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Bombay, Maximum City

Titel: Bombay, Maximum City Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suketu Mehta
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qualité, si nous en faisons une ville agréable à vivre elle attirera encore plus de monde. » Le raisonnement est facile à suivre : il y aura trop d’habitants et la situation se dégradera très vite. C’est le vieux dilemme du réseau routier : plus on l’agrandit, plus les automobilistes sont nombreux à l’emprunter et en un rien de temps il est saturé. « En Inde, poursuit Rahul, les plans d’urbanisme doivent prendre en compte le pays tout entier, l’ensemble des autres villes. » Sauf à restreindre l’accès à Bombay, comme le préconise le Shiv Sena, il est parfaitement futile d’essayer de rendre la métropole plus vivable. Les nuées de bhaiyyas qui prennent d’assaut l’express de Gorakhpur continueront à grossir, surtout s’ils peuvent espérer être logés par le gouvernement à la descente du train. Même si la ville aime à croire qu’il n’en est rien, son destin est inextricablement lié à celui de l’Inde.
    Rahul estime que la situation s’est détériorée pour de bon à la fin des années soixante. En 1964, une commission dirigée par l’architecte Charles Correa (le beau-père de Rahul) avait recommandé de créer New Bombay afin d’« aimanter » les activités de la ville et de lui servir de soupape de sécurité. L’emplacement retenu se trouvait de l’autre côté de la baie, à l’est de l’île. La planification était le maître mot de ce projet : le gouvernement aurait un droit de préemption sur l’ensemble des terrains et une capacité d’extension illimitée vers l’intérieur des terres.
    À la fin des années soixante, toutefois, l’État du Maharashtra revint sur son engagement de transférer à New Bombay ses services jusqu’alors regroupés à Nariman Point, le polder situé à l’extrémité sud de l’île. Les entreprises privées lui emboîtèrent le pas. « Ç’a été un coup fatal pour New Bombay. L’arrogance de l’argent et la complicité entre les politiciens et les promoteurs ont fait passer au second plan les besoins de la ville. » Rahul égrène les noms des cinq promoteurs qui, en concertation avec le gouvernement de V.P. Naïk, ont gâché les chances de Bombay : Maker, Raheja, Dalamal, Mittal, Tulsiani. Leurs patronymes sont immortalisés sur les façades des complexes de bureaux qu’ils ont construits à Nariman Point – un site destiné à devenir, selon le plan d’urbanisme d’origine, un pôle d’enseignement et une zone résidentielle.
    Si ces gens avaient respecté le plan d’urbanisme, les bureaux installés à Nariman Point seraient regroupés à New Bombay, et l’impulsion, le dynamisme ainsi créés auraient assuré le succès de la ville nouvelle. Cela aurait également permis de repenser les transports dans Bombay. La ville s’est développée selon un axe nord-sud : les habitants vivent dans le nord, et pour aller travailler dans le sud ils s’entassent dans des trains et des bus bondés au-delà du tolérable. La réorientation de ces trajets selon un axe est-ouest conditionne l’avenir de Bombay. Cette métropole est la plus grande zone urbaine indienne. Trente-deux pour cent de la population vit sur l’île, quarante-deux pour cent dans les banlieues Nord, dix-huit pour cent à New Bombay, mais l’île concentre soixante-douze pour cent des emplois et, du même coup, une part beaucoup trop importante du trafic ferroviaire et routier quotidien.
    Les promoteurs ont préféré Nariman Point à New Bombay pour un motif très simple : « Quand l’offre et la demande sont biaisées, les prix grimpent. Les cinq petits malins ont dû prendre le thé ensemble et concocter un plan d’échelle plus réduite pour tout accaparer. » Résultat, New Bombay n’est qu’une ville-dortoir, une création empreinte de mélancolie.
    Étalant le plan de Bombay sur la table, Rahul m’indique une autre solution. Il vient de concevoir un nouveau projet de développement de la rive Est de l’île, immense étendue de friches qui pour l’heure appartient au Consortium du Port de Bombay. Cette ouverture vers l’Orient prend le contre-pied des tendances actuelles qui privilégient l’extension vers l’ouest – « là où les couchers de soleil sont superbes et les vents dominants plus purs », convient l’architecte. Reste que l’aménagement de la rive Est permet déjà, « visuellement, de relier la ville à New Bombay : de Ballard Estate on voit New Bombay ». Malheureusement, les

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