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Bombay, Maximum City

Titel: Bombay, Maximum City Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suketu Mehta
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peste de 1896. Au milieu du XIX e siècle, l’alimentation en eau était encore assurée par les puits et les citernes, mais les ravages de l’épidémie entraînèrent leur fermeture. À l’heure actuelle, les services municipaux traitent et distribuent chaque jour quelque trois milliards et demi de litres d’eau, un volume qui ne couvre que soixante-dix pour cent de la demande. Les besoins non satisfaits concernent essentiellement les slums, dont les habitants n’ont donc d’autre choix que voler le précieux liquide en le prélevant dans les conduites qui traversent leur territoire pour l’acheminer vers les zones d’habitat que la mairie en juge dignes. Près du tiers de l’eau traitée par la ville est ainsi raflé par les pauvres. La pénurie d’eau provoque périodiquement des émeutes jusque dans les quartiers bourgeois comme Bhayander. Il y a peu, les résidents de cette banlieue tranquille, des femmes au foyer, des comptables, sont sortis dans la rue et ont brûlé des trains parce que les robinets étaient à sec. La police les a aspergés de gaz lacrymogène.
    Selon Rahul, le corps des architectes n’a pas su amener la population de Bombay à s’intéresser aux questions d’urbanisme en lui montrant combien les différents problèmes sont liés. Il trouve « complètement nulle » la J.J. School of Arts, principale école d’architecture de la ville, qui pas plus que ses concurrentes ne dispense de cours d’urbanisme. L’institut qu’il a lui-même fondé n’attire pas les jeunes. Dans ces conditions, comment compte-t-il sauver la ville du désastre ?
    Désarmante de simplicité, la solution qu’il préconise consiste à mieux exploiter la superficie existante. Pour désengorger une ville congestionnée, il faut soit l’agrandir en gagnant sur les environs, soit réfléchir à une utilisation plus rationnelle de l’espace. New Bombay illustre la première approche : ici, on a viabilisé des terres agricoles en y installant les équipements en eau, égouts, transports, indispensables pour créer de toutes pièces une extension urbaine. La seconde approche, trop négligée de l’avis de Rahul, privilégie l’aménagement de terrains viabilisés – les anciennes usines de Parel, par exemple, ou les zones autour des docks – pour les adapter à d’autres usages, plus conformes aux besoins actuels. On pourrait pallier les insuffisances criantes des infrastructures de la ville en aménageant les étendues immenses de ces friches industrielles afin d’y construire des écoles, des hôpitaux, des salles de spectacle, des espaces verts. Ce n’est pas l’espace qui manque, poursuit Rahul en citant encore les hectares déjà viabilisés qui appartiennent aux Chemins de fer et qui s’étendent sur des kilomètres de part et d’autres des voies. Les choses étant ce qu’elles sont, ces terrains sont de facto réutilisés à des fins d’habitation par l’avancée inexorable des slums – les baraques de bric et de broc de Sunil, par exemple.
    Dans cette ville, les notions de superflu et d’indispensable s’inversent. Pas une bicoque de Jogeshwari qui ne soit équipée de la télévision, à en juger par la forêt d’antennes qui déploient sur les toits de tôle leurs rameaux argentés. La classe moyenne nombreuse qui réside dans les slums est largement motorisée, avec des véhicules à deux, voire à quatre roues. Et même lorsqu’on vit dans un slum on mange relativement bien, à Bombay. Les vrais luxes, ici, ce sont l’eau courante, des toilettes propres, un parc de logements et un réseau de transports adaptés aux besoins humains. Le revenu ne change pas grand-chose à l’affaire. Les banlieusards ont tout le temps de s’énerver au volant pendant les deux heures, au bas mot, qu’il leur faut pour atteindre le centre – ou de suffoquer dans des compartiments de train bondés, même s’ils voyagent en première. Le luxe suprême a nom solitude. Aucune intimité n’est possible dans une ville qui connaît une telle densité de population. Faute d’avoir une chambre à soi, on ne dispose pas non plus d’un espace où s’isoler pour déféquer, écrire un poème ou aimer à loisir. Une ville où il fait bon vivre devrait au moins offrir ce minimum… Des parcs, avec des bancs sur lesquels les amoureux pourraient se bécoter sans risquer d’être piétinés par la foule.
    Les urbanistes du gouvernement défendent à l’heure actuelle l’idée d’une

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