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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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tournoyant d’un fourgon qui barrait la sortie au niveau de Clignancourt. Il décéléra et s’immobilisa devant un policier qui lui faisait de grands signes.
    — Circulez, hurla le flic pour se faire entendre dans le maelström des voitures qui fonçait vers la porte de la Chapelle.
    Marcas extirpa sa carte de son manteau et la brandit. Le policier se redressa et salua.
    — Tournez à gauche vers Saint-Ouen, passez sous le périph. C’est à quatre cents mètres sur l’avenue, vous tomberez dessus à un croisement, au second feu. Je vais prévenir mes collègues par radio.
    Marcas se faufila entre le camion et le parapet et descendit la bretelle d’accès. Il régnait une pagaille indescriptible. Des centaines de voitures s’entremêlaient dans toutes les directions. Des agents faisaient reculer les automobilistes vers les boulevards des Maréchaux pour désengorger l’artère. La foule des badauds était contenue derrière des barrières qui bloquaient le début de l’avenue Michelet. Marcas virevolta entre les agents et fila droit devant lui.
    Les échoppes des marchands étaient envahies de monde, deux types déguisés en marmotte distribuaient des prospectus. Personne ne se serait douté qu’un triple homicide venait de se dérouler non loin de là.
    En moins d’une minute il arriva devant la voiture banalisée encerclée par trois camions de la police municipale. Des centaines de passants parqués derrière des barrières regardaient, avides de spectacle, espérant voir un bout de cadavre. Il gara son scooter devant le café-restaurant, Au soleil de Loewenbruck, vidé de ses clients et occupé par des policiers en tenue ainsi que quatre hommes en civil.
    Au fur et à mesure qu’il s’approchait de l’épicentre du drame, une boule remonta dans sa gorge. C’est lui qui avait imposé à Ramirez de convoyer le Canadien. Une mesure de rétorsion après les propos déplacés que le stagiaire avait eus. Il aurait très bien pu passer l’éponge et le jeune douanier serait encore vivant. Il s’en voulait à mort.
    De nouveau, il montra sa carte à un policier en tenue pour franchir le cordon qui entourait la voiture accidentée. Deux hommes en blouse blanche relevaient les douilles, chacun avec une pince.
    Dans la foule, les cliquetis des appareils photo crépitaient. Des paparazzi excités par les cadavres et des badauds qui immortalisaient le crime pour leur album de famille. Juchée sur la barrière de sécurité, une blonde, un sac Tati sur l’épaule, mitraillait la scène du crime. Un gardien de la paix la fit dégager.
    La première chose qu’il vit fut une main à moitié en charpie qui pendait le long de la portière arrière, l’avant-bras recouvert d’une croûte de sang déjà séché. Il s’approcha et découvrit, l’estomac au bord des lèvres, le visage mutilé de Ramirez. Un gros trou sombre remplaçait une partie de la joue et de l’orbite. L’œil restant fixait Marcas, semblant lui adresser un reproche. Le corps du douanier était entièrement désarticulé. Marcas serra les mâchoires et passa aux passagers avant. Les deux collègues gisaient, tassés sur leurs sièges. Les tueurs ne leur avaient laissé aucune chance. Ironie cruelle, derrière la voiture, clignotait en arrière-plan l’enseigne d’une librairie, Paradis sur mesure, livres Werber.
    Antoine serra les poings. Un homme en costume sombre, avec une cravate à incrustations mauve sur fond noir, le bras ceint d’un brassard rouge, arriva à son niveau. Un vol de corbeaux passa au-dessus d’eux.
    — Saleté de bestioles, maugréa l’homme en jetant un regard mauvais vers les oiseaux noirs. Bonjour, commissaire Scalese de la Brigade de Répression du Banditisme en charge de l’affaire. On m’a dit que tu avais mené l’enquête sur le type qui s’est fait la malle. Tu as une idée de ce qui a pu se passer ?
    Marcas détacha son regard des cadavres. Il connaissait Scalese de réputation, un dur, un mercenaire, qui avait démantelé le gang Chattam-Thilliez, dit la « horde sanglante de Bagnolet ».
    — Je ne comprends pas. Le prisonnier achetait pour des tiers des œuvres volées. Un simple intermédiaire qu’on réexpédiait dans son pays. Rien qui justifie un tel massacre. On a des témoins ?
    Scalese scruta Marcas comme s’il le soupçonnait d’être un fieffé hypocrite.
    — Deux types interrogés par le capitaine Wietzel, répondit-il. Mais y a pas grand-chose à en attendre.

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