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Bombay, Maximum City

Titel: Bombay, Maximum City Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suketu Mehta
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du bâtiment donnent sur les feuillages qui ombragent les belles demeures de Malabar Hill. « Coule, froid ruisselet, vers la mer… » Le prof détaille le thème du poème. « Il faut parfois partir pour aller vivre ailleurs, laisser derrière soi les souvenirs d’école, les souvenirs d’enfance, et essayer de s’adapter à une autre école, à une autre vie. » Un poète dit au revoir à son pays natal, au pays qui l’a vu grandir.
    Mille soleils ruisselleront sur toi,
    Mille lunes te feront palpiter
    Mais jamais, plus jamais
    Je ne marcherai près de toi.
    Dehors, dans le couloir, je n’ose me retourner de peur qu’un gamin sorti en courant d’une de ces salles de classe pour se précipiter dans la cour de récré ne me bouscule et, levant les yeux vers moi pour s’excuser, ne se retrouve nez à nez avec lui-même.
LE MONDE DES ENFANTS
    Le dimanche, nous emmenons les enfants aux Jardins suspendus. J’aime bien voir mes rejetons se mêler aux banlieusards en visite. Ces employés en famille, ces grands-mères qui ont soigneusement préparé les paniers de pique-nique, ces gosses habillés à la mode occidentale made in India m’inspirent une confiance inébranlable. J’adhère complètement à ce que ces gens souhaitent pour leurs enfants : une maison, une bonne épouse, une vie un peu plus facile que la leur.
    Pour fêter l’anniversaire de Gautama, nous allons tous ensemble au temple Mahalakshmi {197} . Dans le passage attenant, une femme assise à côté d’une corbeille pleine de brins d’herbe liés en petites gerbes garde sa vache. Je lui donne cinq roupies, en échange de quoi elle donne une gerbe à Gautama qui la donne à manger à la vache, et ainsi les mérites se cumulent aux prodiges. Les éléphants, les chameaux, les paons, tous ces animaux que mes enfants ont découverts sur les images des livres du Nord se promènent en chair et en os dans les rues de l’Inde. Récemment, le meilleur ami de Gautama s’est fait mordre par un singe, sur la pelouse de son immeuble huppé de Ridge Road. Les petits citadins d’autres pays ont peu de chances de vivre pareille mésaventure.
    Tout en nous dirigeant vers le temple, nous avisons l’enseigne de Motilal Banarsidas, « éditeur d’ouvrages d’indologie ». Il a à Bénarès, Delhi et Madras, des succursales que je connais bien, une jolie moisson de ses titres garnit ma bibliothèque et nous décidons de faire une incursion dans cette antichambre du temple. Remarquant tout de suite la calotte d’anniversaire que porte Gautama, le libraire demande à son employé de lui rapporter une pleine poignée de chocolats. Nous passons là un bon moment à feuilleter les livres et à choisir les titres que nous allons acheter et reviendrons chercher sur le chemin du retour. Puis nous repartons vers le temple afin d’aller voir de nos yeux sous quelle forme se présente aujourd’hui la philosophie conservée entre ces pages.
    Une grande banderole déployée au-dessus des marches menant au lieu saint souhaite la bienvenue au chef du gouvernement du Maharashtra, Narayan Rane, un homme inculpé de meurtre au début de sa carrière et acquitté sur un point de procédure. Tandis que Sunita et Gautama prennent leur tour dans la file des femmes qui attendent de recevoir le darshan, je prends le mien dans la file des hommes. Arrivé devant l’idole, Gautama joint les mains et entame son petit discours à la déesse – « Merci de m’avoir offert un bel anniversaire… » – mais la foule des adoratrices les pousse par-derrière, sa mère et lui. Allez, allez, circulez, il faut faire de la place aux suivants. Ils viennent me retrouver devant la claire-voie au-delà de laquelle se déroule l’aarti. Le rituel ne nous est pas familier ; nous ne connaissons pas toutes les paroles des chants que les fidèles entonnent avec vigueur, soutenus par le vacarme des clochettes et des percussions. Nous nous tenons juste en dehors du cercle, aussi le prêtre ne s’approche-t-il pas de nous avec sa lampe à huile que les initiés coiffent un instant de leurs mains avant de les porter à leurs fronts pour s’attirer la bénédiction. Autrefois, je venais dans ce temple avec mes grands-parents ; ils ne sont plus là pour m’indiquer ce qu’il faut faire pour avoir droit à une noix de coco du prasad, où aller acheter les fleurs à déposer en offrande aux dieux. Alors nous repartons, ma femme et mon fils étrangers et moi, et dans le vestibule nous

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