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Au temps du roi Edouard

Au temps du roi Edouard

Titel: Au temps du roi Edouard Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sackville-West
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du feu, attendant qu’il parlât, si belle dans son manteau, si parfaitement en harmonie avec le décor raffiné qui l’entourait. Sur ce point tout au moins, il se trompait aussi cruellement qu’Alice et Thérèse Spedding.
    — George a tout appris, dit-elle.
    Alors, elle se laissa tomber sur le divan et se mit à sangloter, cachant son visage dans ses mains. Pour une fois, elle oublia toute coquetterie ; son diadème s’en alla de travers, pitoyable et grotesque ; ses larmes coulaient sur le velours de sa cape. Qu’auraient dit Alice et Thérèse si elles avaient pu voir pareil spectacle ? Sébastien lui-même en fut épouvanté ; il ne croyait pas Sylvia capable d’un tel désespoir ; il lui avait si souvent reproché d’être superficielle !
    — Vous ne savez pas ce que c’est que l’amour, lui avait-il dit.
    C’était devenu une plaisanterie entre eux (plaisanterie à double tranchant) et il n’avait jamais remarqué comment elle le regardait lorsqu’il la taquinait. Elle n’avait jamais voulu qu’il sût à quel point elle l’aimait, de peur qu’il se sentît prisonnier. À présent, elle n’avait plus aucune raison de se cacher. Elle étendit la main et chercha sa tête ; il était agenouillé à côté d’elle ; elle appuya ce beau visage contre sa poitrine et continua de pleurer.
    Lorsqu’elle fut un peu calmée, ils parlèrent ; Sébastien se releva et se mit à marcher de long enlarge, car il ne pouvait supporter de regarder le visage lamentable de Sylvia.
    — Mais si vous avez vraiment tant de chagrin, lui dit-il, envoyez George au diable ! Laissez-le divorcer et venez avec moi ; nous voyagerons, nous nous enterrerons à Chevron ; nous ferons tout ce que vous voudrez. Maintenant que je vous connais, je ne douterai plus jamais de vous…
    Et il continuait de supplier, lui disant qu’aucune raison ne valait la peine de briser son amour. Elle continua de pleurer, même quand elle se moquait de lui :
    — Sébastien, mon chéri, qu’est-ce que vous dites ? Je suis une vieille femme !… Me proposez-vous de m’épouser ou voulez-vous que nous vivions en état de péché aux yeux de tous ? Ne comprenez-vous pas qu’un mariage entre nous serait absurde ? Je ne pourrais jamais braver le ridicule…
    — Alors, venez vivre avec moi…
    Mais elle secoua la tête.
    — Sébastien, vous êtes jeune, vous êtes fou, vous ne connaissez pas le monde, je ne pourrais pas affronter le scandale.
    — Voyons, Sylvia, dit-il, en essayant d’être raisonnable, je ne vous comprends plus. Vous prétendez que votre vie est brisée si nous nous séparons, et vous me dites que vous ne pourrez jamais affronter le scandale. Votre réputation a-t-elle plus de prix pour vous que moi ?… Je croyais que nous nous étions élevés au-dessus des considérations sociales. La vie n’est pas faite tout entière de réceptions… Puisque je me moque du monde, pourquoi n’en faites-vous pas autant ?
    — Je ne sais pas, Sébastien, dit-elle, au désespoir, je suis faite comme cela. Qu’arriverait-il si je vivais avec vous ? Tout le monde nous jetterait la pierre et je ne pourrais pas le supporter. Vous pouvez me mépriser. Vous avez beaucoup plus de courage que moi, et vous êtes plus indépendant. Regardez comme vous étiez en colère contre moi à propos des fiançailles de Margaret. Si je vous avais écouté, je lui aurais donné un chèque et je lui aurais dit de partir avec Adrien. Oh ! ciel ! gémit-elle, en fondant en larmes, ne me dites pas qu’elle aimait ce garçon autant que je vous aime…
    Il essaya encore de la convaincre, lui dit qu’elle se faisait la victime d’un ordre de choses qu’elle avait créé, elle et ses semblables.
    — Le point de vue moral n’existe pas pour vous, dit-il. S’il existait, je n’aurais pas le droit d’insister. Mais vous ne pensez pas à George, vous ne pensez qu’au monde. J’avoue que je ne parviens pas à vous comprendre, Sylvia. J’ai toujours su que nous étions différents. Puisque nous serions l’un à l’autre, que vous importerait le reste ?
    — Sébastien, vous parlez comme un enfant.
    — Et vous, vous parlez comme la plus cynique des femmes. Vous avez été élevée dans les principes de la vieille Octavia Hull : « On ne te prendra jamais en faute. »
    — C’est vrai, je le reconnais, et je n’en ai pas honte. Les gens comme nous ne doivent pas être pris en faute. Nous le devons…
    — Oh !

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