ne me fierais pas à votre charité !
    — On ne pouvait pas le laisser au bord du chemin, dit un palefrenier. Ç’aurait été mal de la part d’un évêque. Mais on aurait pu le déposer à la prochaine auberge, ils se seraient occupés de lui en attendant que ses amis viennent le chercher.
    — Oui, dit le marmiton qui s’était assis sur un gros rocher pour découper un morceau du pain destiné au dîner. C’est une surcharge de travail.
    — Tiens, donne-nous-en un peu, lui lança l’un de ses compagnons.
    — Il n’y en aura pas assez pour tout le monde. Va nous chercher une ou deux miches.
    Le cuisinier leur jeta un pain et envoya quelqu’un chercher à manger dans la charrette où s’entassaient les provisions.
    — Il n’y aura pas assez à manger avec toutes ces bouches supplémentaires à nourrir, annonça un garçon d’écurie qui était depuis peu au service de Son Excellence et s’inquiétait de son prochain repas.
    — Silence, dit une des servantes du couvent en se tournant vers les deux musiciens que tout le monde appréciait déjà.
    — Et pourquoi me tairais-je ?
    La discussion se poursuivit jusqu’à ce que chacun trouve un coin où s’asseoir et manger son morceau de pain, en attendant que quelqu’un d’autre décide de ce qu’il convenait de faire.
     
    Non loin des chariots, l’évêque et le capitaine de la garde menaient avec Isaac le même genre de discussion.
    — A-t-on décidé ce que l’on fera de lui ? demanda le capitaine.
    — C’est encore trop tôt, répondit Isaac. Je puis à peine dire dans quelle condition il se trouve.
    — Nous aurons de la place pour le coucher.
    — S’il peut supporter les cahots de la charrette, dit Berenguer.
    — Nous n’avons malheureusement pas emporté de litière, reprit le capitaine. Mais, en toute humanité, nous ne pouvons l’abandonner ici.
    — Le problème est de savoir si nous le laissons à la prochaine auberge, expliqua Isaac, ou chez les frères de Sant Pol. Je serai plus à même de juger de son état quand il se sera réveillé.
    — Nous sommes donc d’accord ? Nous l’emmenons avec nous et prendrons plus tard notre décision, trancha Berenguer. Nous ferions bien de repartir.
    Yusuf amena sa mule à Isaac et tint la tête de l’animal quand son maître l’enfourcha. Raquel monta sa propre mule et voulut en prendre les rênes, mais déjà Yusuf plaçait la douce créature derrière le chariot. Lentement, l’un après l’autre, chacun reprit sa place, et la colonne s’ébranla à nouveau sur la route.
    Ils étaient à peine partis qu’Isaac perçut le galop d’un cheval derrière eux.
    — Cette personne me semble bien pressée, murmura-t-il à l’adresse de sa fille.
    — Oui, papa.
    Elle se retourna pour voir de quoi il s’agissait.
    — Papa… c’est un grand louvet. Je ne crois pas en avoir vu de plus gigantesque. Et la pauvre bête n’a pas de cavalier.
    — Est-il sellé ?
    — Oui, papa. Les étriers et les rênes volent au vent. Il ralentit maintenant qu’il nous a rattrapés.
    Tout le monde regardait le cheval à présent. Quelques marcheurs tentèrent de saisir ses rênes quand il passa à côté d’eux, mais personne ne voulut s’approcher de ses sabots qui voletaient. Il arriva à la hauteur de la mule d’Isaac et se mit au pas.
    — Il n’est pas du tout louvet, dit Raquel. Il est couvert de boue séchée. Et il a l’air terrorisé.
    Yusuf s’empara des rênes pendantes et murmura quelque chose à la bête apeurée. Tant qu’il put le maintenir auprès de la mule du médecin, le grand cheval resta tranquille.
    Le capitaine et le sergent s’approchèrent pour mieux le voir.
    — C’est un bel animal, dit le capitaine.
    — J’ai l’impression qu’il y a non loin d’ici un cavalier qui recherche sa monture. Si tu le laisses partir, mon

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